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La guerre dans l'ouest : campagne de 1870-1871
| Chapitre 5 | 
Nouvelles entreprises de la cavalerie ennemie sur l'Eure et sur l'Epte
 
      
         Source : L. Rolin.
          
         
          
 
      	
	 Situation militaire sur la rive gauche de la Seine au commencement   d'octobre
 Situation militaire sur la rive gauche de la Seine au commencement   d'octobre
 
		
	  
		
	 Le général de Rheinbaben, qui
		 commandait la 5e division de cavalerie, et dont le
		 quartier général était toujours
		 à Saint-Nom, avait 
		 la même mission que le comte de Lippe,
		 le prince Albert (fils)
		 et les autres chefs des divisions de
		 cavalerie allemandes, c'était de coopérer au vaste système
		 de réquisitions organisé autour de la capitale pour
		 tenir constamment remplis les magasins de l'armée
		 d'investissement.
	
	
		Le général de Rheinbaben, qui
		 commandait la 5e division de cavalerie, et dont le
		 quartier général était toujours
		 à Saint-Nom, avait 
		 la même mission que le comte de Lippe,
		 le prince Albert (fils)
		 et les autres chefs des divisions de
		 cavalerie allemandes, c'était de coopérer au vaste système
		 de réquisitions organisé autour de la capitale pour
		 tenir constamment remplis les magasins de l'armée
		 d'investissement.
		 Pour faciliter ses entreprises, on
		 lui avait adjoint, à la date du 29 septembre,
		 les 1e et 3e bataillons du 2e régiment bavarois "Prince royal" 
		 et il avait aussitôt lancé un fort détachement sur la
		 ligne du chemin de fer du Havre.
		 Délogeant des 
		 Alluets  les éclaireurs de la Seine  et dispersant à 
		 Aigleville  les mobiles qui avaient tenté de s'opposer
		 à son passage, le général de Bredow  s'était avancé
		 
		
	 jusqu'à  Pacy  
	   et  Vernon , avait réquisitionné dans les
	   environs, et réuni sur la rivière de l'Eure de grandes
	   provisions de fourrage et de bétail, après quoi
	   il était retourné vers l'armée de siège, emmenant
	   son butin.
	
	
	   jusqu'à  Pacy  
	   et  Vernon , avait réquisitionné dans les
	   environs, et réuni sur la rivière de l'Eure de grandes
	   provisions de fourrage et de bétail, après quoi
	   il était retourné vers l'armée de siège, emmenant
	   son butin.
	   Sur la gauche de la 5e division de cavalerie  , la 6e   
	   (général-major duc  Guillaume de Mecklembourg-Schwerin) 
	   faisait des entreprises analogues sur la 
	   ligne du chemin de fer de  Chartres ; et nous avons
	   relaté l'expédition du colonel  d'Alvensleben  sur
	    Rambouillet , le combat
		d' Épernon , la surprise et
	   l'incendie d' Ablis . 
	   
	   Enfin, pour aller jusqu'à l'extrémité de cette
	   seconde ligne d'investissement, le  prince Albert (père) ,
	   qui opérait sur la gauche du duc  de Mecklembourg ,
	   à la tête de la 4e division de cavalerie , avait été dirigé
	   sur la Loire dès le 17 septembre, et s'était avancé 
	   de  Melun  sur le chemin de fer
	   de  Paris 
	   à  Artenay .
	   Le 5 octobre, il rencontra nos troupes 
	   à  Toury , et,
	   à la suite de l'échec qu'elles lui firent éprouver, il
	   fut forcé de battre en retraite
	   sur  Angerville , pour
	   remonter le lendemain 
	   vers  Étampes .
	   L'échec du  prince Albert 
	   à  Toury  amena la formation
	   du corps du général  de Tann , que la 6e division
	   de cavalerie  eut mission d'appuyer.
	   Le général  de	   Rheinbaben ,
	   de son côté, reçut l'ordre de se mettre 
	   en communication, à Houdan , avec le
	   duc  de 	   Mecklembourg , qui
	   occupait  Rambouillet ; par suite
	   de ce mouvement de concentration des divisions de
	   cavalerie allemandes sur leur gauche, le
	   département de l'Eure, un instant envahi, se trouva tout
	   à coup dégagé.
	   De notre côté, après la rencontre d' Aigleville , le
		
	 colonel Cassagne  avait évacué Évreux, et les patrouilles
		ennemies avaient pu s'avancer jusqu'aux 
		abords de cette ville, entièrement dégarnie de troupes.
	
	
		colonel Cassagne  avait évacué Évreux, et les patrouilles
		ennemies avaient pu s'avancer jusqu'aux 
		abords de cette ville, entièrement dégarnie de troupes.
		Les quelques bataillons de mobiles qui, dans les premiers
		jour du mois, occupaient Pacy-sur-Eure  et
		 Vernon , s'étaient repliés 
		 sur  Conches  et 
		 sur  Louviers .
		Les  éclaireurs de la Seine , depuis la rencontre des
		 Alluets , s'étaient établis aux environs 
		 de  Pont-de-l'Arche ,
		où ils se réorganisaient, de façon à pouvoir 
		reprendre leurs opérations dans la seconde 
		quinzaine d'octobre.
		Dès qu'il avait eu connaissance de cet abandon
		d'une partie du département de l'Eure, le général
		Gudin  avait fait passer sur la rive gauche de la Seine 
		un escadron du 12e chasseurs  
		(commandant Sautelet ),
		appuyé par quatre compagnies du 94e de ligne .
		Arrivé à  Gaillon  le 6 octobre, le
		commandant Sautelet 
		réoccupa  Vernon  le 8; aux troupes que nous venons
		de désigner, s'étaient joints 
		le 1e bataillon de la		garde mobile de l'Eure 
		et 
		les francs-tireurs de Louviers . 
		
		D'autre part, des secours ayant été demandés
		par le département de l'Eure au commandant de la
		subdivision militaire du Calvados, le général Law
		de Lauriston , celui-ci s'était empressé d'y envoyer le
		régiment des mobiles du Calvados  (lieutenant-colonel
		de Beaurepaire ). 
		
		Le colonel Cassagne  put donc faire
		réoccuper  Evreux  le 7 octobre, et pousser le lendemain
		les mobiles du Calvados 
		jusqu'à  Pacy-sur-Eure .
		Il avait déjà reçu comme renfort, à la date du 3 octobre,
		le 1e bataillon de la garde mobile de l'Ardèche , 
		qui allait être bientôt suivi des autres bataillons du
		même département, en sorte qu'à la date du 8 octobre,
		il avait des forces plus que suffisantes pour
		
		
	 couvrir Évreux.
	
	
		
		
		 couvrir Évreux. 
		 
		 De son côté, le général de Malherbe ,
		 commandant la subdivision de l'Orne, avait envoyé à
		  Dreux , le 6 octobre, le 2e bataillon de la garde mobile
		 de son département (commandant des Moutis ).
		 Ainsi, pour résumer la situation militaire sur la
		 rive gauche de la Seine au 8 octobre, il y avait, 
		du côté de l'ennemi, la 5e division de cavalerie  en
		observation sur la rivière de l'Eure, mais 
		principalement
		concentrée sur sa gauche, vers Houdan ; elle
		était forte de trente-six escadrons, avec deux
		bataillons bavarois, en tout environ six à sept
		mille hommes et douze canons.
		Nous avions à la même date,
		de Dreux
		à Pacy  
		et Vernon , un escadron de 
		chasseurs,
		quatre compagnies de marche de la ligne et 
		neuf bataillons de mobiles; total environ dix mille
		hommes, sans artillerie.
		C'était assurément un effectif 
		respectable; malheureusement les bataillons qui
		le formaient, au lieu de relever d'un commandement
		unique, restaient sous les ordres directs des chefs
		de quatre subdivisions territoriales, qui dépendaient 
		eux-mêmes, pour la plupart, des comités locaux, en
		sorte que ce petit corps d'observation ne devait pas
		tarder à se disloquer.
	
	 Rencontres de Garancières  (6 octobre) et de Condé-sur-Vègre (7 octobre)
 Rencontres de Garancières  (6 octobre) et de Condé-sur-Vègre (7 octobre)
 
	
		Le 6 octobre, les éclaireurs de la 11e brigade de 
		cavalerie  (général-major de Barby ), partirent de 
		Saint-Cyr ,
		et s'avancèrent le long de la ligne du chemin de
		fer de Surdon  
		jusqu'à Garancières ; dans cette 
		expédition, 
		un uhlan du 18e régiment  fut blessé par des
		francs-tireurs , près du hameau
		du Breuil , ce qui
		valut aux habitants le pillage et un surcroît de
		réquisitions. 
		
