Correspondances, décrets et proclamations

 
   


Général Louis d'Aurelle de Paladines
(1804 - 1877)

Source : "La Première armée de la Loire", général d'Aurelle de Paladines, Paris - Plon - 1872

 
 
Origine
destination
Dépêche - 13 octobre 1870 - 15h30 gouvernement de Tours  
Dépêche - 13 octobre 1870   ministre de la guerre et de l'intérieur Tours
Dépêche - 14 octobre 1870 Gambetta  
Dépêche - 15 octobre 1870 Gambetta  
Lettre - 18 octobre 1870 Pourcet  
Lettre - 20 octobre 1870   Pourcet
Dépêche - 21 octobre 1870 Gambetta  
Dépêche - 21 octobre 1870   Gambetta
Lettre - 25 octobre 1870   Martin des Pallières
Lettre - 27 octobre 1870 Freycinet  
Lettre - 29 octobre 1870 Freycinet  
Ordre général - 29 octobre 1870   Ordre du jour
Ordre général - 29 octobre 1870   Ordre du jour
Lettre - 2 novembre 1870  

Michaud.

Ordre général - 2 novembre 1870   Ordre du jour
Lettre - 4 novembre 1870 Borel  
Dépêche - 5 novembre 1870   Martin des Pallières
Lettre - 7 novembre 1870   Cathelineau
Ordre général - 7 novembre 1870   Ordre du jour
Ordre de mouvement - 8 novembre 1870   Ordre du jour
Ordre de mouvement - 10 novembre 1870   Ordre du jour
Dépêche - 10 novembre 1870   ministre de la guerre et de l'intérieur Tours
Ordre général - 16 novembre 1870   Ordre du jour
Lettre - 18 novembre 1870   ministre de la guerre
Lettre - 19 novembre 1870 Freycinet  
Lettre - 20 novembre 1870   Freycinet
Lettre - 20 novembre 1870 Gambetta  
Dépêche - 22 novembre 1870 Freycinet  
Dépêche - 23 novembre 1870   Freycinet
Dépêche - 23 novembre 1870 Freycinet  
Dépêche - 23 novembre 1870 Freycinet  
Dépêche - 24 novembre 1870 Crouzat  
Dépêche - 24 novembre 1870   Crouzat
Dépêche - 24 novembre 1870   Martin des Pallières
Dépêche - 24 novembre 1870 ministre de la guerre  
Lettre - 25 novembre 1870   ministre de la guerre
Dépêche - 26 novembre 1870 ministre de la guerre  
Dépêche - 29 novembre 1870 Freycinet  
Dépêche - 29 novembre 1870   ministre de la guerre
Dépêche - 1e décembre 1870 Crouzat  
Dépêche - 1e décembre 1870 Chanzy  
Dépêche - 1e décembre 1870 ministre de la guerre  
Dépêche - 2 décembre 1870   ministre de la guerre
Dépêche - 2 décembre 1870 Gambetta  
Rapport - 3 décembre 1870 Crouzat  
Dépêche - 3 décembre 1870 Freycinet  
Dépêche - 4 décembre 1870_4h   ministre de la guerre
Dépêche - 4 décembre 1870_5h Freycinet  
Dépêche - 4 décembre 1870_8h   ministre de la guerre
Dépêche - 4 décembre 1870_11h55   ministre de la guerre
Dépêche - 4 décembre 1870_11h15 ministre de la guerre  
Dépêche - 4 décembre 1870_1h35soir ministre de la guerre  
Dépêche - 4 décembre 1870_5hsoir   ministre de la guerre
Dépêche - 6 décembre 1870 ministre de la guerre  
Dépêche - 6 décembre 1870   ministre de la guerre
Dépêche - 7décembre 1870_4h   ministre de la guerre
 
Origine
destination

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Dépêche - 13 octobre 1870 - 15h30

Intérieur et guerre à général d'Aurelle de Paladines.

Tours, 13 octobre, trois heures trente du soir.

Prenez en main le commandement en chef des 15e et 16e corps.
Nous vous donnons pleins pouvoir vis-à-vis de l'arsenal de Bourges, vis-à-vis des préfets et vis-à-vis des populations, pour vous procurer armes, munitions, approvisionnements de toutes sortes, et même travailleurs pour exécuter les travaux de défense.
Vous commandez également en chef les commandements supérieurs régionaux de l'Ouest et du Centre, et vous disposez de tous leurs moyens militaires.
L'artillerie du 16e corps a quatre batteries toutes prêtes de 12, à Angers, et trois batteries de 4, à Tours.
La cavalerie du 16e corps a deux brigades prêtes, dont la brigade Tripart, entre Vendôme et Tours.
Enfin, vous recevrez de Tours toutes les troupes disponibles au fur et à mesure qu'elles arriveront.
Avec tous ces moyens, vous ferez les plus grands efforts pour arrêter et même refouler l'ennemi sur les deux routes de Tours à Orléans et de Tours à Châteaudun.
Action prompte et énergique. Accusez réception par télégraphe de cette dépêche.

