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La guerre dans l'ouest : campagne de 1870-1871
| Chapitre 16 | - | 
Événements en Normandie depuis le mouvement du grand-duc de Mecklemhourg jusqu'à la fin de l'armistice
 
      
         Source : L. Rolin.
          
         
          
 
      	
	 Marche du grand-duc de Meclembourg sur Alençon et Rouen
 Marche du grand-duc de Meclembourg sur Alençon et Rouen  
 	
Par suite de nos revers sur la Loire, la Normandie allait être sillonnée 
et occupée par un nouveau corps 
ennemi, celui du grand-duc de Mecklembourg,
 et subir comme une seconde invasion.  
	
On se souvient 
qu'après le combat de Dreux
 le  XIIIe corps prussien s'était rabattu 
sur Nogent-le-Rotrou; depuis ce 
moment, il avait continué dans l'Ouest une marche en zigzag dont la
 trajectoire trahit suffisamment les 
incertitudes qui régnaient alors au
 grand quartier de Versailles. 
	 Après avoir pris part à la bataille du 
Mans, 
il fut dirigé sur Alençon.
	
	 Combat de Saint-Pater et occupation d'Alençon (15 et 16 janvier)
 Combat de Saint-Pater et occupation d'Alençon (15 et 16 janvier)  
 
 Il eut le 15 janvier aux abords
 de cette ville, à Saint-Pater, un court 
mais très-vif engagement avec le général Lipowski,
 lequel avait sous ses ordres environ 2000 francs-tireurs
 et 4000 mobilisés de l'Orne et de la Mayenne,
 avec un peloton de chasseurs et huit canons de 
		
	 montagne.
	
montagne.
	
 Le général de Wittich, 
 avec la  22e division
 arrivait par la route du Mans; 
 il était appuyé sur celle de Mamers
 par la brigade de Bredow,
 qui avait été
 envoyée à sa rencontre et qui formait son avant-garde.
	
 Tenu en échec pendant toute la journée
 du 15, le grand-duc avait pris ses dispositions pour 
une attaque générale, lorsqu'il apprit qu'Alençon
 avait été évacué par nous dans la nuit. 
	
Il y fit son entrée sans résistance dans la matinée du 16 janvier. 
	
Après avoir séjourné dans cette ville, le XIII corps
 cessa de faire partie de l'armée du prince
 Frédéric-Charles et reçut l'ordre de
 se mettre en marche sur Rouen. 
	
Il devait se joindre à la première armée 
prussienne pour frapper contre le général Faidherbe un coup décisif, 
car on n'espérait pas à Versailles 
que les renforts envoyés de Rouen et 
de Paris au général
 de Goeben pussent lui suffire pour écraser son adversaire.
	
 Le 18, l'avant-garde du XIIIe corps partit
 d'Alençon, éclairée par la brigade de Bredow; 
 la division de cavalerie de Rheinbaben ayant relevé celle
 du prince Albert (père),  restée à l'aile droite du
 prince Frédéric-Charles. 
 
	
 Cette avant-garde arriva
 le 18 à Sées,
 le 19 à Gacé et le 20 à 
 Montreuil-l'Argillé;
 elle était suivie à une journée d'intervalle
 par la  17e division; la 22e passant 
 par le Mesle et
 Moulins-la-Marche,  se dirigea sur
 Glos-la-Ferrière,
 sans rencontrer d'autre  résistance que celle de 
 quelques paysans qui, sur la route  de Crulai
 à Laigle, 
 blessèrent un uhlan et tuèrent un fantassin  au major
 de Necker, qui commandait l'avant-garde.  
 
	
La marche du grand-duc de Mecklembourg eut 
		
	 pour effet d'interrompre brusquement le mouvement 
de notre 19e corps, dont les têtes de colonne étaient
 déjà parvenues à Argentan, et qui devait gagner 
 Laval pour y rejoindre 
 les débris de l'armée de la
 Loire.
	
pour effet d'interrompre brusquement le mouvement 
de notre 19e corps, dont les têtes de colonne étaient
 déjà parvenues à Argentan, et qui devait gagner 
 Laval pour y rejoindre 
 les débris de l'armée de la
 Loire. 
 
 La présence du XIIIe corps allemand dans 
 cette contrée jeta le plus grand trouble dans la
 direction déjà si indécise de nos opérations militaires;
 et le grand-duc, dont la marche de flanc aurait pu
 être sérieusement inquiétée, passa devant tout le
 front du général Dargent sans rencontrer le moindre
 obstacle.  
Le département de l'Eure et la lisière
 du Calvados étaient complétement abandonnés à 
l'ennemi; il se produisit néanmoins quelques 
tentatives isolées de résistance dans les arrondissements de
 Lisieux et 
 de Bernay, où des gardes nationaux mal
 armés tentèrent, avec plus de courage que de chance 
 de succès, d'arrêter le flot de ces nouveaux envahisseurs. 
	
	 Combats d'Orbec et de Bernay (21 janvier)
 Combats d'Orbec et de Bernay (21 janvier)  
 
Le 21 janvier, le 
16e régiment de uhlans, détaché 
de la brigade de Bredow pour surveiller la route de 
Lisieux, se vit brusquement arrêté en avant
 d'Orbec 
où il essuya des coups de feu.
	
 Averti de cette résistance, le général 
 de Treskow, qui se trouvait en ce 
moment avec le gros de la 17e division
 à Montreuil-l'Argillé, 
au point de  bifurcation des routes de Bernay
 et d'Orbec, dirigea sur cette dernière ville 
 le 14e
 bataillon de chasseurs mecklembourgeois, appuyé par 
une section d'artillerie et soutenu par un bataillon du 
75e; il plaça ce détachement sous les ordres du major 
de Gaza, après quoi il continua sa marche sur 
Broglie.
 