		Le lendemain, un hussard du 3e régiment
		"Zieten" , qui faisait partie d'une patrouille
		appartenant
		à la 6e division de cavalerie  et venue de 
		
	 de Rambouillet , reçut un coup de feu aux environs de
		Condé-sur-Vègre .
	
	
		de Rambouillet , reçut un coup de feu aux environs de
		Condé-sur-Vègre . 
		
		Les Prussiens revinrent deux jours après
		pour incendier le village, et tuèrent d'une balle un 
		habitant qui fuyait dans les bois.
		Ce fut le 8 octobre que le général de Rheinbaben ,
		pour appuyer le duc de Mecklembourg , vint s'établir
		à Houdan , avec le gros de ses forces.
	
	 Première  apparition des Prussiens à Dreux (8 octobre)
 Première  apparition des Prussiens à Dreux (8 octobre) 
 
		Le même jour,
		une vingtaine de hussards prussiens, appartenant au
		10e régiment de Magdebourg  et à la 13e brigade 
		de cavalerie (général-major de Redern ), se présentèrent
		à Chérisy , où ils firent des réquisitions, et
		poussèrent
		jusqu'à Dreux . 
		
		Arrivé aux portes de cette ville,
		le chef de la patrouille fit remettre au maire un billet
		réclamant des logements pour une colonne
		imaginaire 
		dans laquelle figuraient deux régiments d'infanterie.
		Le maire répondit aux hussards que la ville
		de Dreux  ne se rendrait pas à une poignée de
		fourrageurs,
		et que s'ils ne se retiraient pas au plus vite,
		les habitants allaient leur donner la chasse.
		L'officier 
		ennemi, tirant sa montre, persista plus que jamais
		à annoncer l'arrivée prochaine de la colonne qu'il 
		disait précéder : il jugea prudent toutefois de faire
		demi-tour, et se retira à fond de train sur
		Chérisy .
		Là, les hussards faisaient une halte pour
		prendre leur repas et laisser souffler leurs chevaux, 
		quand, vers deux heures de l'après-midi, ils furent
		surpris par des gardes nationaux de Dreux , qui,
		s'étant mis à leur poursuite, leur tuèrent un cheval 
		et leur firent un prisonnier.
		Comme on l'a vu plus haut, le 2e bataillon de la
		garde mobile de l'Orne  était arrivé
		à Dreux  quelques
			
	
		
	 jours auparavant; de là il s'était porté à 
	  Nogentle-Roi,
	  en observation sur Epernon, qui avait été
	  occupé par les Allemands à la suite du combat du 
	  4 octobre.
	
	
	  jours auparavant; de là il s'était porté à 
	  Nogentle-Roi,
	  en observation sur Epernon, qui avait été
	  occupé par les Allemands à la suite du combat du 
	  4 octobre.
	  Ayant appris l'apparition des hussards
	  prussiens à Dreux, le commandant des Moutis se
	  rendit dans cette dernière ville sans perdre de temps,
	  et, dans la nuit du 8 au 9, il prit ses dispositions
	  pour recevoir l'ennemi, s'il se présentait de nouveau.
	
	 Combat de Chérisy  (9 octobre)
 Combat de Chérisy  (9 octobre) 
 
	  Le 9 octobre, un détachement combiné, fort
	  d'environ deux compagnies, deux escadrons et deux 
	  pièces, revint en effet à Chérisy pour prendre les 
	  réquisitions que les hussards avaient levées la veille.
 
	  
	  Vers onze heures, les Allemands sont en vue: fidèles
	  à leur tactique, ils fouillent les bois de leurs obus,
	  et en couvrent le terrain dans toutes les directions,
	  afin de tenir les nôtres à distance.
 
	  Des gardes nationaux de Dreux et des volontaires des environs
	  s'étaient portés sur Chérisy dès le matin, afin de
	  maintenir l'ennemi de front et de le menacer sur sa
	  droite, tandis que les mobiles de l'Orne l'attaqueraient
	  sur son flanc gauche.
 
	  A une heure, ces
	  derniers, venus de Villemeux, 
	  entrent en ligne: à la
	  vue de ces compagnies qui débouchent des bois de 
	  Marsauceux, l'ennemi se retire précipitamment, sans
	  prendre le temps d'enlever ses réquisitions, et
	  laissant derrière lui quelques fantassins chargés de garder
	  le pont de Chérisy.
 
	  Attaqué vigoureusement, ce petit
	  poste est bientôt enlevé par les nôtres, et le reste
	  de l'infanterie bavaroise, forcé d'abandonner son 
	  butin et de passer sous le feu des éclaireurs de
	  Dreux, embusqués dans les
	  bois de Raville, est
	  promptement mis en déroute.
 
	  Dans cette affaire,
	  un ou deux des nôtres seulement furent blessés; les
	
	
		
	 fantassins bavarois du 2e régiment "Prince royal"
	essuyèrent des pertes sensibles: trois d'entre eux 
	furent tués, et une dizaine blessés ou faits prisonniers.
	
	
	
	fantassins bavarois du 2e régiment "Prince royal"
	essuyèrent des pertes sensibles: trois d'entre eux 
	furent tués, et une dizaine blessés ou faits prisonniers.
 
	
	 Incendies de Chérisy et de Septeuil  (10 octobre)
 Incendies de Chérisy et de Septeuil  (10 octobre) 
 
	En apprenant les résultats de la journée, le 
	sous-préfet de Dreux appela les gardes nationaux les plus 
	rapprochés de la ligne du chemin de fer, et demanda
	des renforts.
 
	A sa sollicitation, le 3e bataillon de
	la mobile de l'Orne (commandant Boudonnet) reçut 
	l'ordre de se porter sur Dreux, afin de coopérer avec
	le 2e bataillon à la défense de cette ville. 
 
	
	Le commandant des Moutis, prévoyant bien que,
	fidèle à ses habitudes de représailles, l'ennemi
	reviendrait en force pour venger son échec de la veille, 
	fit barricader, dans la matinée du 10 octobre, les 
	ponts de Chérisy et 
	de Mézières; le premier fut gardé 
	par les mobiles, le second par les gardes nationaux 
	du pays. 
 
	
	A droite, des éclaireurs de Dreux (capitaine 
	Troncy) occupèrent les bois qui s'étendent vers
	Marsauceux; à gauche, d'autres volontaires (capitaine 
	Laval) furent dirigés sur les
	bois de Raville.
 
	Une compagnie de mobiles avait été établie
	de grand'garde en avant de Chérisy; vers onze heures et demie,
	cette compagnie se repliait à la hâte sur la barricade,
	annonçant la présence d'une colonne ennemie qu'elle
	évaluait à deux mille hommes, infanterie, cavalerie
	et artillerie.
 
	Quelques instants après, le canon
	commençait à fouiller les bois; puis les uhlans
	hanovriens du 13e régiment parcouraient rapidement une
	ligne allant de Germainville au
	village de Mézières;
	arrivés aux abords de ce village, ils furent accueillis
	par la fusillade de nos tirailleurs, qui leur tuèrent
	
		
	 un homme, en mirent un autre hors de combat, 
	 et blessèrent cinq ou six chevaux.
	
	
	
	 un homme, en mirent un autre hors de combat, 
	 et blessèrent cinq ou six chevaux.
 
	 Derrière ces
	 cavaliers, les tirailleurs bavarois s'étaient déployés
	 à droite et à gauche des hauteurs de Chérisy, et, sous
	 la protection de leur artillerie, ils forcèrent les
	 nôtres à rallier leurs réserves. 
 
	 
	 Sur ces entrefaites, des 
	 détachements de la garde nationale de Laigle, suivis 
	 du 3e bataillon de la garde mobile de l'Orne, 
	 arrivèrent
	 comme renforts.
 
	 Ce dernier bataillon fut formé
	 en deux colonnes: l'une devait tourner l'ennemi sur
	 la droite, par la vallée de l'Eure et le village de
	 Mézières; l'autre, s'avancer par la gauche, en longeant
	 le chemin de fer, jusqu'à la ferme de la Mésangère;
	 mais la colonne de gauche se vit arrêtée au tunnel
	 du Petit-Chérisy, et celle de droite, en arrivant dans
	 le village de Mézières, essuya quelques coups de
	 canon, qui causèrent dans ses rangs une hésitation
	 bientôt changée en panique.
 
	 Le mouvement était
	 manqué; mais au centre, le commandant  des Moutis, 
	 avec les mobiles de son bataillon, armés de fusils
	 Chassepot, et avec les gardes nationaux de Dreux, 
	 se maintint dans ses positions et contint les efforts 
	 de l'ennemi, qui essaya plusieurs fois, mais
	 inutilement, de s'emparer du pont de Chérisy.
 
	 Pendant ce temps les fantassins bavarois, la torche
	 à la main, mettaient le feu à la ferme de la Mésangère
	 et à une soixantaine de maisons de Chérisy.
 