Dépêche - 13 octobre 1870

Le général d'Aurelle au ministre de la guerre et de l'intérieur.

La Ferté-Saint-Aubin, 13 octobre 1870.

J'ai reçu les deux dépêches que vous m'avez adressées dans la journée. La première demande des rapports dont je n'ai pu encore réunir les éléments.
Celle relative à la réunion des commandements des 15e et 16e corps d'armée et des commandements supérieurs de l'Ouest et du Centre, demande un peu de réflexion.
J'ai mesuré les difficultés de bonne exécution et de responsabilité de ces divers commandements. Leur action est trop étendue, les moyens de com munication sont presque impossibles, et tendent chaque jour à le devenir davantage.
Un tel travail demanderait un personnel considérable. La formation du 16e corps d'armée ne fait que commencer. Les soins à donner au commandement de deux corps d'armée, en présence d'un ennemi audacieux et entreprenant, rendraient par trop difficile une tâche dont je comprends toute l'importance. Il conviendrait donc de la réduire au commandement du 15e et du 16e corps, en vous réservant les rapports avec les préfets et les commandants supérieurs régionaux.
L'occupation d'Orléans par des forces considérables rend l'ennemi maître des deux rives de la Loire, puisque tous les ponts, depuis Châteauneuf jusqu'à Blois, sont coupés, à l'exception de celui d'Orléans, gardé par une formidable artillerie.
D'un autre côté, Monsieur le ministre, les engagements qui ont eu lieu jusqu'ici démontrent qu'on ne peut compter encore sur la solidité de nos jeunes soldats, malheureusement trop disposés à l'indiscipline et à lâcher pied devant l'ennemi.
J'attends vos ordres.

Signé : général d'Aurelle

Dépêche - 14 octobre 1870

Guerre à général d'Aurelle , à la Ferté-Saint-Aubin.

Puisque vous le désirez, bornez-vous au com mandement des 15e et 16e corps d'armée, et nous nous chargerons des rapports avec les préfets et les commandants supérieurs régionaux. Ces pouvoirs étendus vous avaient été donnés pour vous faciliter la tâche.

Dépêche - 15 octobre 1870

Guerre à général d'Aurelle

Ne passez pas la Loire, mais manoeuvrez au mieux, en vous maintenant le plus longtemps possible, de manière à couvrir Vierzon d'abord et ensuite Bourges. La conservation de Bourges doit être votre objectif principal et définitif. Cet ordre a été délibéré en conseil.

Signé : Léon Gambetta

Lettre - 18 octobre 1870

Le général Pourcet au général d'Aurelle.

Blois, 18 octobre 1870.

Mon général,
J'ai déjà eu l'honneur, par mon Par mon télégramme de vous annoncer que j'ai été nommé au commandement du 16e corps d'armée. J'ai accepté avec empressement le désir du ministre que je vous restasse subordonné pour les actions de guerre où le 16e corps aura à coordonner ses mouvements et ses efforts avec ceux du 15e corps.
Je suis arrivé ici et je n'y ai trouvé que peu de troupes. Elles m'arrivent successivement, mais malheureusement très-peu organisées et péchant surtout par le défaut de discipline. Elles manquent des choses les plus essentielles, et je suis sans munitions, malgré mes réclamations réitérées de tous les jours.
J'ai à Blois, en ce moment, 7000 hommes d'infanterie, et en avant de Blois, entre Saint-Laurent-des-Eaux et la Ferté Saint-Aignan, sur la rive gauche, un bataillon de chasseurs à pied de 950 hommes.
Ma cavalerie est au complet depuis hier au soir ; elle est échelonnée entre Blois et Mer, avec de forts détachements sur la rive gauche de la Loire.
Je n'ai encore qu'une batterie d'artillerie (de 4 rayé), mais j'en attends demain six autres batteries, dont deux batteries légères, ce qui me donnera un total de sept batteries. J'attends aujourd'hui la brigade Gaulard (infanterie).
En résumé, à partir de demain soir, j'aurai sous la main la brigade d'infanterie Deplanque, (7000 hommes), la brigade Gaulard, (d'environ 8000 hommes), 7 batteries d'artillerie, 42 pièces.
Les six régiments de cavalerie de la division du général Ressayre, environ 2500 chevaux.
Malheureusement, beaucoup de ces troupes n'ont point tout ce qui leur est nécessaire, et j'ai rendu compte au ministre de tous leurs besoins, sans qu'aucune satisfaction ait pu m'être donnée.
II leur manque notamment des équipages régimentaires, des ambulances, et surtout, ce qui est beaucoup plus grave, je n'ai absolument aucune réserve de cartouches d'infanterie, soit pour chassepots, soit pour fusils à percussion, et on ne répond même pas à mes demandes réitérées à cet égard.
La question est d'autant plus importante que je reçois à l'instant même du ministre l'ordre télégraphique de porter mon corps en avant, sur la rive droite de la Loire. Je compte par suite me porter du côté de Mer. Recevez, etc.