	
A deux kilomètres au sud-est d'Orbec, en avant du 
hameau de Sevrais, la route était coupée, fortement 
barricadée et gardée par une centaine de 
	
		
	 francs-tireurs de Lisieux et de gardes nationaux du pays; 
avec une résolution digne d'un meilleur résultat, ces 
braves gens essuyèrent quelque temps la canonnade; 
mais, menacés d'être pris à revers par deux compagnies
 qui avaient déjà débordé leur ligne, ils se virent 
forcés d'abandonner leur position et de se retirer sur 
Orbec.
	
francs-tireurs de Lisieux et de gardes nationaux du pays; 
avec une résolution digne d'un meilleur résultat, ces 
braves gens essuyèrent quelque temps la canonnade; 
mais, menacés d'être pris à revers par deux compagnies
 qui avaient déjà débordé leur ligne, ils se virent 
forcés d'abandonner leur position et de se retirer sur 
Orbec. 
	
Là ils essayèrent encore de se défendre, mais 
en présence des forces relativement énormes qui 
menaçaient de les envelopper de toutes parts, ils durent 
se résigner à évacuer la ville vers quatre heures 
de l'après-midi.
	
 Dans cet engagement, un uhlan fut 
mis hors de combat; les nôtres eurent deux ou trois 
hommes blessés, et quatre d'entre eux furent faits prisonniers. 
	
Dans la soirée, le major de Gaza fit son entrée 
à Orbec à la tête de son détachement; son premier 
soin fut d'imposer à la ville une contribution de guerre 
de 40,000 francs le lendemain, ne voulant pas laisser 
impunie la conduite des Français qui avaient commis 
le crime de défendre le sol de la patrie et leurs foyers 
domestiques, il fit impitoyablement fusiller les quatre 
gardes nationaux pris la veille les armes à la main, et 
il défendit aux habitants de leur donner la sépulture. 
	
Bien que réduits à leurs propres forces par suite de 
l'évacuation complète du département de l'Eure, les 
habitants de Bernay, de même que
 ceux d'Orbec, 
s'opposèrent bravement à la marche de l'ennemi. 
	
Dans la matinée du 21 janvier, dès que l'on connut 
son approche, on battit le rappel dans les rues de la 
ville. 
	
Réunis au nombre d'environ trois cents, les 
gardes nationaux se portèrent à la rencontre des Allemands
 et prirent position dans les bois, du côté menacé ils gardaient la route principale au hameau de 
Malouve, s'étendant sur leur gauche jusqu'à la vallée 
		
	 de la Charentonne.
	
de la Charentonne. 
	
Pendant ce temps, des volontaires partis 
en reconnaissance s'avançaient sur la 
route de Broglie et, vers onze heures, ils se virent en 
présence des premiers éclaireurs du général de Bredow. 
	
Après avoir détaché le 16e uhlans 
sur Orbec, ce 
général avait continué sa marche sur Bernay 
et traversé Broglie sans éprouver de résistance;
 mais lorsque son
 extrême avant-garde arriva à la hauteur de 
Saint-Quentin-des-Iles, elle essuya de loin une
 décharge qui lui
 fit aussitôt tourner bride.
	
 Le major de 
Bessel, qui appuyait ces cavaliers avec un bataillon 
du 90e régiment mecblembourgeois, prit aussitôt ses 
dispositions une compagnie, détachée sur la rive 
droite de la Charentonne, reçut pour mission de menacer
 Bernay à l'est, tandis qu'une section
 d'infanterie 
et un piquet de cavalerie se portaient à l'ouest de 
cette ville dans le but d'y détruire le chemin de fer. 
	
Le reste de la colonne suivit la route principale, et, 
après avoir dépassé Saint-Quentin, 
l'artillerie s'essaya 
par quelques coups de canon qui furent le signal du 
combat. 
	
L'action s'engagea de tous côtés, et le tocsin, 
qui appelait aux armes les habitants des communes 
voisines, méta son glas lugubre au bruit du canon et 
de la fusillade.
	
 Vers deux heures, les Allemands 
s'étaient avancés au delà de Malouve; ils s'étendaient 
de la Charentonne à la vallée de Saint-Nicolas, et 
fouillaient de leurs obus les abords de la ville et les 
bois occupés par les gardes nationaux. 
	
De notre côté, 
quelques volontaires, s'emparant d'une lourde pièce 
en fonte restée sous les halles de Bernay
 et plus dangereuse pour ceux qui la servaient que pour l'ennemi, 
la traînèrent jusqu'à l'entrée de la ville où ils la mirent 
en position mais, après avoir tiré quelques
		
	 coups à mitraille, nos canonniers improvisés se 
virent bientôt forcés de cesser cette lutte inégale sur 
une route enfilée par les projectiles ennemis.
	
coups à mitraille, nos canonniers improvisés se 
virent bientôt forcés de cesser cette lutte inégale sur 
une route enfilée par les projectiles ennemis.
 Le combat de tirailleurs se prolongea néanmoins jusqu'après 
trois heures; à ce moment les nôtres, menacés d'être 
cernés, se rapprochèrent de Bernay; 
quelques-uns 
d'entre eux, embusqués dans une briqueterie du Valmonard,
 continuèrent opiniâtrément une fusillade 
dont l'ennemi ne put triompher malgré sa supériorité 
numérique. 
	