	 C'était un nouvel exemple de la guerre de terreur; le
	 général  de Bredow, car c'était lui, renouvelait les scènes
	 de  Mézières, par lesquelles il s'est acquis dans ces
	 malheureuses contrées une renommée impérissable. 
 
	 
	 Vers quatre heures, son œuvre de dévastation achevée
	 et sa vengeance assouvie, il reprit le chemin
	
	
	
		
	 de  Houdan, laissant derrière
	lui Chérisy en flammes.
	
	
	de  Houdan, laissant derrière
	lui Chérisy en flammes.
	Au même moment, les  éclaireurs de la brigade de 
	Redern, venus de  Maule, faisaient éprouver le même
	sort au village de  Septeuil.
	Là un hussard ivre, du 
	 10e régiment de Magdebourg, tirant à tort et à travers
	dans les rues, avait tué un habitant inoffensif.
	Quelques gardes nationaux exaspérés s'embusquèrent
	et firent expier ce meurtre aux hussards; mais ceux-ci,
	pour se venger à leur tour, mirent le feu à une 
	douzaine d'habitations et se livrèrent au pillage,
	sous les yeux de leurs chefs, qui, lorsqu'ils le 
	voulaient, savaient faire respecter la propriété et la vie 
	humaine.
	Après avoir occupé quelques instants les ruines de
	Chérisy, les nôtres s'étaient repliés sur Dreux dans
	la soirée, ayant perdu dans cette affaire deux tués
	et une douzaine de blessés.
	
	 Evacuation et réoccupation de Dreux  (11 octobre)
 Evacuation et réoccupation de Dreux  (11 octobre) 
 
	Le 3e bataillon de l'Orne
	s'étant en grande partie dispersé pendant l'action, le
	commandant des Moutis, sans artillerie, restait seul
	avec son 2e bataillon, fatigué par une lutte de deux
	jours et à court de munitions; il n'était pas en force
	pour défendre Dreux d'une manière efficace, dans le
	cas où l'ennemi chercherait à lui faire subir le sort
	qu'il venait d'infliger à Chérisy.
	La ville de Dreux, 
	située au fond d'une vallée et dominée de tous côtés 
	par des hauteurs, n'était pas défendable avec d'aussi
	faibles ressources; en conséquence, il se replia
	dans la nuit du 10 au 11 sur Vert en Drouais; là, il
	trouva un ordre du général de Malherbe, lui
	enjoignant de diriger son 2e bataillon sur Verneuil et
	le 3e sur Laigle.
	Tandis que ces événements se passaient à Chérisy 
	et à Dreux, le 
	colonel Cassagne s'était établi à Merey
	
	
		
	 avec le 3e bataillon de la mobile de l'Eure et une 
	partie du 2e; il avait dirigé sur sa gauche, à Pacy, le 
	ler bataillon de la garde mobile de l'Ardèche, et, sur
	sa droite, à Saint-Georges, Anet et Ivry-Ia-Bataille,
	le régiment de la garde mobile du Calvados.
	
	avec le 3e bataillon de la mobile de l'Eure et une 
	partie du 2e; il avait dirigé sur sa gauche, à Pacy, le 
	ler bataillon de la garde mobile de l'Ardèche, et, sur
	sa droite, à Saint-Georges, Anet et Ivry-Ia-Bataille,
	le régiment de la garde mobile du Calvados.
	Par une 
	marche de moins de deux lieues, qui les eût portés 
	sur la lisière de la forêt de Dreux, 
	les mobiles du	Calvados cantonnés 
	à Saint-Georges et
	à Anet auraient
	pu, en menaçant l'ennemi sur son flanc droit, empêcher 
	le désastre de Chérisy, dont ils restèrent les 
	spectateurs indignés mais immobiles. 
 
	
	Par suite du manque d'entente et d'unité dans
	le commandement, ce fut seulement dans la matinée
	du 11 que la ville de Dreux,
	évacuée pendant la nuit par les mobiles de l'Orne,
	fut occupée par ceux du Calvados. 
	
	Le même jour le colonel Cassagne, laissant
	à Pacy
	le bataillon de l'Ardèche, se porta au
	sud d'Evreux,
	sur Avrilly, pour aller,
	le 13, occuper Damville.
	A peine installé à Dreux 
	avec les mobiles du Calvados, le 
	colonel de
	Beaurepaire obtint du général commandant la 
	région de l'Ouest l'autorisation de rester dans
	le département d'Eure-et-Loir; puis il demanda
	des renforts de tous côtés: son régiment de mobiles,
	deux bataillons
	du Lot-et-Garonne, un
	bataillon
	de la Manche, une batterie d'artillerie, un peloton
	de gendarmes et plusieurs compagnies franches
	formèrent sous ses ordres un petit corps 
	s'élevant à plus de 6000 hommes. 
	
	
	
	 Situation militaire dans le  département de l'Eure
à	l'arrivée du général  de Kersalaun
 Situation militaire dans le  département de l'Eure
à	l'arrivée du général  de Kersalaun 
 
 
	
	Grâce à l'arrivée de ces renforts, on se serait
	trouvé en mesure de repousser les Allemands s'ils
	s'étaient présentés; mais, bien loin de renouveler
	ses attaques sur Chérisy, 
	le général de Rheinbaben avait
	évacué Houdan.
	A la suite du combat d'Artenay, il avait reçu 
	l'ordre de reprendre ses anciennes positions,
	
	   et il dirigea sur 
Mantes la 
13e brigade de cavalerie (général-major de Redern),
 qui prit possession de cette ville le 18 octobre.
 A cette dernière date, le général de brigade de 
 Kersalaun, du cadre de réserve, avait été mis à
 la tête de la subdivision de l'Eure, en remplacement
 du colonel du génie Rousseau, qui remplaçait 
 lui-même le colonel Cassagne, appelé au commandement 
 de la place de Douai. 
 
 L'escadron du 12e chasseurs 
 et les compagnies du 94e de ligne qui occupaient 
 Vernon avaient été rappelés le 15 octobre sur la 
 rive droite de la Seine mais, d'autre part, les 
 troupes de l'Eure s'étaient accrues de deux nouveaux
 bataillons de la garde mobile de l'Ardèche; en 
 outre, les Éclaireurs de la Seine s'étaient reformés
 en un régiment ayant un effectif d'un peu plus de
 700 hommes.
 Les forces totales dont le 
 général de Kersalaun, 
 arrivé le 20 à Évreux,
 disposait pour
 la défense de la ligne de l'Eure, étaient donc les 
 suivantes: le 41e régiment de la garde mobile de 
 l'Ardèche (lieutenant-colonel Thomas)
 le 39e régiment
 de l'Eure
 (lieutenant-colonel d'Arjuzon);
 le 6e bataillon de la Loire-Inférieure 
 (commandant Manet);
 le 1e régiment des éclaireurs de la Seine
 (colonel 
 Mocquard) et la
 1e compagnie des éclaireurs de 
 Normandie 
 (capitaine Trémant);
 en tout, près de
 8000 hommes sans cavalerie ni artillerie. 
 
 Ces forces, réunies sousle commandement du colonel 
 Mocquard, formèrent,
 de Vernon 
 à Ivryla-Bataille,
 le corps d'observation de la vallée de l'Eure, 
 appuyé sur sa droite à Dreux 
 par celui du colonel de Beaurepaire. 
 
 Le colonel Mocquard, qui avait pour mission de
 couvrir Evreux et de s'opposer aux incursions
 et aux
	
		
	 déprédations de l'ennemi,
 était allé s'établir le 19 octobre à Hécourt, sur la
 rive droite de l'Eure, avec quatre compagnies du 3e 
 bataillon de l'Ardèche (commandant de Montgolfier),
 les Éclaireurs de la Seine et ceux de Normandie.
	
	 déprédations de l'ennemi,
 était allé s'établir le 19 octobre à Hécourt, sur la
 rive droite de l'Eure, avec quatre compagnies du 3e 
 bataillon de l'Ardèche (commandant de Montgolfier),
 les Éclaireurs de la Seine et ceux de Normandie.
 
 
 Le 2e bataillon de l'Eure, sous les ordres du lieutenant-colonel
 d'Arjuzon, était campé dans
 la forêt de Pacy-sur-Eure;
 Ivry-IaBataille, Pacy, Vernon et Gaillon étaient occupés
 par les autres bataillons de l'Ardèche, de l'Eure et
 de la Loire-Inférieure.
 Dans la matinée du 20 
 octobre, une centaine de fourrageurs venus
 de Mantes
 se présentèrent à Villegats. 
 