Signé : Pourcet.

 

 

Lettre - 20 octobre 1870

Le général d'Aurelle au général Pourcet.

Salbris, 20 octobre 1870.

Mon cher général,
Je suis heureux de vous avoir pour coopérateur il dans l'accomplissement de la lourde tâche qui m'est imposée.
Relever le moral du soldat, ramener la discipline dans l'armée, arrêter l'invasion et, avec l'aide de Dieu, repousser l'ennemi du sol de la patrie, tel est notre but. C'est un noble devoir, qui réclame tous nos efforts.
Ayant été tout d'abord appelé au commandement du 16e corps d'armée, je sais par moi-même l'insuffisance des moyens d'action dont vous pouvez disposer en ce moment.
Cependant j'apprends avec plaisir que vous avez déjà sous la main, à Blois et dans les environs, deux brigades d'infanterie, six régiments de cavalerie et sept batteries, c'est-à-dire environ dix-sept mille hommes et quarante-deux pièces.
Parmi les officiers généraux que vous avez sous vos ordres, je vous signale le général Tripart, commandant une brigade de cavalerie, comme un officier énergique et dévoué.
Hâtez, autant qu'il vous sera possible, l'organisation et la réunion de vos forces ; tenez-moi au courant de votre situation numérique et de vos besoins, j'appuierai de tout mon pouvoir, auprès du ministre, les demandes de troupes, de matériel et de munitions que vous croirez devoir faire, et je vais, dès aujourd'hui, lui écrire au sujet de tout ce qui vous manque et dont vous m'avez entretenu.
Envoyez-moi un état de vos forces, en officiers et troupes de toutes armes, en m'indiquant leurs divers emplacements.
Je vous recommande, en dernier lieu, de me faire savoir bien exactement les mouvements que vous serez appelé à faire faire à vos troupes, afin qu'il me soit possible de donner, suivant les intentions du ministre, une direction d'ensemble à nos diverses opérations. Recevez, etc.

Signé : général d'Aurelle

Dépêche - 21 octobre 1870

Guerre à général d'Aurelle.

Tours, 21 octobre 1870.

Détachez de votre aile gauche une dizaine de mille hommes, et envoyez-les à marche forcée sur Blois, à la disposition du général Pourcet. Il est bien entendu que le corps détaché comprend sa cavalerie et son artillerie. Informez Pourcet de l'heure probable de l'arrivée de ces troupes à Blois.

Dépêche - 21 octobre 1870

Général d'Aurelle à Guerre, Tours.

Salbris, 21 octobre 1870.

La 1e brigade de la 3e division, forte de 11200 hommes, avec trois batteries de 4, partira ce soir à cinq heures pour se rendre à Blois, où elle arrivera après-demain, dans la matinée, sous les ordres du général Peytavin. Cette division n'a pas de cavalerie, je n'ai ici que la division Reyau, que je suis forcé de conserver en entier.

Lettre - 25 octobre 1870

Le général d'Aurelle au général Martin des Pallières.

Salbris, 25 octobre 1870.

Mon cher général,

Je rentre de Tours, et je me hâte de vous donner connaissance de ce qui a été décidé.
Et d'abord, le mouvement se fera par Blois et non par Gien. Après deux heures de discussion, on a fini par être d'accord sur ce point.
Dans tous les cas, votre rôle reste le même, vous êtes chargé d'attaquer Orléans par l'amont et la rive droite.
D'après tous les rapports, il ne paraît pas y avoir dans Orléans ou les environs plus de 65,000 hommes. Il est possible même que ce chiffre soit exagéré.
Voici l'ensemble du mouvement des deux divisions du 15e corps et des troupes du 16e, chargées d'opérer en aval de la ville.
26 octobre, préparatifs.
27 et 28 octobre, transport des troupes sur Vendôme et sur Mer.
Le 28 au soir, les troupes occuperont les positions suivantes :
Division Peytavin, du 15e corps (temporairement sous les ordres du général Pourcet); Marchenoir, Saint-Léonard, Oucques et Viévy-le-Rayé.
16e corps concentré entre Plessis-l'Échelle, Roches, Concriers, Séris et la Madeleine. La 2e division du 15e corps, Martineau des Chenez, à Mer et ses environs.
Le 29, les troupes occuperont l'espace compris entre Ouzouer-le-Marché et Beaugency.
Le 30, entre les Barres, sur la route de Châteaudun, et la Chapelle.
Le 31, attaque d'Orléans, en menaçant la ligne de retraite de l'armée allemande par la route de Paris.
Les treize régiments de cavalerie seront sur notre gauche du côté de Patay le 30, et du côté d'Artenay le 31, pour couper la route.
Si pendant ce mouvement les troupes ennemies, venant de Chartres, s'avançaient contre nous avant que nous fussions à Orléans, nous, nous retournerions pour marcher au-devant d'elles. Nous tâcherons de vous faire prévenir à temps, si ce dernier mouvement s'effectue mais, dans tous les cas, vous ne devez pas moins vous avancer sur Orléans, afin d'empêcher les troupes prussiennes qui sont dans cette ville de venir nous prendre à revers.
On dit la forêt sillonnée par de longues tranchées et des abatis. Je ne sais ce qu'il y a de vrai dans tout cela. Renseignez-vous avec soin, de manière que vos mouvements puissent concorder avec ceux des 15e et 16e corps d'armée.
Dans votre marche sur Orléans, et au moment de l'attaque que vous avez à faire, agissez d'après les circonstances, les renseignements que vous pourrez vous procurer, et d'après les indications que je vous donne dans cette lettre sur nos mouvements probables.
Dans tous les cas, tenez-moi tous les jours au courant de votre position et de votre situation, et écrivez-moi plusieurs dépêches par jour si cela est nécessaire.
De mon côté, je vous tiendrai au courant de tout ce qui pourra vous intéresser.
Requérez le service télégraphique d'avoir à rétablir les lignes derrière vous, au fur et à mesure que vous avancerez du côté d'Orléans.