La nuit arrivait, et les fusiliers mecklembourgeois ayant 
perdu l'officier qui les commandait, le premier
 lieutenant Glaewecke, se retirèrent 
à une certaine distance, abandonnant le champ de 
bataille. 
Cette affaire coûta aux habitants de Bernay 
une dizaine d'hommes tués ou blessés; mais par cette 
conduite honorable ils avaient tenu en échec, pen- 
dant une demi-journée, l'avant-garde du XIIIe corps 
allemand et effacé le souvenir de la sédition du 
17 décembre. 
Si tous nos gardes nationaux avaient 
défendu leurs foyers avec la même résolution, ils 
auraient bien vite lassé l'envahisseur. 
Le lendemain, 
la lutte devait recommencer; mais elle eût été plus 
inégale encore que la veille, car le grand-duc avait 
cru nécessaire de concentrer toutes ses forces pour 
une attaque générale, et il avait appelé à Broglie la 
22e division, qui se trouvait
 à Glos-la-Ferrière au 
moment du combat. 
La municipalité de Bernay, sentant 
l'impossibilité d'une plus longue résistance,
 s'employa pour la faire cesser, afin d'épargner à la ville 
les horreurs d'une prise de vive force.
 Le 22 janvier, à six 
heures du matin, le major de Bessel, avec un    
		
	 bataillon et un escadron, prit possession
 de Bernay, 
après avoir encore essuyé quelques coups de feu qui 
amenèrent de sanglantes représailles.
	
bataillon et un escadron, prit possession
 de Bernay, 
après avoir encore essuyé quelques coups de feu qui 
amenèrent de sanglantes représailles. 
A midi, la 17e division fit son entrée à son tour,
 et le général de 
Treskow frappa une contribution de guerre, qui fut 
réduite, il est vrai, à cent mille francs, mais qui avait 
d'abord été portée à un taux dont l'énormité même 
montrait tout le dépit qu'éprouvaient les Allemands 
de s'être laissés arrêter par une poignée de gardes 
nationaux. 
Le lendemain, le grand-duc fit éclairer sa marche 
vers Rouen par la 5e division
 de cavalerie, qui avait 
été placée sous ses ordres pour la durée de ses 
opérations; le général de Reinbaben lui-même fut 
appelé au commandement de la 22e division d'infanterie,
 en remplacement du général de Wittich. 
	
	 Embuscades a Serquigny et à Conches (22 et 23 janvier)
 Embuscades a Serquigny et à Conches (22 et 23 janvier) 
 
	
	
De fortes reconnaissances rayonnèrent dans les 
principales directions :
la 17e brigade de cavalerie 
(général major de Rauch) s'avança sur la route de 
Lisieux jusqu'à Thiberville; 
la brigade de Bredow 
sur la route de Lieurey 
jusqu'à Bazoques; 
enfin la brigade 
de Redern fut dirigée
 sur Brionne;
 une de ses 
patrouilles, en explorant le cours de la Rille, eut deux 
hussards blessés anx environs 
de Serquigny. 
	
Le 23 janvier, des flanqueurs
 en marche sur le Neubourg  
mirent Conches au pillage,
 parce qu'au sortir de cette 
ville ils avaient essuyé des coups de feu qui blessèrent 
un uhlan. 
Le même jour, l'avant-garde du XIIIe corps 
se mit en communication à Saint-Denis-des-Monts 
avec les avant-postes de la Ie armée prussienne.
 
La 
jonction du grand-duc de Mecklembourg avec le 
général de Bentheim était dès lors effectuée. 
Le 24 janvier, le grand-duc continua 
sa marche sur 
		
	 Rouen; la 17e division 
  se porta
 directement sur 
Brionne 
 et la 22e  fut dirigée de 
 Broglie 
 sur Beaumesnil, 
Beaumont-le-Roger  et 
le Neubourg.
	
Rouen; la 17e division 
  se porta
 directement sur 
Brionne 
 et la 22e  fut dirigée de 
 Broglie 
 sur Beaumesnil, 
Beaumont-le-Roger  et 
le Neubourg.
	
	 Rencontre de Marolles (24 janvier). Entrée du grand-duc de Mecklembourg a Rouen (25 janvier)
 Rencontre de Marolles (24 janvier). Entrée du grand-duc de Mecklembourg a Rouen (25 janvier) 
 
Pendant ce 
temps, le major de Rosenberg ,
 à la tête du 13e uhlans , 
s'avançait sur Lisieux ; mais son escadron 
d'avant-garde rencontra, au delà 
de Marolles, des mobilisés 
du Calvados, qui démontèrent deux cavaliers et
 forcèrent les autres à tourner bride.
 
Le major de Rosenberg
  fit alors avancer une section d'artillerie 
et lança quelques obus sur nos avant-postes, après 
quoi, supposant sans doute Lisieux  mieux gardé qu'il 
ne l'était en réalité, il rétrograda jusqu'à Marolles  
et l'Hôtellerie ,
où il établit ses cantonnements. 
Le 25 janvier à midi,
 le grand-duc fit son entrée à 
Rouen, à la tête de son état-major
 et de son avant-garde. 
 