 Au moment où on leur
 livrait les réquisitions qu'ils avaient exigées, 
 quelques Éclaireurs de la Seine pénétrèrent dans
 le village, et, après un échange de coups de feu
 dans lequel un des nôtres fut tué, les Prussiens,
 ignorant sans doute le petit nombre de leurs adversaires,
 prirent la fuite en abandonnant leur butin.
 Le lendemain, les mobiles de l'Ardèche et les
 Éclaireurs de la Seine, en poussant une reconnaissance
 sur Saint-Illiers-la-Ville, y rencontrèrent de nouveau
 les fourrageurs, leur tuèrent un homme, et en
 blessèrent un autre qui fut fait prisonnier. 
 
 Il était à supposer que l'ennemi chercherait à se
 venger: le colonel Mocquard reçut en effet à son 
 camp d'Hécourt des renseignements qui lui faisaient
 prévoir qu'il serait attaqué le lendemain par une
 partie de la garnison de Mantes. 
 
 Il donna des ordres en conséquence, fit explorer
 le terrain dans la matinée du 22 octobre par
 quelques éclaireurs montés sur des chevaux pris
 à l'ennemi et qui formaient toute sa cavalerie;
 à dix heures, il était prêt à opérer une forte 
 reconnaissance. 
 
 Il n'y avait alors à Hécourt que
 
 	
	 les troupes indiquées plus haut, formant
 ensemble un effectif d'environ 1200 hommes.
	
	
	 les troupes indiquées plus haut, formant
 ensemble un effectif d'environ 1200 hommes.
 Elles furent réparties en deux colonnes qui, dans leur marche,
 devaient décrire chacune un demi-cercle et se rejoindre à Lommoye,
 point situé entre Mantes et le
 bois d'Hécourt.
 
 
 
	
	 Combat de Villegats  (22 octobre)
 Combat de Villegats  (22 octobre) 
 
 
 
 Mais tandis que le colonel Mocquard
 prenait ces dispositions,
 les hussards de Magdebourg  
 entouraient Villegats 
 et Cravent,
 et le général de Redern, avec le 
 reste de sa cavalerie, 
 le 3e bataillon du régiment 
 bavarois "Prince royal" 
 et une batterie
 d'artillerie, prenait position entre les deux villages.
 Aussi, au moment où, vers onze heures du matin, les nôtres
 allaient se mettre en marche, ils se virent subitement et 
 vivement attaqués, surtout par l'artillerie, dont les obus,
 tombant sur notre tête de colonne qui débouchait des bois,
 y causèrent des pertes sensibles.
 
 Le colonel Mocquard fit 
 aussitôt déployer toute sa troupe en tirailleurs; lui-même,
 au centre, marchait sur Villegats; 
 sa droite formée par les
 éclaireurs du capitaine Trémant,
 s'avançait à couvert sur 
 Cravent, en suivant une vallée
 profonde qui passe par les
 hameaux des Vieilles-Maisons
 et des Carrières;
 à gauche, la
  garde mobile de l'Eure 
  quittait son campement de la forêt 
 de Pacy,
 occupait Chaufour 
 et en repoussait les éclaireurs
 qui s'y présentaient.
 A Villegats, le centre soutint avec 
 énergie les efforts de l'ennemi, donnant ainsi le temps à
 la droite, qui avait cheminé à couvert, d'entrer en ligne 
 à son tour lorsque les Allemands la virent déboucher, ils 
 cédèrent précipitamment le terrain; la cavalerie et l'artillerie
 s'enfuirent au galop, et l'infanterie bavaroise se sauva au 
 pas de course, abandonnant sabres et schakos.
 Les nôtres 
 les poursuivirent
		
	 avec un élan remarquable, jusqu'au moment où le
	colonel Mocquard , craignant d'exposer sa faible 
	troupe en l'engageant trop loin, fit sonner la retraite; 
	vers quatre heures il rentrait au camp d'Hécourt .
	
	
	avec un élan remarquable, jusqu'au moment où le
	colonel Mocquard , craignant d'exposer sa faible 
	troupe en l'engageant trop loin, fit sonner la retraite; 
	vers quatre heures il rentrait au camp d'Hécourt .
	C'était un vrai succès; c'eût été une victoire si la
	poursuite avait été continuée, car les artilleurs
	hanovriens , 
	en déroute complète, embourbèrent leurs
	pièces dans les terres détrempées de la plaine de
	Lommoye, à peu de distance du champ de bataille.
	Dans cette journée, qui fait le plus grand honneur à
	nos troupes, leurs pertes s'élevèrent à six hommes 
	tués ou atteints mortellement et une dizaine de blessés;
	parmi ces derniers se trouvait le commandant
	Guillaume ,
	des Eclaireurs de la Seine , qui eut le bras
	fracturé et subit le lendemain l'amputation avec le
	même courage dont il avait fait preuve sur le champ
	de bataille.
	L'ennemi, de son côté, avait essuyé la perte de
	dix hommes tués, parmi lesquels un officier du
	11e hussards , qui s'était toujours montré au premier
	rang pendant l'action et avait fait preuve d'une grande
	bravoure.
	C'était l'officier d'ordonnance du général
	de Redern , le second lieutenant
	de Kalckstein ; son
	nom, mal déchiffré par les Éclaireurs de la Seine,
	leur fit supposer qu'ils avaient tué le fils du général
	de Falkenstein , auquel ils attribuèrent bien
	gratuitement
	le grade de lieutenant-colonel d'artillerie.
	Le soir du combat de Villegats , le colonel 
	Mocquard ,
	trompé par de faux renseignements et 
	craignant
	un retour offensif de l'ennemi, leva son camp
	et le transporta dans la forêt de Pacy ; le lendemain,
	il alla s'établir derrière la rivière de l'Eure, sur les
		
	 hauteurs boisées de Bosc-Roger ; enfin le 30 octobre, 
	 les Allemands n'ayant manifesté aucune intention
	 agressive depuis leur échec du 22, il reprit son
	 campement
	 du bois d'Hécourt .
	
	
	
	 hauteurs boisées de Bosc-Roger ; enfin le 30 octobre, 
	 les Allemands n'ayant manifesté aucune intention
	 agressive depuis leur échec du 22, il reprit son
	 campement
	 du bois d'Hécourt . 
	 
	 A partir de cette date jusqu'au
	 19 novembre, les positions des troupes de
	 l'Eure ne subirent que de légères modifications 
	 et furent à peu près les suivantes:
	 Sur notre gauche, dans la forêt de Bizy, couvrant
	 Vernon,
	 le 1e bataillon de l'Ardèche  (commandant 
	 de Guibert ) et le
	 1e de l'Eure  (commandant 
	 Guillaume );
	 à Chaignes , le
	 2e bataillon de l'Eure  (commandant
	 Ferrus ); 
	 à Aigleville  et à
	 Pacy , le
	 3e bataillon 
	 de l'Ardèche  (commandant
	 de Montgoiner );
	 au camp d'Hécourt , les
	 Éclaireurs de la Seine 
	 (colonel Mocquard ), ceux de Normandie (capitaine
	 Trémant )
	 et le 6e bataillon de la Loire-Inférieure 
	 (commandant Manet );
	 à Saint-Chéron  et à
	 Merey , le
	 3e bataillon
	 de l'Eure  (commandant
	 Power );
	 à Garennes  et à
	 Ivry-la-Bataille,
	 le 2e bataillon de l'Ardèche
	 (commandant Bertrand ).
  
	 
		
	
	 Situation militaire sur la rive droite de la Seine à l'arrivée du général  Briand
 Situation militaire sur la rive droite de la Seine à l'arrivée du général  Briand  
 
	 Sur la rive droite de la Seine, le 
	 général Briand  ,
	 ancien colonel du 2e spahis, avait été récemment
	 nommé au grade de général de brigade et au
	 commandement
	 de la 2e division militaire; il ne changea
	 rien aux dispositions prises par le 
	 général Gudin   pour
	 la défense de la Seine-Inférieure, et maintint sur la
	 ligne de l'Andelle 
	 les troupes qui s'y trouvaient
	 établies;
	 groupées autour des deux régiments de cavalerie 
	 qui occupaient Fleury   
	 et Forges  , elles formaient
	 deux petits corps chargés de 
	 couvrir Rouen  , l'un sur
	 la route de Gisors  , et l'autre sur celle 
	 de Beauvais  , 
	 le premier opposé au prince Albert   et le second au
	 comte de Lippe  .
	 
	 
	 	
	 Le corps de Fleury-sur-Andelle, qu'on appelait
	quelquefois
	improprement le camp de Grainville, était 
	sous les ordres du lieutenant-colonel Laigneau, qui
	commandait le 12e régiment de chasseurs en l'absence
	du colonel de Tucé, mis à la tête de la subdivision 
	militaire de la Seine-Inférieure.
	