Recevez, etc. Général d'Aurelle.

Lettre - 27 octobre 1870

Tours, 27 octobre 1870.

Général,

Aussitôt que votre armée sera à Orléans (si Dieu veut qu'elle y arrive), et sans perdre un instant, vous donnerez des ordres pour établir un camp fortifié autour de cette ville, pouvant contenir de 150 à 200 000 hommes.
On devra immédiatement fortifier et armer tous les points donnant de bonnes défenses, de manière que votre armée installée là puisse défier tous les efforts des armées prussiennes, si elles tentaient de vous déloger. Constituez à Orléans un point d'arrêt défensif à la marche de l'ennemi.
Recevez, etc.
Signé : de Freycinet.

Lettre - 29 octobre 1870

Tours, 29 octobre 1870.

Général,

Ainsi que M. Gambetta vous l'a télégraphie cette nuit, nous avons dû, en présence de votre dépêche d'hier au soir, dix heures vingt, renoncer à la magnifique partie que nous nous préparions à jouer et que, selon moi, nous devions gagner. Mais puisque nous devons renoncer à vaincre étant deux contre un, alors qu'autrefois on triomphait un contre deux, n'en parlons plus, et tâchons de tirer le meilleur parti possible de la situation.
Vous savez façonner et constituer une armée vous l'avez prouvé à Salbris. Employez vos talents à pétrir et réorganiser en une seule masse les cinq divisions que vous avez actuellement autour de Blois. Amenez-y la discipline et la tenue que vous aviez su obtenir dans le 15e corps. Que ce soit bientôt un seul corps compacte et vigoureux de soixante-dix mille hommes. Quant au général Pourcet, il recevra une autre destination. Dès ce soir, vous en serez avisé. Il ne sera pas remplacé, à moins que vous n'en fassiez la demande, afin de vous faciliter l'oeuvre de refonte que vous allez entreprendre sur vos cinq divisions ainsi placées directement sous votre main.
Lorsque vous vous sentirez en état de marcher vers les Prussiens, vous nous le direz. En attendant, soyez vigilant, fortifiez vos positions, ayez l'œil sur la région entre Blois et Salbris, afin d'éviter une marche de l'ennemi vers Tours et Vierzon.

Agréez, général etc.
Le délégué de la guerre,
C. de Freycinet

Ordre général - 29 octobre 1870

Ordre général.

Grand quartier général de Blois, 29 octobre 1870.

A partir d'aujourd'hui et jusqu'à nouvel ordre, la 3e division d'infanterie du 15e corps (général Peytavin) et la 2e division d'infanterie du 16e corps (général Barry), seront sous le commandement du général Pourcet.
La 2e division du 15e corps (général Martineau des Chenez) et la 1e division du 16e corps (général Chanzy), seront sous le commandement immédiat du commandant en chef, qui leur donnera directement des ordres.

Signé : général d'Aurelle.

 

Ordre général - Emplacements de l'armée de la Loire - 29 octobre 1870

Ordre général.

Grand quartier général de Blois, 29 octobre 1870.

Demain, 30 du courant, les troupes de l'armée de la Loire se mettront en marche dès le matin, pour aller prendre les positions suivantes :
La 1e division du 15e corps (général Martin des Paillières) restera à Argent.
La 2e division du même corps (général Martineau des Chenez) sera placée entre Villorceau et Beaugency, ayant un régiment à Josnes et occupant fortement en avant, Messas, Cravant et Beaumont.
La 3e division du même corps (général Peytavin), 1e brigade entre les Roches et Plessis-l'Échelle ; 2e brigade entre Plessis-l'Échelle et Marchenoir. Cette division occupera fortement par des avant-postes, Lorges, Poisly et Saint-Laurent-des-Bois.
La 1e division du 16e corps (général Chanzy), entre Saint-Léonard et Viévy-le-Rayé, ayant de forts avant-postes à Autainville, la Colombe, le Jaunet et Écoman.
La 2e division du 16e corps (général Barry), entre Maves et Pontijoux.
La division de cavalerie Reyau, à Foussard.
La division Ressayre conservera son campement à Oucques, et enverra une brigade en reconnaissance à Ouzouer-le-Marché, avec une section d'artillerie.
La division Michel fera séjour à Mézières.
La réserve d'artillerie du 15e corps restera à Mer, ainsi que le parc du génie et de l'artillerie.
La réserve d'artillerie du 16e corps à Pontijoux.
Le grand quartier général à Mer.