 
 Le lendemain, le 90e régiment d'infanterie , 
le 14e bataillon de chasseurs,
 le 18e dragons  et deux 
batteries allèrent renforcer, de Duclair 
 à Pavilly , sur 
la ligne de la Sainte-Austreberte , les détachements 
du général de Bentheim . 
Le 27 janvier, toute la
 17e division  
et la brigade de cavalerie
 du XIIIe corps  passèrent sur 
la rive droite de la Seine, tandis que
 la 22e  restait sur 
la rive gauche, cantonnée le long de la Rille, avec la 
division de cavalerie de Reinbaben . 
Toutes ces troupes faisaient front vers l'ouest, 
observant la ligne de la Touques et particulièrement le 
Havre . 
Le grand-duc, s'imaginant sans doute que le 
général Loysel  se risquerait à prendre l'offensive, 
résolut de rendre le cours de la basse Seine 
complétement impraticable.
 Le barrage établi précédemment 
 à Duclair  par le général de Bentheim  ne lui 
parut pas suffisant; il fit encore placer des torpilles 
en aval, à la hauteur de Guerbaville;
 un officier 
		
	 supérieur du génie, le major Vincenz , avec un
 détachement de pionniers, fut chargé de cette opération.
	
supérieur du génie, le major Vincenz , avec un
 détachement de pionniers, fut chargé de cette opération. 
  
 
Pour protéger les travailleurs, des postes de deux 
compagnies et de quelques cavaliers furent établis 
sur les deux rives de la Seine, à Saint-Vandrille  et 
à Guerbaville . 
Le 29 janvier, le général 
de Bentheim concentra, vers 
l'embranchement de Dieppe
 à Amiens, les fractions 
de la Ie armée restées sous ses ordres, à l'exception 
de la brigade des dragons de la garde qui fut atta- 
chée à la 17e division. 
De cette nouvelle position il 
pouvait également rejoindre le général de Goeben 
ou appuyer le grand-duc de Mecklembourg. 
Le même 
jour, la rivière de l'Austreberte fut gardée, de Duclair 
à Barentin, par le 90e régiment mecklembourgeois 
et deux batteries, et la ligne de Pavilly à Clères par la 
brigade des dragons de la garde, à laquelle on 
adjoignit le 13e bataillon de chasseurs et une seconde 
batterie à cheval. 
Clères fut occupé par la 17e brigade 
de cavalerie. 
Yvetot reçut en même temps une garnison
 composée de deux compagnies du 90e, d'un 
escadron du 18e dragons et d'une section d'artillerie, 
sous les ordres du capitaine de dragons comte de 
Bethusy-Huc. 
	
	 Conclusion de l'armistice (28 janvier)
 Conclusion de l'armistice (28 janvier) 
 
Pendant que l'ennemi prenait ces dispositions, la 
fortune venait de nous porter le dernier coup.
 La catastrophe suprême, prévue depuis la sortie de Montretout,
 achevait de nous accabler :
 Paris, n'ayant plus 
de pain, avait capitulé; un armistice avait été conclu 
le 28 janvier;
 le lendemain, les forts de la capitale 
étaient en la possession de l'ennemi, et nos armées 
de province n'avaient plus d'objectif. 
Cette nouvelle 
fut accueillie par nos soldats avec une morne résignation : 
		
	 depuis longtemps ils savaient qu'ils ne se
 battaient plus que pour l'honneur.
	
 depuis longtemps ils savaient qu'ils ne se
 battaient plus que pour l'honneur. 
L'armistice de trois semaines, conclu le 28 janvier, 
ne devait commencer que le 31 à midi pour les 
armées de province, qui en furent informées dans la 
soirée du 29. 
A cette date, la division du général 
Saussier était restée en arrière de la Dives. 
Quant à l'armée du Havre, elle n'était pas sérieusement sortie 
de ses lignes de défense;
 on s'était borné à mettre 
en marche une colonne mobile qui occupait Criquetot;
 en outre, une reconnaissance avait été dirigée 
sur Bolbec. 
	
	 Engagements sur la Seine a Guerbaville et à Caudebec (29 et 30 janvier)
 Engagements sur la Seine a Guerbaville et à Caudebec (29 et 30 janvier) 
 
A Bolbec,  le 24 janvier, des éclaireurs à 
cheval du Havre (sous-lieutenant Theymann) avaient 
poursuivi une patrouille de cavaliers du 10e
 dragons, dont un fut blessé et fait prisonnier;
 enfin, 
quelques francs-tireurs avaient poussé jusqu'à 
Lillebonne;
 mais cette dernière ville n'était pas occupée 
d'une manière effective. 
Les ports de la Seine et 
du littoral, tels que Caudebec,
 Étretat, Fécamp et 
Dieppe, avaient été visités par nos croiseurs, mais 
aucun d'eux n'était protégé d'une façon efficace.
 
Cependant la basse Seine continuait d'être explorée 
par notre flottille. 
Le 29 janvier, la canonnière  l'Oriflamme 
 (lieutenant de vaisseau Pic-Paris) remontait le 
fleuve et arrivait vers huit heures du matin à la 
hauteur de Guerbaville;
 là, nos marins se virent en présence du détachement
 ennemi chargé de la protection des torpilles. 
Une fusillade s'engagea aussitôt à 
grande distance, et quelques obus que le 
commandant Pic-Paris put lancer sans danger pour les 
habitants, ne tardèrent pas à disperser les Allemands dans 
toutes les directions.
 Comme la poursuite n'était pas 
possible, l'0riflamme redescendit la Seine, n'ayant
 
		
	 éprouvé que quelques dommages matériels, tels que 
cordages coupés et autres légères avaries.
	