	  
	
	
	Le corps de Fleury-sur-Andelle, qu'on appelait
	quelquefois
	improprement le camp de Grainville, était 
	sous les ordres du lieutenant-colonel Laigneau, qui
	commandait le 12e régiment de chasseurs en l'absence
	du colonel de Tucé, mis à la tête de la subdivision 
	militaire de la Seine-Inférieure. 
	
	Ce corps se composait
	des troupes suivantes, ainsi réparties:
	à Fleury,
	le 12e régiment de chasseurs (lieutenant-colonel
	Laigneau); 
	à Pont-de-l'Arche et à Pont-Saint-Pierre, les
	le et 2e bataillons de la mobile des Landes
	(commandants Beaume 
	et Esplendes);
 
	à Grainville,
	le 1e bataillon de la Loire-Inférieure
	(commandant Ginoux);
	à Charleval,
	le 2e bataillon des Hautes-Pyrénées
	(commandant Debloux); 
	à Ménesqueville, 
	le 2e	bataillon de marche des 41e et 94e de ligne
	(commandant Rousset); 
	en avant de cette ligne,
	à Cressenville,
	le 2e bataillon de la Seine-Inférieure
	(lieutenant-colonel Welter), détachant trois
	compagnies à Mesnil-Verclives (commandant Rolin).
	Le corps qui occupait la vallée supérieure de 
	l'Andelle et le pays 
	de Bray, sous les ordres du colonel
	d'Espeuilles, comprenait les troupes suivantes, ainsi
	réparties: 
	à Argueil et
	à Forges,
	le 3e régiment de
	hussards
	(colonel d'Espeuilles);
	à la Feuillie, 
	les  1e	 et 8e bataillons de la mobile du Pas-de-Calais 
	 (commandants de Livois et Darceau);
	 à Argueil, 
	 le 1e	 bataillon des Hautes-Pyrénées 
	 (commandant Laffaille) et le
	 4e de l'Oise
	 (commandant Héricart de Thury); 
	 à 
	 Forges et à Gaillefontaine,
	 le 1e bataillon de l'Oise
	 (commandant Cadet), que viendra plus tard appuyer
	 le 5e bataillon de marche des 19e et 62e de ligne
	 (commandant Barreau).
	 Chacun de ces petits corps avait reçu le 20 octobre
	
	 une section de canons de 12 rayés de la 2e
	 batterie du 10e régiment d'artillerie
	 (capitaine Lenhardt). 
	 
	 En avant de cette ligne se mouvaient divers corps
	 francs qu'un décret du 29 septembre avait mis à la 
	 disposition du ministre de la guerre, mais dont il
	 n'est pas facile de fixer exactement les positions, par
	 ce motif que la plupart d'entre eux continuaient d'agir 
	 à leur guise et n'étaient rattachés que nominalement 
	 aux divers détachements qu'ils étaient censés couvrir.
	 Voici, par ordre alphabétique, la nomenclature d
	 e ces divers corps, qui étaient plus particulièrement
	 groupés aux abords de la forêt de Lyons, 
	 à Cressenville, 
	 Gaillarbois, Touffreville, Verclives, Nojeon-le-Sec,
	 Puchay, Morgny et Lyons-la-Forêt.
	 Compagnie de marche de Dieppe 
	 (capitaine Angot);
	 compagnie d'Éclaireurs de la garde nationale d'Elbeuf
	 (capitaine Julien);
	 compagnie d'Éclaireurs rouennais
	 (capitaine Desseaux);
	 compagnie de francs-tireurs des Andelys
	 (capitaine Desestre);
	 section de Bolbec (lieutenant Pimont);
	 section de Cherbourg (lieutenant Bitouzé);
	 compagnie de Louviers (capitaine Garnier);
	 demi-bataillon du Nord (commandant Rondot);
	 section de l'Orne (commandant de Beautot);
	 compagnie des fusiliers-marins de Dieppe (capitaine Godard);
	 guérilla rouennaise (capitaine Buhot);
	 tirailleurs havrais de la 1e compagnie (capitaine Jacquot),
	 de la 2e (lieutenant Bellanger) et de la 3e 
	 (capitaine Moquet), auxquels 
	 viendront se joindre plus tard la 4e compagnie
	 (capitaine Roux) et celle des Vengeurs
	 (capitaine Deschamps).
	 A ces divers corps francs étaient
	 attachés quelques cavaliers irréguliers,
	 entre autres des guides à cheval de la Seine-Inférieure,
	 commandés par le duc de Chartres, qui, caché sous le nom de
	
	
		
	 Robert Lefort, payait obscurément sa dette à sa patrie.
	
	
	 Robert Lefort, payait obscurément sa dette à sa patrie.
	 La réunion de ces diverses troupes, auxquelles on 
	 a donné le nom d'armée de l'Andelle, comprenait 
	 donc en somme, à la date du 22 octobre : deux
	 régiments de cavalerie comptant chacun moins de 300
	 chevaux; douze bataillons de marche de la ligne et
	 de mobiles ayant un effectif moyen d'environ mille
	 combattants et une quinzaine de corps francs de la
	 valeur moyenne d'une compagnie; au total, un peu
	 plus de 14000 hommes avec six canons.
	 Les détachements du prince Albert et du comte de
	 Lippe, auxquels ces troupes étaient opposées, avaient 
	 à la même date une force totale de six bataillons,
	 vingt-quatre escadrons et cinq batteries, soit 8 à
	 9000 hommes et trente canons. 
	 
	 Sans doute avec nos 14000 hommes de l'armée 
	 de l'Andelle, bien que la plupart mal armés, mal
	 équipés et sans grande cohésion, on eût pu, malgré
	 la faiblesse de notre artillerie, déloger les Prussiens
	 et les Saxons de Gisors et 
	 de Beauvais; ce résultat
	 eût été obtenu bien plus facilement encore, si l'armée
	 d'Amiens avait bousculé le comte de Lippe tandis
	 que celle de Rouen aurait culbuté le prince Albert. 
	 Mais, pour cela, il eût fallu chez nous une entente
	 qui, malheureusement, n'existait nulle part, ainsi
	 qu'on l'a vu au commencement de ce chapitre en
	 suivant les événements de la rive gauche de la Seine. 
	 Sur la rive droite, l'armée d'Amiens, en train de se
	 constituer sous le général Farre, reste forcément dans 
	 l'inaction. 
	 Le général Briand, arrivé depuis peu de
	 temps et qui dans quelques jours quittera son
	 commandement, ne voulut pas s'attaquer seul à des
	 
	 
		
	 troupes aguerries et à même de recevoir des
	 renforts: il se tint strictement sur la défensive dans les
	 positions choisies par son prédécesseur.
	
	
	
	 troupes aguerries et à même de recevoir des
	 renforts: il se tint strictement sur la défensive dans les
	 positions choisies par son prédécesseur. 
	 Quelques corps francs, las de cette inaction, vont 
	 opérer isolément dans la zone qui sépare les deux
	 armées; ils vont harceler et fatiguer les patrouilles
	 ennemies en leur faisant la guerre de surprises, et 
	 ces opérations, sans grands effets meurtriers et sans
	 aucun résultat au point de vue militaire, attireront 
	 sur nos campagnes les plus terribles représailles. 
	 Les lieux choisis de préférence par les francs-tireurs
	 de la vallée de l'Andelle pour dresser leurs embuscades
	 étaient les environs d'Etrépagny et les abords des
	 bois de Doudeauville et
	 de la Héronniére; c'est là
	 qu'ils attendaient d'ordinaire les uhlans de la garde,
	 ces hardis cavaliers qui, partant de Gisors,
	 sillonnaient les environs pour faire leur service
	 d'éclaireurs, achever de désarmer les communes, et surtout,
	 pour réquisitionner des fourrages et du bétail. 
	 Le 19 octobre, vers midi, un détachement de
	 tirailleurs havrais se rendit 
	 à Étrépagny dans le but
	 d'empêcher l'ennemi d'enlever des réquisitions qu'il
	 y avait imposées la veille.
	 Embusqués en avant de la 
	 ville, près du cimetière, derrière des meules de blé,
	 les francs-tireurs saluèrent par une fusillade hors
	 de portée les premiers uhlans qui se présentèrent.
	 Comme il était tard et que les fourrageurs n'étaient
	 pas nombreux, ils ne poussèrent pas plus loin ce
	 jour-là;
	 mais ils ne devaient pas tarder à revenir en force, 
	 car le prince Albert, croyant le bourg sérieusement
	 occupé par nous, décida pour le lendemain une
	 expédition à laquelle il fit concourir les garnisons de
	 Gisors et
	 de Magny.
	 