Signé: général d'Aurelle.

 

Lettre - 2 novembre 1870

Le général d'Aurelle au général Michaud.

Mer, 2 novembre 1870.

Mon cher général,

Pendant que l'armée se trouve en avant de Blois, il importe que tous nos moyens concourent au même but, que toutes les forces locales soient sous la même direction que celles de l'armée.
Si je suis bien renseigné, vous avez à votre disposition comme forces locales,
Sur la rive gauche du fleuve :
M. de Cathelineau avec 350 francs-tireurs et 25 éclaireurs à cheval;
Un bataillon de mobiles de la Dordogne, sous les ordres du commandant Marty, fort de 200 hommes, auxquels se sont réunis 60 francs-tireurs des Alpes- Maritimes, commandés par M. Legros, ancien officier de marine; enfin, la garde nationale de Saint- Laurent-des-Eaux, sous les ordres de M. Paul Gaillard.
Sur la rive gauche, se trouve encore le 3e bataillon de marche de chasseurs à pied qui fait partie de la brigade Bourdillon, et un escadron du 4e régiment de marche de dragons.
J'envoie demain une brigade d'infanterie et une batterie d'artillerie à Muides, sur la rive gauche; je vous prie de faire prévenir ces forces auxiliaires de se mettre en communication avec le général Rébillard, qui commande cette brigade.
Si vous pouviez aller jusqu'auprès du général Rébillard, pour lui donner tous les renseignements que vous possédez sur la nature du pays, ses moyens de défense, et le parti qu'on peut tirer des obstacles du terrain, vous faciliteriez considérablement la tâche que j'ai confiée à cet officier général, laquelle consiste à défendre la rive gauche de la Loire.
Sur la rive droite de la Loire, vous avez :
Deux bataillons de Loir-et-Cher, qui sont dans la forêt de Marchenoir à Morée et dans ses environs (commandants Clauzel et de Montlaur).
Un bataillon de mobiles du Gers à Cloyes.
Un bataillon de mobiles du Gers à Mer et ses environs.
Un bataillon de mobiles de Maine-et-Loire (commandant de la Vingtrie), également à Mer et ses environs.
Pour ces cinq bataillons, qui dépendent du commandement territorial de Blois, il me paraît indispensable qu'ils passent sous les ordres du commandement des forces militaires actives. Je vous invite donc à donner l'ordre à chacun des chefs de ces cinq bataillons, de se mettre en communication, le plus tôt possible, avec M. le général Chanzy, commandant le 16e corps à Marchenoir, qui assignera à chacun d'eux les points sur lesquels ils devront s'établir, et leur donnera des instructions pour leurs opérations.
Transmettez, si c'est nécessaire, par le télégraphe, vos ordres aux deux chefs de bataillon de mobiles qui sont à Mer. Une ligne télégraphique a dû être établie entre Blois et Marchenoir, usez-en pour prévenir les autres bataillons. Quant aux francs-tireurs de Seine-et-Marne et de Paris, ils sont déjà en communication avec le commandant du 16e corps d'armée.

Recevez, etc.

Signé: général d'Aurelle.

 

Ordre général - Emplacements de l'armée de la Loire - 2 novembre 1870

Ordre général.

Mer, 2 novembre 1870.

La 3e division du 15e corps (général Peytavin), momentanément placée sous les ordres du général Pourcet, et la 1e division du 16e corps (général Chanzy), temporairement placée sous les ordres directs du général en chef, reprennent leurs places de bataille dans leurs corps d'armée respectifs.
Demain 3 novembre, les troupes de l'armée de la Loire iront occuper les positions désignées ci-après :

Le grand quartier général ira s'établir au château de Diziers, près de Suèvres.

15e corps d'armée :
1e division d'infanterie reste à Argent.
2e division d'infanterie : 1e brigade à Mer, avec deux batteries d'artillerie ; 2e brigade à Muides, sur la rive gauche, avec une batterie d'artillerie.
3e division d'infanterie : 1e brigade, entre Villexanton et MorviIIiers ; 2e brigade, entre la Chapelle-Saint-Martin et Villiers.

Division Reyau :
Brigade de cuirassiers, à Suèvres ;
Brigade Longuerue, à Mer;
Brigade Boério, à Mer.
Réserve, parc d'artillerie et parc du génie, à Suèvres.

16e corps d'armée :
Quartier général à Marchenoir. 1e division (Barry), à Pontijoux.
2e division (Deplanque), en arrière de la forêt, avec une brigade de la division Ressayre pour garder la forêt.
2e brigade de la division Ressayre, entre Pontijoux et Maves.