éprouvé que quelques dommages matériels, tels que 
cordages coupés et autres légères avaries.
 Dans 
l'après-midi, au moment où notre canonnière 
repassait à Caudebec,
 trois dragons ayant fait mine de 
la suivre, essuyèrent quelques coups de feu bien 
dirigés qui les démontèrent tous les trois et mirent 
fin à leur bravade. 
Le lendemain, l'Oriflamme  appareillait de 
Quillebœuf, où elle avait passé la nuit, et remontait de 
nouveau la Seine, suivie de la canonnière l'Alerte 
(lieutenant de vaisseau Masson). 
En approchant de Caudebec, 
qui était occupé depuis le matin par le détachement 
venu de Saint-Vaudrille, sous les ordres du capitaine 
de Quitzow, nos canonnières furent accueillies par 
une vive fusillade.
 L'Alerte , dont le pont était découvert,
 et qui d'ailleurs  remontait dimcilement
 le courant, dut rebrousser chemin. 
Quant au commandant 
Pic-Paris, une fois engagé, il continua sa route, 
ripostant avec sa mousqueterie; 
il ne pouvait se servir de ses canons,
 car les Mecklembourgeois étaient 
embusqués dans les maisons qui bordent le quai, 
et tiraient par les fenêtres. 
En raison de la petite 
distance à laquelle notre canonnière défilait, les balles, 
traversant les bastingages et les abris, mirent
 quelques-uns de nos marins hors de combat. 
Après 
avoir remonté la Seine jusqu'au banc des Moules et 
avoir essuyé quelques coups de feu de la rive gauche, 
à la hauteur de Guerbaville,
 le commandant Pic-Paris vira de bord, 
 redescendit le fleuve, reprit, en 
passant à Caudebec,
 l'engagement du matin et continua sa route sur le Havre.
 Les Meklembourgeois, 
bien abrités derrière les arbres ou dans les maisons, 
n'eurent qu'un homme grièvement atteint dans ces 
		
	 rencontres; quant à l'équipage de l'Oriflamme, il eut 
un matelot tué et quatre blessés.
	
rencontres; quant à l'équipage de l'Oriflamme, il eut 
un matelot tué et quatre blessés. 
Dans ces divers engagements, nos braves marins 
avaient montré le parti qu'on pouvait tirer d'eux.
 
Leur navigation en cette saison, au milieu des glaces, 
était doublement périlleuse, car un obus, bien dirigé 
à la ligne de flottaison d'un de ces petits bâtiments, 
aurait certainement pu le couler. 
Par bonheur, les 
Allemands n'y songèrent pas. 
Le barrage de Duclair 
et les torpilles de Guerbaville 
sont les meilleures 
preuves de la crainte que notre flottille inspirait à 
leur état-major.
 Quant aux simples soldats du Meclembourg et de
 la Thuringe qui se trouvaient 
cantonnés sur la rive de la basse Seine, on raconte que, 
dans les premiers jours, ils ne voyaient pas sans
 émotion le retour périodique du flot, phénomène qu'ils 
attribuaient à l'approche de nos canonnières.
 
L'ennemi,  qui avait reçu le premier la nouvelle de 
l'armistice, en profita pour s'étendre le plus possible: 
Es war von Interesse mit Beginn des
Waffenstillstandes einen möglichst ausgedenhten Rayon factisch
zu besitzen.
Dans la journée du 29, le grand-duc 
s'empressa de pousser jusqu'à Caudebec 
le détachement de Saint-Vandrille, et il renforça la garnison 
d'Yvetot en y envoyant deux sections d'artillerie. 
	
	 Occupation de Dieppe (1e février) et de Fécamp (3 février)
 Occupation de Dieppe (1e février) et de Fécamp (3 février)  
 
Le lendemain, la brigade des dragons de la garde 
envoya également un détachement, par Doudeville, 
dans la direction de Fécamp, tandis que le général 
de Bentheim dirigeait le 5e régiment d'infanterie avec 
deux escadrons et trois batteries sur Dieppe, afin 
d'occuper cette ville avant l'ouverture de l'armistice. 
		
	 L'ennemi cherchait ainsi à donner le plus d'extension 
possible à son rayon d'occupation; il en résulta des 
rencontres et des conflits, peu sérieux d'ailleurs, et 
qui, dans les circonstances où nous nous trouvions, 
devaient forcément tourner à notre détriment.
	
L'ennemi cherchait ainsi à donner le plus d'extension 
possible à son rayon d'occupation; il en résulta des 
rencontres et des conflits, peu sérieux d'ailleurs, et 
qui, dans les circonstances où nous nous trouvions, 
devaient forcément tourner à notre détriment.
 
Sur le littoral, la possession de la ville de Dieppe, 
en raison de son importance, fut sérieusement
 disputée de part et d'autre. 
Le lieutenant de vaisseau 
Carrey, commandant l'aviso le Diamant, était entré 
dans ce port le 30 janvier et avait fait occuper l'hôtel 
de ville par une partie de son équipage. 
Un détachement de mobiles avait été également 
envoyé d'Abbeville afin de protéger Dieppe contre les tentatives 
de l'ennemi. 
Dans la matinée du 31, l'avant-garde 
prussienne arriva dans l'intention de s'en emparer. 
Le commandant Carrey soutint énergiquement ses 
droits de premier occupant, et comme l'armistice ne 
commençait qu'à midi; il offrit au chef du détache- 
ment prussien de se battre jusqu'à l'heure fixée. 
Sa proposition ne fut pas agréée, et le général de 
Pritzelwitz dut accepter une ligne de démarcation 
qui laissait libre Dieppe et une certaine étendue de 
la côte. 
Mais le général de Goeben, informé de cet 
incident, refusa de ratifier la convention conclue, et 
donna l'ordre au général de Bentheim d'occuper la 
ville sans retard.
 Des parlementaires se présentèrent 
donc de nouveau dans la matinée du lendemain et 
déclarèrent qu'ils avaient reçu l'ordre formel de s'en 
emparer. 
	