		
	 La colonne principale, partant de Gisors, devait
	s'avancer par la route de Paris; la colonne auxiliaire
	venant de Magny devait suivre le chemin des 
	Thilliers à Etrépagny, de manière à aborder de deux côtés
	à la fois cette dernière position.
	
	
		
	La colonne principale, partant de Gisors, devait
	s'avancer par la route de Paris; la colonne auxiliaire
	venant de Magny devait suivre le chemin des 
	Thilliers à Etrépagny, de manière à aborder de deux côtés
	à la fois cette dernière position.
	Étrépagny n'avait
	alors aucun moyen de défense; les tirailleurs havrais
	avaient regagné leur campement dans la soirée du 19.
	
	
		
	
	 Bombardement de la Broche (20 octobre), de Vernon (22 octobre), de Longchamps   (24 octobre)
 Bombardement de la Broche (20 octobre), de Vernon (22 octobre), de Longchamps   (24 octobre)    
 
	
	
	Une centaine de francs-tireurs de Louviers
	(capitaine Garnier) arrivés à la fin de cette
	escarmouche, s'installèrent dans le parc du château de
	M. de Corny, situé dans les bois de  la Broche,
	position qui commande la route de Gisors.
	Le lendemain, vers huit heures du matin, les trois uhlans
	légendaires étaient signalés dans la direction de
	Bézu-Saint-Eloi.
	Un franc-tireur, ne pouvant résister 
	au désir d'essayer la portée de sa carabine,
	leur envoya, à près d'un kilomètre, un coup de feu qui 
	n'eut d'autre résultat que de faire connaître à
	l'ennemi le lieu précis occupé par les nôtres; 
	quelques heures plus tard, le château et le parc de la Broche
	étaient complétement cernés par les uhlans, qui
	avaient prévenu la colonne de Gisors et avaient reçu
	comme renfort un piquet d'infanterie montée et une
	section d'artillerie.
	Pour essayer de se reconnaître,
	le chef des francs-tireurs examinait la position du 
	haut d'un petit pavillon de garde, quand il se trouva
	brusquement séparé de sa troupe qui s'était jetée
	dans les bois.
	Resté avec deux domestiques, dans un 
	grenier dont le canon défonçait la toiture, le
	capitaine Garnier eut à soutenir un véritable siège.
	Sommé de se rendre, il répondit par une décharge
	de son revolver et par les appels de sa trompe, au
	son de laquelle il essayait de rallier ses hommes et
	
	
		
	 qui ne trouvait d'écho que dans les hurrahs
	 prussiens : traqué comme une bête fauve, il
	 n'échappa
	 que par miracle aux balles, aux obus et à l'incendie;
	 il en fut quitte pour une blessure légère, et après avoir
	 renversé un uhlan qui tentait de lui barrer le passage,
	 il put gagner le taillis, rejoindre quelques-uns des
	 siens et, plus tard, le gros de sa troupe qui avait été
	 recueilli dans les bois de Frileuse par les 
	 francs-tireurs des Andelys 
	 (capitaine Desestre).
	
	
	
	 qui ne trouvait d'écho que dans les hurrahs
	 prussiens : traqué comme une bête fauve, il
	 n'échappa
	 que par miracle aux balles, aux obus et à l'incendie;
	 il en fut quitte pour une blessure légère, et après avoir
	 renversé un uhlan qui tentait de lui barrer le passage,
	 il put gagner le taillis, rejoindre quelques-uns des
	 siens et, plus tard, le gros de sa troupe qui avait été
	 recueilli dans les bois de Frileuse par les 
	 francs-tireurs des Andelys 
	 (capitaine Desestre).
	 Quant aux 
	 Prussiens, furieux de s'être laissé arrêter par trois
	 hommes dont deux sans armes, ils dévalisèrent et
	 brûlèrent le château de la Broche; après quoi ils se 
	 rendirent à Étrépagny, pillèrent quelques boutiques,
	 et imposèrent à la ville une contribution de quatre
	 mille francs pour la punir d'avoir donné asile à des
	 francs-tireurs.
	 
	 
	 Deux jours plus tard, le 22 octobre, au moment
	 où, sur la rive gauche de la Seine, les Allemands 
	 étaient repoussés de Villegats par le colonel
	 Mocquard, 
	 le prince Albert, pour se mettre en
	 communication avec le général de Redern et l'appuyer au 
	 besoin par cette démonstration, avait dirigé sur
	 Vernon un détachement de toutes armes formé par les 
	 uhlans du 1e régiment de la garde, un piquet
	 d'infanterie montée et une section d'artillerie.
	 Arrivé à
	 Vernonnet, ce détachement se vit arrêté par la Seine,
	 le génie français ayant fait sauter le pont dans la
	 soirée du 14 octobre.
	 De la rive droite l'ennemi
	 héla les bateaux amarrés à l'autre bord et demanda
	 le maire de Vernon: un coup de carabine tiré par
	 un gendarme fut la seule réponse qu'il obtint.
	 Ce fut aussi le signal d'un bombardement: deux pièces
	 braquées sur la route des Andelys en face de la 
	 
	
		
	 caserne et du parc des équipages, lancèrent sur la ville 
	une cinquantaine d'obus qui n'y causèrent
	heureusement
	que des dommages matériels.
	
	caserne et du parc des équipages, lancèrent sur la ville 
	une cinquantaine d'obus qui n'y causèrent
	heureusement
	que des dommages matériels. 
	
	Vers deux heures, 
	la colonne ennemie fit demi-tour, sans avoir pris le
	repas que les habitants de Vernonnet avaient été 
	requis de lui préparer.
	
	C'est que, pendant le bombardement, 
	on avait battu le rappel et sonné le tocsin 
	dans les communes voisines. 
	
	Les Prussiens
	craignaient que leur retraite ne fût inquiétée; et en effet 
	ils ne purent l'effectuer sans encombre.
	Un braconnier
	émérite, des environs de Panilleuse, 
	s'embusqua 
	dans la forêt de Vernon, à un coude que fait
	la route entre la fontaine de Tilly et le castel de
	Saulseuse,et il attendit là le retour de l'ennemi.
 
	
	Après avoir 
	laissé passer l'avant-garde, il ajusta le cavalier qu'il 
	prit pour le chef de l'expédition, et d'un coup de fusil 
	tiré avec adresse, il lui fit mordre la poussière; puis 
	il prit la fuite, poursuivi par une vive fusillade. 
	
	Les fantassins mirent pied à terre pour fouiller le bois,
	tandis que les uhlans le cernaient, et ils ne tardèrent
	pas à rencontrer trois ou quatre autres paysans armés,
	qui tous firent le coup de feu avec non moins de 
	succès que leur compagnon; chacun d'eux tua ou
	blessa son homme, après quoi tous s'enfuirent, sauf
	un seul qui fut pris et paya pour les autres.
	Ces braconniers avaient admirablement choisi cet endroit
	pour attendre l'ennemi: tant il est vrai que la chasse
	est l'école primaire de la guerre!
	En dressant
	leur embuscade loin des cantonnements prussiens et dans
	une forêt où il était difficile d'exercer des représailles,
	ils avaient donné à certains chefs de corps francs
	une leçon qui ne fut malheureusement pas suivie,
	comme on va le voir.
	
		
	 Dans la matinée du 24 octobre, quelques 
	 francs-tireurs
	 partis de Morgny allèrent s'embusquer aux
	 abords du village de Longchamps, tirèrent sur une
	 patrouille ennemie qui débouchait d'Heudicourt, et 
	 démontèrent un cavalier.
	
	
	 Dans la matinée du 24 octobre, quelques 
	 francs-tireurs
	 partis de Morgny allèrent s'embusquer aux
	 abords du village de Longchamps, tirèrent sur une
	 patrouille ennemie qui débouchait d'Heudicourt, et 
	 démontèrent un cavalier.
	 Les uhlans eurent plus de 
	 peur que de mal, mais ils résolurent néanmoins de
	 tirer vengeance de cette surprise, et le lendemain,
	 ayant à leur tête le major baron de Korff, ils 
	 revinrent
	 en force avec du canon. 
	 
	 Les nôtres, de leur côté,
	 prirent leurs dispositions, et le 24 au matin, deux
	 compagnies des francs-tireurs du Nord (commandant 
	 Rondot), auxquelles se joignirent 
	 des tirailleurs  havrais de la 3e compagnie 
	 (capitaine Moquet),
	 occupèrent
	 Longchamps et les environs, le hameau de
	 Bifauvel,
	 la ferme d'Entre-deux-Bocs et le bois Lesueur,
	 se plaçant ainsi à cheval sur la route de Gisors 
	 à Lyons-Ia-Forêt. 
	 