Le général commandant le 16e corps examinera si toute la division est nécessaire, ou si une seule brigade ne pourrait pas suffire pour le service de la forêt.
Dans ce cas, une brigade pourrait être placée au point intermédiaire entre Pontijoux et Marchenoir.
La réserve d'artillerie et le parc du 16e corps à Pontijoux.

 

Lettre - 4 novembre 1870

Diziers, 4 novembre 1870.

Mon général, Vous m'avez fait l'honneur de me demander mon avis au sujet d'une tentative à faire sur Orléans pour occuper cette ville, et de vous préparer les détails d'exécution d'un projet conçu dans ce sens.
La question a une si haute importance, que, contrairement aux usages reçus entre le général en chef et son chef d'état-major, je crois devoir consigner mon avis par écrit.
Lorsque, le 26 du mois dernier, il fut arrêté entre le gouvernement et le commandant en chef de l'armée de la Loire, qu'on marcherait sur Orléans, nous nous trouvions dans les conditions suivantes :
L'ennemi, maître d'Orléans, pouvait avoir environ 70 000 hommes détachés de l'armée de Paris, avec 180 pièces de canon. On voulait profiter du moment où il avait porté une bonne partie de ses forces dans l'Ouest, pour tomber sur Orléans avec toutes les troupes de l'armée de la Loire, occuper cette ville, y établir un camp retranché en y amenant une puissante artillerie, de manière à rester maître de cette position si importante, d'où l'on aurait protégé Tours, Vierzon et Bourges.
Ce projet bien conçu, qui pouvait non-seulement réussir, mais encore amener de beaux résultats, n'a pu être exécuté pour plusieurs motifs, dont le principal a été des pluies battantes tombées plusieurs, jours de suite, qui en détrempant fortement les terrains ont rendu impossible l'action de notre artillerie, sur laquelle nous comptions beaucoup pour lutter contre celle de l'ennemi, qui était en position.
Depuis lors, un fait immense est venu modifier profondément notre situation. Metz a capitulé, l'armée du prince Charles est devenue disponible, et il faut s'attendre, d'ici à quelques jours, à avoir 100 000 hommes de plus sur les bras.
Avec la certitude de l'arrivée prochaine de ces puissants renforts à l'ennemi, Orléans doit-il rester toujours notre objectif ?
Sans doute, bien que cela soit aujourd'hui moins facile qu'il y a quinze jours, nous pouvons encore avoir l'espoir d'arriver à Orléans, tant que le prince Charles est éloigné; mais en supposant que nous réussissions à occuper cette ville dans ce moment, pourrons-nous la garder ? Telle est la question qu'il faut se poser et à laquelle, pour mon compte, je réponds négativement.
Nous ne pourrons pas rester à Orléans, parce que nous n'aurons probablement pas le temps de nous y établir assez solidement; mais eussions-nous le temps de faire les travaux nécessaires, il est très probable qu'ils deviendraient inutiles. Supposons en effet que le prince Charles vienne déboucher sur Nevers en venant joindre ses forces à celles qui, déjà maîtresses de Dijon, s'avancent dans la direction d'Autun: L'armée qui serait à Orléans n'aurait qu'une chose à faire, ce serait de battre immédiatement en retraite en descendant la Loire, car la route de Vierzon serait déjà trop dangereuse pour elle. Pour peu qu'elle tardât à faire ce mouvement, elle s'exposerait à être coupée, à être rejetée sur la rive droite de la Loire, et dans ce cas, il serait à craindre qu'on vît encore une fois dans cette guerre un nouvel exemple d'une armée tournée et enveloppée avec les désastreuses conséquences qui en découlent.
En résumé, à mon avis, dans les circonstances actuelles, Orléans ne nous est plus utile et peut être même dangereux pour nous, et par suite, je me demande s'il y a lieu de tenter une opération ayant pour but de l'occuper, opération qui peut ne pas réussir, et qui, étant même couronnée de succès, ne nous donnera aucun résultat.
Je dis qu'Orléans ne nous est plus utile, et que son occupation ne produirait aucun résultat, parce que nous ne pourrions pas garder cette ville. Dans ma conviction, j'ai le regret de le dire, avec les renforts que va recevoir l'ennemi, l'armée de la Loire ne saurait continuer, sans s'exposer à se laisser déborder par sa droite, et à être rejetée définitivement sur la rive droite de la Loire, à manœuvrer entre Orléans, Gien, Salbris et Blois, comme elle l'a fait jusqu'à présent.
Impuissante à défendre le pays contre l'armée ennemie grossie des troupes du prince Charles, qui s'avancent vers l'ouest, pour pouvoir continuer la guerre, il faut qu'elle ait sa ligne de retraite assurée sur le centre de la France.
Plus elle remontera vers le nord, plus elle sera exposée à se voir couper de sa véritable ligne de retraite. Par suite, tout mouvement sur Orléans est un mouvement faux, à moins qu'on n'ait pas l'intention de garder cette ville; et, dans ce cas, pourquoi l'exposer aux conséquences d'une lutte qui se fera surtout avec l'artillerie, et qui produira nécessairement de graves dégâts?