	 Ligne de démarcation de l'armistice dans la 
 péninsule du Havre et sur la rive gauche de la Seine
 Ligne de démarcation de l'armistice dans la 
 péninsule du Havre et sur la rive gauche de la Seine  
 
 Le commandant Carrey ne put que s'incliner
 devant les clauses précises de la convention de 
Versailles, qui avait été publiée sur ces entrefaites, et 
qui fixait, comme démarcation, à l'armée du Havre, 
une ligne partant d'Étretat dans la direction de Saint-Romain.
		
	 En conséquence, il céda la ville de Dieppe 
aux troupes prussiennes, qui y firent leur entrée vers 
onze heures du matin.
	
 En conséquence, il céda la ville de Dieppe 
aux troupes prussiennes, qui y firent leur entrée vers 
onze heures du matin. 
Les Allemands attachaient un si grand prix à la 
possession de ce port de mer, que le grand-duc, de 
son côté, avait aussi dirigé un détachement sur ce 
point. 
Ayant trouvé Dieppe au pouvoir des Prussiens,
 les Mecktembourgeois se rabattirent sur
 Fécamp; ils se présentèrent à l'entrée de cette ville 
le 2 février. 
A cette date elle était occupée par une 
section des éclaireurs du Havre (sous-lieutenant de 
Beaumont); elle était, en outre, protégée par l'aviso 
l'Averne (capitaine de frégate Lefèvre-Dubua), chargé 
sur la côte du service des dépêches. 
Avertis de la 
présence de nos troupes, les Mecklembourgeois
 prirent leurs cantonnements aux environs; mais dans la 
matinée du 3 février, ils s'avancèrent jusqu'au bas de 
la côte de la Toussaint. 
Le détachement ennemi était 
commandé par le colonel comte de Kleist et se
 composait de deux bataillons du 89e régiment, de deux 
escadrons du 18e dragons et d'une batterie d'artillerie. 
Après avoir parlementé et demandé des instructions, 
nos officiers reçurent l'ordre de se conformer à la 
convention et d'évacuer la ville. 
Elle fut occupée par 
l'ennemi dans l'après-midi, et elle eut à subir les 
vexations d'un commandant de place, le major de 
Malotki, lequel, en dépit de l'armistice, prétendit 
appliquer aux habitants le régime de l'état de guerre, 
pour les punir de la répugnance qu'ils avaient
 témoignée pour l'occupation étrangère.
 Ainsi, par une 
amère dérision du sort, notre flottille se voyait 
repoussée des divers points de notre propre littoral par 
ces mêmes troupes mecklembourgeoises qui, sous 
		
	 les ordres du général Vogel de Falkenstein, avaient 
reçu au début des hostilités la mission de protéger 
contre elle les côtes de la Baltique. 
Tandis que nos marins échouaient ainsi dans leurs 
tentatives, le général Loysel n'était guère plus heu- 
reux dans les siennes.
	
les ordres du général Vogel de Falkenstein, avaient 
reçu au début des hostilités la mission de protéger 
contre elle les côtes de la Baltique. 
Tandis que nos marins échouaient ainsi dans leurs 
tentatives, le général Loysel n'était guère plus heu- 
reux dans les siennes. 
Dès qu'il connut le texte de la 
convention de Versailles, qui assignait pour la
 péninsule du Havre une ligne de démarcation allant 
d'Etretat à Saint-Romain, il protesta contre cette clause 
par des télégrammes rendus publics et adressés coup 
sur coup au ministre de la guerre; il invoquait les 
arguments du statu quo  et de l'uti possidetis 
 dans 
une question ou, par malheur, il n'y avait d'autre juge 
que la force. 
On crut un instant que le Havre, comme 
Belfort, allait être exclu de l'armistice; sans doute 
les Allemands n'eussent pas mieux demandé, mais le 
général Loysel pouvait d'autant moins repousser les 
conditions du vainqueur, que le général Faidherbe 
lui-même dut livrer à l'ennemi Abbeville, avec une 
portion du territoire qu'il occupait et qu'il avait 
héroïquement défendu.  
Une simple démonstration de 
l'armée du Havre au moment de la bataille de Saint- 
Quentin l'eût rendue maîtresse de
 Rouen et de la 
Seine-Inférieure : n'étant pas sortie de ses lignes, 
elle s'y vit plus étroitement enfermée que jamais. 
Toutes les protestations du général Loysel ne furent 
qu'une occasion pour l'ennemi de se vanter d'avoir 
réduit son adversaire au silence en le menaçant de 
la reprise des hostilités : 
  auf dem  rechten Seineufer  
die Drohung der Wiederaufnahme  der
Feindseligkeiten nothwendig wurde, um die Bedingungen des
Waffenstillstandes anerkannt zu sehen. 
Malgré ces difficultés, 
		
	 les clauses relatives à l'application de l'armistice
 à l'armée du Havre furent
 ratifiées à Yvetot le 3 février.
	
les clauses relatives à l'application de l'armistice
 à l'armée du Havre furent
 ratifiées à Yvetot le 3 février. 
Le grand-duc de Mecklembourg s'engageait 
à ne pas laisser franchir par ses 
avant-postes une ligne qui, partant de Fécamp,
 passait par Ganzeville,
 Gonfreville, Bernières, Beuzevillette et la Trinité
 pour aboutir à Lillebonne.
 De son côté, le général Loysel
 ne devait pas dépasser la ligne qui, partant 
 de Saint-Jouin, passait par Mannevillette, Rolleville, 
 Saint-Martin-du-Manoir, 
 Gainneville et aboutissait à Rogerville. 
 
 
 Les deux armées se trouvaient 
 ainsi séparées par une zone neutre d'environ vingt kilomètres
 de largeur. 
 