	 Vers onze heures et demie, la
	 fusillade
	 annonça la présence des Prussiens; ils mirent
	 aussitôt deux pièces en batterie en avant
	 d'Heudicourt,
	 sur la route de Gisors, et commencèrent une 
	 canonnade, heureusement mal dirigée et hors de portée,
	 dont personne n'eut à souffrir; puis leur infanterie
	 entra en ligne à son tour; les francs-tireurs
	 essayèrent
	 quelque temps de la tenir en échec, mais ils
	 durent abandonner les bois où ils s'étaient
	 embusqués, 
	 pour se replier sur Morgny, après avoir eu un
	 homme tué et deux blessés.
	 Cette rencontre coûta
	 en outre la vie à deux habitants inoffensifs, dont l'un
	 gardait des vaches et l'autre gaulait des pommes;
	 elle eut les honneurs d'un ordre du jour du général
	 Bourbaki et d'un bulletin 
	 de Tours, bien qu'elle n'eût
	 causé aucune perte aux Prussiens, qui, vers deux
	 heures, reprirent le chemin de Gisors, emmenant à
	  	
	 leur suite du bétail pris à Longchamps et de 
	nombreuses
	voitures chargées de réquisitions.
	
	
	leur suite du bétail pris à Longchamps et de 
	nombreuses
	voitures chargées de réquisitions. 
	
	Cependant la nomination du général Bourbaki au
	commandement supérieur de la région du nord avait
	été promptement connue du quartier général
	prussien, 
	qui ordonna au comte de Lippe, chargé plus 
	particulièrement d'observer Amiens de redoubler
	de vigilance, de prescrire de fréquentes patrouilles
	d'officiers et de renforcer ses détachements de 
	réquisition.
	Un de ces détachements, quittant Beauvais dans 
	la matinée du 27 octobre, s'était dirigé sur 
	Marseille-le-Petit,
	où il passa la nuit, après avoir levé aux
	environs de très-fortes réquisitions. 
	
	Il fut rejoint le 
	lendemain par d'autres troupes parties
	de Beauvais
	de grand matin, avec de nombreuses voitures, et
	conduites par le général Senfft, qui venait prendre le
	commandement de la colonne.
	Il disposait pour son
	expédition de trois compagnies
	du 2e régiment à	pied de la garde prussienne,
	du 18e régiment de	uhlans
	et d'un escadron du 3e dragons saxons avec
	une batterie d'artillerie; total environ 1500 hommes
	et six canons.
	L'objectif du général Senfft était
	Formerie,
	bourg important et station du chemin de fer
	de Rouen 
	à Amiens.
	Cette station n'était gardée
	depuis la veille que par un poste du 3e hussards et par
	une compagnie (capitaine Dornat) 
	du 5e bataillon de 	marche, envoyée 
	du Havre
	et forte d'environ 130
	hommes du 19e de ligne.
	
	
	
	 Combat de Formerie (28 octobre)
 Combat de Formerie (28 octobre)    
 
	Dans la matinée du 28 octobre, le général Senfft se 
	dirigeait sur Formerie
	avec toutes ses forces, et vers
	dix heures nos vedettes du 3e hussards se repliaient
	sur la gare en annonçant l'arrivée de l'ennemi.
	En
		
	 effet, peu d'instants après, un peloton de uhlans,
	formant l'avant-garde, traversait rapidement le bourg
	de Formerie et se portait au trot sur la station.
	
	
	effet, peu d'instants après, un peloton de uhlans,
	formant l'avant-garde, traversait rapidement le bourg
	de Formerie et se portait au trot sur la station.
	Accueillis par une vive fusillade qui en démonta
	plusieurs,
	les cavaliers saxons n'eurent que le temps de
	tourner bride et furent vivement poursuivis par nos
	soldats jusque sur la place du Marché aux bestiaux.
	Là, le capitaine Dornat se trouva tout à coup en 
	présence
	de l'infanterie prussienne, qui occupait déjà le
	côté opposé de la place et qui, postée dans les
	maisons, 
	le reçut à son tour par un feu des plus nourris. 
	
	Cette poursuite heureuse avait empêché l'ennemi de
	déboucher sur la gare, où il nous eût infailliblement
	écrasés, mais la situation devenait critique. 
	
	Le capitaine Dornat sut tirer parti de ses faibles
	ressources;
	l'entrée de chaque rue fut solidement 
	défendue
	par de petits postes de quelques hommes, et,
	grâce à la plus énergique résistance, cette
	compagnie 
	tint seule en échec, pendant près de deux heures,
	les forces du général Senfft, et donna ainsi aux
	renforts
	le temps d'arriver. 
	
	Le 1e bataillon de la garde mobile de l'Oise
	(commandant Cadet) était cantonné depuis plusieurs
	jours entre Forges 
	et Gaillefontaine;
	dans la matinée
	du 28 octobre, le colonel d'Espeuilles, prévenu
	de la marche des Prussiens, donna l'ordre aux divers
	détachements de ce bataillon de se porter isolément 
	sur Formerie.
	Le premier renfort arrivé sur le lieu
	du combat, vers midi, venait de Gaillefontaine. 
	
	Le capitaine Alavoine, qui le commandait, laissa une
	compagnie
	à la gare, et se porta aussitôt avec la sienne,
	la 2e, au point le plus menacé.
	Il y trouva le capitaine 
	Dornat, qui, à la tête d'une poignée d'hommes, luttait
		
	 avec la dernière énergie.
	
	
	
	 avec la dernière énergie.
	 La rue dont il défendait 
	 l'entrée débouche obliquement sur la place de
	 Formerie, dont les Prussiens occupaient le côté opposé,
	 et forme ainsi deux angles inégaux: à droite, l'angle
	 défilé était occupé par les soldats de la ligne; les
	 mobiles de l'Oise durent prendre une position 
	 symétrique et occuper à gauche l'angle découvert. 
	 
	 En se démasquant pour traverser la rue à la tête de sa
	 compagnie, le capitaine Alavoine fut blessé et mis hors 
	 de combat; 
	 mais un certain nombre de ses mobiles, 
	 sous les ordres du lieutenant Meneust, puis une 
	 section de la 1e compagnie (sous-lieutenant de
	 Thanneberg), purent gagner les maisons, s'établir dans
	 les chambres et prendre part à l'action;
	 on continua
	 ainsi de se fusiller par les fenêtres, des deux côtés de
	 la place et les nôtres, bien qu'inférieurs en nombre,
	 soutinrent avec avantage le feu de l'ennemi.
	 Cependant le général Senfft avait fait mettre son
	 artillerie en batterie sur une petite éminence, à la
	 lisière d'un bouquet de bois, sur la commune de Boutavent;
	 depuis le début de l'engagement, il lançait 
	 ses projectiles un peu partout, mais principalement 
	 sur le pâté de maisons occupé par nos soldats et
	 faisant face à la route de Crillon, par laquelle il était
	 arrivé.
	 Les obus dirigés sur Formerie n'y causèrent
	 que des dégâts matériels; les autres, tombant dans
	 des terres détrempées, n'éclataient pas, et les nôtres
	 n'eurent pas à en souffrir.
	 Le principal effet de cette
	 canonnade fut de hâter l'arrivée de nos renforts, qui,
	 vers deux heures, commencèrent à affluer de toutes
	 parts.
	 
	 Ce furent d'abord les autres compagnies du
	 bataillon de marche et celui de la mobile de l'Oise,
	 puis un convoi qui conduisait
	 de Rouen 
	 à Amiens de
	 
	
	
		
	 l'infanterie de marine, et plus tard enfin, le colonel
	d'Espeuilles, parti 
	d'Argueil avec deux escadrons de
	hussards, le 4e bataillon de la mobile de l'Oise et une
	section d'artillerie.
	
	
	
	l'infanterie de marine, et plus tard enfin, le colonel
	d'Espeuilles, parti 
	d'Argueil avec deux escadrons de
	hussards, le 4e bataillon de la mobile de l'Oise et une
	section d'artillerie. 
	
	Ces divers détachements, arrivés
	l'un après l'autre, ne dépassèrent pas la gare de
	Formerie,
	supposant sans doute qu'elle était le principal
	objectif de l'ennemi, et les compagnies Dornat et
	Alavoine restèrent seules engagées dans l'intérieur du
	bourg. 
	
	Sur ces entrefaites, un renfort inattendu,
	arrivant sur un autre point, allait prendre à l'action
	une part décisive. 
	