Dépêche - 5 novembre 1870

Général d'Aurelle à général des Paillières, à Argent.

Diziers, 5 novembre 1870.

Je reçois du ministre de la guerre l'ordre de faire le mouvement primitivement convenu.
Je vous transmets cet ordre. Prévenez Maurandy, Faites-moi connaître le jour où vous pourrez arriver à Orléans, afin que je règle mon mouvement sur le vôtre.

Lettre - 7 novembre 1870

Le général en chef à M. de Cathelineau.

Diziers, 7 novembre 1870.
Mon cher commandant,
Je prépare un mouvement qui nécessite la concentration de toutes mes forces; en conséquence, je donne l'ordre à la brigade Rébillard, que j'avais envoyée sur la rive gauche, de repasser sur la rive droite.
Vous allez donc être réduit à vos propres ressources, c'est-à-dire à vos volontaires vendéens et au 3e bataillon de mobiles. Réglez vos opérations en conséquence.
Je crois devoir vous faire connaître que nous allons faire un mouvement sur Orléans, avec quatre divisions des 15e et 16e corps, opérant sur la rive droite, et une division du côté de Gien, avec environ 25 000 hommes. L'ennemi prévenu de ce double mouvement, et se sentant menacé de deux côtés, aurait, dit-on, évacué Orléans, où il se voyait exposé à être enveloppé.
Pour concourir à ce mouvement, je donne l'ordre au général Faye, qui est à Salbris avec 6 à 7000 hommes, de se porter en avant de manière à arriver, le 10 au soir, à la Ferté-Saint-Aubin. C'est la veille du jour où nous espérons pouvoir arriver à Orléans, afin que le 11 il continue son mouvement sur cette ville.
J'ai recommandé au général Faye de se mettre en relation avec vous, dès qu'il sera à hauteur de la Ferté. Il importe que vous gardiez pour vous seul le secret de cette opération.
Recevez, etc.
Général d'Aurelle.

Ordre général - 7 novembre 1870

Ordre général

Château de Diziers, 7 novembre 1870.

Demain 8 novembre, les troupes des 15e et 16e corps se mettront en marche dès le matin, pour aller occuper les emplacements suivants :

15e corps. Etat-major général à Poisly.
2e division : 1e brigade, entre Villevert et Cravant; 2e brigade, entre Messas et Beaumont;
3e division : La droite aux Rilly, la gauche au château du Coudray;
Réserve d'artillerie, à Ourcelle; Parc d'artillerie, à Séris; Parc du génie, à Poisly; Brigade de cavalerie Boério, à Montsouris.

16e corps. Les deux divisions d'infanterie, entre le château du Coudray et Ouzouer-Ie-Marché.
Les divisions de cavalerie Reyau du 15e et Ressayre du 16e corps, sous les ordres du général Reyau, à gauche d'Ouzouer- le-Marché, vers Prénouvellon.

Signé : Général d'Aurelle.

Ordre de mouvement - 8 novembre 1870

Ordre de mouvement

Demain 9 novembre, réveil à cinq heures du matin. Pas de sonneries. On mangera la soupe à sept heures et demie, et on partira à huit heures.
La 2e brigade de la 2e division (Rébillard), avec deux batteries, ira s'établir entre les Monts et le Bardon, à droite, et le château de la Touanne, à gauche.
La 3e division (Peytavin), soutenue au besoin par la réserve d'artillerie du 15e corps et la 1e brigade de la 2e division (Dariès) formant la réserve, enlèvera Baccon et le château de la Renardière. Dans le cas où ces deux points ne seraient pas défendus ainsi que le château du Grand-Lus, elle s'établira entre ce dernier château et celui de la Renardière, ayant derrière elle la brigade de réserve et la réserve d'artillerie du 15e corps.
Si Baccon était fortement occupé et sérieusement défendu, le général commandant la 3e division attendrait, pour l'attaquer, la réserve d'artillerie du 15e corps.
Enfin, si les châteaux de la Renardière et du Grand-Lus opposaient une grande résistance, on attendrait que le 16e corps attaquât en même temps Coulmiers, pour agir simultanément.
La 1e brigade de la 2e division (Dariès), destinée à former la réserve du 15e corps, se portera vers Thorigny, pour se placer en arrière de la 3e division, dont elle suivra le mouvement en avant.
La réserve d'artillerie suivra le mouvement de cette brigade, en passant par Cravant. Le parc d'artillerie se rendra à Saint-Laurent-des-Bois, en passant par Lorges et Poisly.
La brigade Boërio suivra le mouvement de la 3e division, et ira s'établir vers Baccon.
Le général commandant en chef le 16e corps a reçu des instructions pour faire un mouvement tournant vers la gauche, soutenu par dix régiments de cavalerie et 6 batteries qui, avec quelques corps francs, doivent chercher à déborder la droite de l'ennemi.
La droite du 16e corps sera à Coulmiers.
Le général commandant le 16e corps donnera au général Reyau, commandant la cavalerie, les instructions nécessaires pour son mouvement de demain.
Les troupes du 15e corps ne s'installeront au bivouac, sur les endroits ci-dessus indiqués, que lorsqu'elles en recevront l'ordre.
Le général en chef recommande instamment aux généraux de division et de brigade d'être en relation constante avec les divisions voisines de droite et de gauche, afin de se prêter un mutuel appui. Il recommande également de marcher sur plusieurs colonnes, afin de pouvoir se déployer plus facile- ment au besoin.
En raison de la proximité de l'ennemi, il importe de redoubler de soins pour l'établissement des grand gardes et des postes avancés.
Lorsque les bivouacs seront installés, les généraux de division et de brigade devront établir des postes de correspondance, pour communiquer avec leurs voisins et le quartier général.
Toutes les fois que cela sera possible, on se complétera en vivres (trois jours d'avance, sans compter la journée courante).
Le quartier général de demain sera indiqué plus tard.