On sait que sur la rive gauche de la Seine la
 division du général Saussier avait
 été dirigée sur Argentan et Ecouché, pour se relier au 19e corps.
 
 Elle formait
 ainsi l'extrême gauche du général Chanzy, et 
 elle garda ses positions
 pendant la marche du grand-duc
 de Mecklembourg; après le passage du XIIIe
 corps allemand, cette division se rabattit vers le nord
 en suivant le cours
 de la Dives, dont elle occupa le bassin moyen. 
 
 A la date du 25 janvier, le 
 général Saussier, 
 s'étendant par sa gauche, avait réparti ses troupes à 
 Coulibœuf, Pont-sur-Jort, où se trouvait le quartier
 général, Saint-Pierre
 sur Dives et Mézidon.
 De ce côté de la Seine, l'ambiguïté des clauses de l'armistice 
devait également faire naître des difficultés.
 Aux termes de la convention de Versailles, la démarcation
 était fixée par une
 ligne qui, partant de Pont-l'Evéque, 
 se dirigeait sur Lignières, au nord-est
 du département de la Mayenne.
 Pour avoir une ligne de démarcation complète, 
 il eût fallu la prolonger au nord de Pont-l'Évêque,
 ce qui eût laissé 
 Honfleur de notre
		
	 côté; mais comme les Allemands avaient l'intention 
de s'en emparer, ils imposèrent comme limite le 
cours de la Touques en aval de Pont-l'Évêque.
	
côté; mais comme les Allemands avaient l'intention 
de s'en emparer, ils imposèrent comme limite le 
cours de la Touques en aval de Pont-l'Évêque. 
Une 
conférence eut lieu à cet effet le 2 février, au château 
de Marolles, entre les délégués 
du général Dargent et 
ceux du grand-duc de Mecklembourg.
 En ce qui concernait
 l'occupation d'Honfleur, il s'éleva une 
 protestation inspirée par le générât Loysel et fondée sur ce 
que cette ville, située à sept kilomètres de la pointe 
du Hoc, se trouvait trop rapprochée du Havre pour 
être occupée par l'ennemi.
 Sauf ce point resté en 
litige, une convention fut conclue à
 Marolles, et l'on 
adopta pour la démarcation une ligne partant de 
Trouville et passant par Pont-FÉveque, la Motte, 
Saint-Julien-le-Faucon, Boissey, les Moutiers-en-Auge,
 Montabart et Saint-Hilaire-de-Briouze. 
Mézidon restait ainsi en dehors de la zone neutre; mais 
ce point stratégique avait perdu toute son importance, 
puisque ses
 communications par les embranchements de Falaise 
 et de Lisieux se trouvaient interrompues.
 Le général Saussier s'établit à Saint-Silvain, 
 puis à Fierville-la-Campagne; la ligne de ses 
avant-postes était déterminée par les villages 
d'Ecajeul, Percy-en-Auge, Escures, Sassy et Perrières; 
celle des avant-postes ennemis par les villages de
 Fiquefleur, Quettevilte, Saint-Léger, le Faulq, Firfol, 
Auquainville, Bellon et Saint-Germain-de-Mont- 
gommery. 
Lorsque la délimitation de la zone neutre fut arrêtée,
 l'ennemi opéra une nouvelle répartition de 
ses forces.
 Le XIIIe corps, jusque-là commandé par 
 le grand-duc de Mecklembourg, fut disloqué, et la 
22e division rejoignit le XIe corps d'armée dont elle 
		
	 avait été distraite.
	
avait été distraite.
 La 17e réunie à la Iere  armée, en même
 temps que la cavalerie de Rheinbaben, repassa en partie sur la rive gauche de la Seine, et le 
gros de cette division, sous les ordres du général 
major de Kottwitz, s'établit à Brionne. 
Un premier détachement, commandé par le colonel comte de 
Solms-Wildenfels et composé de deux bataillons du 76e, 
du 17e uhlans et d'une batterie, occupa Pont-Audemer, avec ses avant-postes
 à Fiquefeur, Beuzeville et Cormeilles. 
Un second détachement formé 
d'un bataillon du 76e et du 17e dragons, sous le colonel de Kahlden,
 tint garnison à Bernay avec ses 
avant-postes au Pin, à Firfol, à Saint-Martin-de- 
Bienfaite, se reliant à Orbec à un bataillon du 75e et 
à la 5e division de cavalerie, qui formait ainsi la gauche
 de la ligne d'observation.
 Le général major de Manteuffel, avec la 34e brigade d'infanterie, 
 prit position à Elbeuf où fut établi le quartier général de la 17e division.
 L'état-major du 75e régiment occupa 
Evreux avec des détachements à Broglie et à Laigle. 
Sur la rive droite de la Seine, les positions de 
l'ennemi étaient les suivantes :
Le major Detmering, 
avec le 14e bataillon de chasseurs, gardait Caudebec 
et Yvetot.
 Lillebonne, Lanquetot et Annouville-Vilmesnil étaient occupés chacun par un escadron du 
18e dragons; Fécamp par deux compagnies et un 
escadron. 
La brigade des dragons de la garde, cantonnée à Doudeville et aux environs, envoyait des 
détachements d'un escadron chacun sur le littoral, à 
Veulettes, Saint-Valery-en-Caux et Veules.
 Le général de Pritzelwitz avec sa division occupait Dieppe et 
la ligne du chemin de fer. 
	
	 Mouvements de concentration opérés par les
 deux partis pendant l'armistice
 Mouvements de concentration opérés par les
 deux partis pendant l'armistice 
 
Vers le milieu de février, nos armées de province 
		
	 durent opérer plusieurs mouvements de concentration.
	
durent opérer plusieurs mouvements de concentration. 
Tout le 19e corps s'ébranla pour aller reformer 
avec les débris du général Chanzy la dernière armée de la France;
 dans le Nord, le 22e corps fut embarqué à Dunkerque pour aller 
 rejoindre à Cherbourg l'armée de Bretagne. 
 