	Le général Paulze d'Ivoy, qui commandait à 
	Amiens, avait été informé dans la journée du 27
	qu'un détachement s'était présenté à
	Marseille-le-Petit, 
	avec l'intention probable de détruire la voie ferrée
	d'Amiens
	à Rouen.
	Il dirigea aussitôt sur ce point le
	1e bataillon de la garde mobile du Nord
	(commandant de Lalène-Laprade), soutenu par une section
	d'artillerie (lieutenant Joachim), avec la mission de
	repousser l'ennemi, dont la force était évaluée à
	7 ou 800 hommes.
	Parti d'Amiens avec un train de 
	chemin de fer, le commandant de Lalène-Laprade 
	devait coucher à Poix, en partir de très-bon matin
	pour Formeriè, et s'établir, avant le jour, dans les
	bois qui avoisinent cette localité dans la direction de
	Marseille-le-Petit; il avaitl'ordre de se concerter
	préalablement avec le colonel d'Espeuilles pour prendre
	l'ennemi entre deux feux et lui couper la retraite.
	Arrivé à Poix dans la soirée du 27, il s'apprêtait à en
	partir dans le courant de la nuit, quand, au moment
	de s'embarquer, il apprit que le train qui l'avait
	amené était retourné à Amiens. 
	
	Averti en même 
	temps que des fourrageurs marchaient sur
	Grandvilliers,
	
	
		
	 il partit de Poix entre quatre et cinq heures du 
	matin pour se porter à leur rencontre et réparer ainsi
	le malentendu ou la faute du chef de train.
	
	
	il partit de Poix entre quatre et cinq heures du 
	matin pour se porter à leur rencontre et réparer ainsi
	le malentendu ou la faute du chef de train.
	Ralliant à
	Équennes deux compagnies de la mobile du Gard,
	ce qui portait à environ 1,500 hommes la force de
	son détachement, il arriva vers neuf heures à
	Grandvilliers, qu'il trouva inoccupé.
	Là, il accorda quelque
	repos à sa troupe, et vers dix heures et demie,
	au bruit du canon qui tonnait vers Formerie, il se
	remit en marche dans cette direction, passant par
	Feuquières et Monceaux-l'Abbaye. 
	
	Arrivé vers une heure
	à ce dernier point, il détacha environ 500 hommes 
	(capitaine de Lalène-Laprade), avec la section 
	d'artillerie,
	vers Mureaumont, dans le but de prendre l'ennemi
	en queue et d'entraver sa retraite, tandis que
	lui même l'attaquerait en tête.
	Il continua en 
	conséquence
	sa marche sur Formerie avec le gros de sa 
	colonne.
	A l'entrée du village de Bouvresse, les
	premiers
	tirailleurs entendirent siffler au-dessus de leurs
	têtes des balles tirées par un ennemi invisible,
	puis des obus qui enfilaient la route.
	Bien qu'inaccoutumés à ce bruit, les mobiles du Nord
	accentuèrent
	leur mouvement et s'engagèrent résolument à
	travers les vergers, les haies et les clôtures.
	En débouchant de Bouvresse, ils essuyèrent une fusillade
	serrée partie d'une briqueterie;
	ils ripostèrent
	vivement, et l'infanterie prussienne ne tarda pas à tourner
	le dos, protégée par un pli de terrain et par le feu de
	son artillerie. Les nôtres se jetèrent alors dans un
	petit bois qui s'étend entre la briqueterie de
	Bouvresse 
	et Formerie.
	Déconcerté par l'arrivée de ce
	nouveau renfort qui le menaçait sur son flanc droit,
	le général Senfft avait donné le signal de la retraite;
	
	
		
	 aussi, lorsque les mobiles du Nord débouchèrent sur 
	la lisière du petit bois qui longe la route de Formerie
	à Crillon, l'ennemi était déjà hors de la portée des
	fusils à tabatière.
	
	aussi, lorsque les mobiles du Nord débouchèrent sur 
	la lisière du petit bois qui longe la route de Formerie
	à Crillon, l'ennemi était déjà hors de la portée des
	fusils à tabatière.
	Il était près de trois heures; le bruit
	du combat allait en s'éloignant et s'affaiblissait
	rapidement. 
	
	Le silence s'était fait auxabords de Formerie,
	mais le canon retentissait encore au delà de
	Mureaumont, et voici ce qui se passait dans cette direction.
	La colonne secondaire de la mobile du Nord, qui avait
	été dirigée sur ce point, y arriva vers deux heures et
	demie sans incident remarquable, et se porta sur
	Formerie en suivant la route départementale. 
	
	Mais en débouchant du village, à un coude que forme la 
	route, les mobiles se trouvèrent face à face avec deux 
	escadrons de cavalerie, rangés en bataille à une très
	petite distance; les ennemis semblaient se préparer à
	fondre sur eux, mais ils démasquèrent tout à coup
	une section d'artillerie mise en batterie au milieu
	de la chaussée, et les artilleurs chargèrent
	précipitamment,
	sans doute pour exécuter un tir à mitraille
	qui, à une si faible portée, eût été des plus meurtriers.
	Les nôtres durent se replier et se reformer à l'autre
	extrémité du village. 
	
	Ils étaient là depuis quelque 
	temps, lorsque la cavalerie ennemie parut à douze ou
	quinze cents mètres; elle semblait suivre le chemin
	de Boutavent à Colagnies. 
	
	Aussitôt notre artillerie tira
	sur elle.
	A un moment où un gros de uhlans était de
	pied ferme, un obus bien dirigé vint éclater au milieu
	des rangs et y jeta le désordre ce fut le signal d'une
	retraite qui s'effectua précipitamment par Campeaux
	et Songeons. 
	
	Bon nombre de fantassins de la garde,
	forcés de changer de direction et de se jeter à la 
	traverse, passèrent dans des terrains détrempés par la
	
	
		
	 pluie, et y laissèrent leurs bottes, que les habitants 
	ébahis trouvèrent le lendemain dans leurs champs.
	
	
	pluie, et y laissèrent leurs bottes, que les habitants 
	ébahis trouvèrent le lendemain dans leurs champs.
	Ce combat, dans lequel les soldats du bataillon de
	marche et les mobiles du Nord et de l'Oise
	montrèrent beaucoup de solidité et d'entrain, leur coûta
	six hommes tués ou atteints mortellement, et une
	vingtaine de blessés, dont deux officiers, les
	capitaines Alavoine 
	et Dornat. 
	
	L'ennemi, de son côté,
	accusa dix tués, dont un sous-officier de l'infanterie 
	de la garde, et une douzaine de blessés qui entrèrent
	le lendemain à l'hospice de  Beauvais. 
	
	Ainsi, grâce à la résistance énergique du capitaine
	Dornat, qui, avec sa seule compagnie, tint longtemps
	l'ennemi en respect, luttant dans la proportion d'un 
	contre dix; grâce au concours d'une fraction du 
	1e  bataillon de l'Oise grâce surtout à l'heureuse
	intervention des mobiles du Nord, l'ennemi avait subi
	à Formerie
	un échec complet. 
	
	Arrivé en déroute à 
	 Beauvais dans la nuit du 28 au 29,
	 le général Senfft 
	annonçait à  Clermont 
	qu'ayant rencontré l'ennemi
	à Formerie, il avait
	été forcé de se replier avec
	perte:  zum Rückzug unter Verlust gezwungen.
	Il s'attendait à être attaqué par nous; il s'apprêtait 
	même à évacuer  Beauvais,
	et le détachement de
	 Clermont avait reçu 
	 l'ordre de s'apprêter à le recueillir,
	en se portant 
	par  Mouy sur Noailles, 
	pour occuper 
	le défilé de  Silly.
	Mais la mobile du Nord
	s'étant retirée sur
	 Grandvilliers, 
	et le colonel  d'Espeuilles
	se maintenant sur
	la défensive le général saxon se remit peu à peu de
	son émotion, qui fut bientôt complétement dissipée
	
	
	
	
		
	 par une nouvelle aussi rassurante pour lui 
	 qu'accablante pour nous.
	
	
	 par une nouvelle aussi rassurante pour lui 
	 qu'accablante pour nous. 
	 
	 Dans ]a journée du 27 il fit afficher
	 à  Beauvais et communiquer aux 
	 journaux l'avis suivant, qui est par lui-même assez significatif:
 
	"La reconnaissance d'hier à Formerie
	a montré que	 le bourg était occupé par deux bataillons.	 
	 Après  une courte canonnade, le détachement revint sur 
	  Songeons et
	  Beauvais, et empêcha l'ennemi
	 d'atteindre son but, qui était de lui couper la retraite 
	 dans la direction de  Marseille.
	 Nos pertes ont été de	 quatre morts et douze blessés."
	 
	 Comme les
	 Allemands, en général, n'avaient pas l'habitude de nous
	 faire connaître les rapports de leurs opérations, l'avis 
	 du général Senfft aurait pu paraître singulier s'il ne 
	 se fût terminé par la phrase suivante, qui était pour
	 lui une consolation à son échec
	 de Formerie, et pour
	 nous l'annonce d'un nouveau désastre, dont les 
	 conséquences
	 seront désormais irréparables : "Le 27 de
	 ce mois, à cinq heures du soir, Metz a capitulé. »