 Ces divers mouvements amenèrent dans l'armée du général de
 Goeben un déplacement correspondant. 
 
 II reçut l'ordre de se concentrer sur son aile gauche, en
 ne laissant dans le Nord que des forces en rapport avec les nôtres.
 Il  ne resta sur la Somme que le général de Barnekow avec la 16e
 division d'infanterie et l'artillerie à cheval, le comte 
 de Groeben avec la 3e division de cavalerie, et le prince
 Albert (fils) avec la 3e division de réserve.
 La 17e division d'infanterie se tint sur la rive droite
 de la Seine, à cheval sur le chemin de fer 
 de Rouen à Dieppe. 
 
 La 15e division fut dirigée sur Buchy et Saint-Saens. 
Le Ie corps d'armée et la 5e division de cavalerie s'établirent
 sur la rive gauche de la Seine dans les positions désignées plus haut.
	
	 Occupation d'Honfleur (23 février)
 Occupation d'Honfleur (23 février)  
 
 
 Jusque-là, Honfleur était resté dans la zone neutre; les Allemands 
 avaient paru renoncer à une occupation effective, moyennant le
 payement des contributions directes de cette ville; mais le 
 versement venait d'être fait, lorsqu'elle fut subitement envahie. 
 
 Dans la matinée du 23 février, le colonel de Rauch en prit possession
 à la tête d'un détachement composé d'un bataillon du 41e 
 régiment de la Prusse orientale, de deux escadrons du 17e 
 régiment de hussards de Brunswick et d'une batterie d'artillerie.
 De nouvelles protestations s'élevèrent contre cette violation de 
 l'armistice, mais il fallut bien se soumettre à la loi du plus fort. 
		
	 Malgré la suspension apparente des hostilités, les Allemands les 
continuèrent en frappant partout d'énormes contributions de
 guerre; Rouen ne devait pas payer
 moins de six millions et demi; Dieppe reçut des garnisaires; 
 partout des réquisitions écrasantes furent levées, et dans ce 
 nouveau genre d'opérations on vit la rapacité germanique aux
 prises avec la ténacité normande.
	
Malgré la suspension apparente des hostilités, les Allemands les 
continuèrent en frappant partout d'énormes contributions de
 guerre; Rouen ne devait pas payer
 moins de six millions et demi; Dieppe reçut des garnisaires; 
 partout des réquisitions écrasantes furent levées, et dans ce 
 nouveau genre d'opérations on vit la rapacité germanique aux
 prises avec la ténacité normande. 
De notre côté, on profita de l'armistice pour organiser et exercer nos troupes.
 Le Havre plus étroitement
 investi continua ses travaux de fortification passagère; 
on fit à la hâte quelques relèvements de 
terre d'un faible profit et d'un développement énorme, dirigés 
plutôt contre l'inaction de nos soldats que contre l'ennemi. 
On chercherait vainement aujourd'hui les vestiges de ces
 retranchements, dont il ne reste rien pour la défense 
 de la place, tandis qu'à peu de distance, sur la côte normande,
 on peut voir encore les travaux improvisés des 
 légions de César, ces camps romains qui, après plus
 de vingt siècles, font encore l'étonnement de la postérité. 
En résumé, vers la fin de février, le Havre, notre dernier 
point d'occupation sur la Seine, était cette 
fois sérieusement menacé; ses communications avec la rive 
gauche étaient rompues, Honfleur étant au pouvoir de l'ennemi. 
De ce côté du fleuve, le général Chanzy, après avoir d'abord 
songé à s'établir dans les lignes de Carentan, avait résolu 
plus tard de porter son quartier général à Poitiers pour barrer
 à l'ennemi la route de Bordeaux. La Normandie était désormais
 abandonnée, et la Bretagne n'avait plus pour se 
		
	 couvrir qu'une armée composée en grande partie des 
mobilisés du camp de Conlie. Dans le cas d'une 
reprise des hostilités, c'en était fait de l'Ouest de la France.
	
couvrir qu'une armée composée en grande partie des 
mobilisés du camp de Conlie. Dans le cas d'une 
reprise des hostilités, c'en était fait de l'Ouest de la France.
	
	 Signature des préliminaires de paix (26 février)
 Signature des préliminaires de paix (26 février)  
 
 
Telle était la situation militaire, lorsque l'armistice,
 prorogé d'abord jusqu'au 24 février à midi, le 
fut de nouveau jusqu'au 26 à minuit. 
Quelques heures après l'expiration de ce dernier délai, 
on apprit que les préliminaires du traité de paix
 avalent été signés et que notre ruine était consommée.
 Trahie par la fortune plutôt que par son courage,
 la France avait dû se voiler la face et voter la paix.
 Notre sol envahi; nos armées détruites ou captives; 
 cent mille de nos soldats, l'élite de la jeunesse, 
 sacrifiés sur les champs de bataille; nos villes et
 nos villages pillés et saccagés notre dette accrue de
 plus de cinq milliards, notre matériel dé guerre resté
 aux mains de l'ennemi; nos meilleures frontières tournées
 contre nous; deux de nos plus patriotiques provinces 
 violemment arrachées du sein de la mère patrie, voilà
 quels étaient les résultats d'une guerre follement déclarée
 et plus follement conduite.
 
Tels sont les événements dont l'Ouest a été le théâtre pendant la guerre allemande. 
...