Au quartier général à Poisly, 8 novembre 1870. Le général commandant en chef les l5e et 16ecorps,
Signé : d'Aurelle.

 

Ordre de mouvement - 10 novembre 1870

Quartier général du Grand-Lus, 10 novembre 1870.

Aujourd'hui, 10 novembre, et dès qu'on le pourra, on touchera un jour de vivres et on se complétera en munitions.
Le général de Blois enverra aux batteries divisionnaires et à celles de la réserve, sur les emplacements qu'elles occupent, les munitions nécessaires; quatre batteries de réserve à Grand-Lus ou Coulmiers, deux batteries de 4 à la Renardière, deux batteries de 4 à Coulmiers.
On se tiendra prêt à prendre les armes à dix heures, pour faire les mouvements suivants :
La 2e brigade de la 2e division (général Rébillard) ne laissera qu'un régiment au château de la Touanne, et portera les deux autres à la Renardière, pour y relever la 1e brigade de la division Peytavin.
La 1e brigade de la 3e division s'établira en réserve, en arrière de Coulmiers, à cheval sur la grande route, à un kilomètre en dehors du village.
La 2e brigade de la 3e division (Martinez) occupera le château de Lus avec un régiment, et placera les deux autres à Coulmiers.
La brigade Dariès se portera à Ormeteau et se mettra à la disposition du général commandant le 16e corps, dont le quartier général est à Saint-Péravy.
Les quatre batteries de la réserve se porteront à Coulmiers.
La brigade de cavalerie Boërio conservera son emplacement près de la Renardière.
Le commandant du 16e corps d'armée donnera les ordres nécessaires pour le dit corps.
Le parc d'artillerie restera à Baccon.
Celui du génie prendra son campement à Coulmiers.
Le grand quartier général est actuellement au Grand-Lus, pour la matinée.
Signé Général d'Aurelle.

Dépêche - 10 novembre 1870

Le général d'Aurelle à ministre de la guerre, Tours.
Château du Grand-Lus, 10 novembre 1870.

La bataille livrée hier contre les Prussiens, qu'on peut appeler bataille de Coulmiers, parce que l'effort fait sur ce point à été désespéré, a donné des résultats qui ont dépassé toutes mes espérances. Meung, Saint-Ay, toute la rive gauche et la rive droite jusqu'à Orléans sont évacués.
Orléans n'a plus dans ses murs d'autres Prussiens que des traînards, des hommes débandés qui s'y rendent de tous côtés pour ne pas tomber entre nos mains ils sont prisonniers.
J'aurais pu occuper cette ville dès ce matin, je n'ai garde de le faire encore. J'espère que la division des Pallières nous joindra ce soir ou demain matin. Je me place à cheval sur la route de Paris, prêt à recevoir l'armée prussienne renforcée par celle qu'on dit venir de Chartres. L'armée est heureuse des éloges que vous lui avez envoyés au nom du gouvernement.
J'enverrai ce soir ou demain matin un régiment et un officier général à Orléans, avec le titre de commandant supérieur, pour y organiser les services militaires.
Faites continuer la ligne du chemin de fer de Beaugency à Orléans.
Le moral des troupes est décuplé.
Signé Général d'Aurelle.

Ordre général - 16 novembre 1870

L'ensemble du projet de défense est basé sur une forte occupation de la forêt et sur une ligne de retranchements et de batteries qui, partant de Chevilly, va aboutir vers le village de la Chapelle, en passant par Gidy, Boulay, les Ormes et le Bout- de-Coute.
Mais avant de se retirer dans cette position, il y a lieu de tenir une ligne d'avant-postes fortifiés, de manière à retarder la marche de l'ennemi, en lui faisant éprouver le plus de pertes possible.
La ligne d'avant-postes fortifiés passerait, en partant de la droite, par Provenchère, Huêtre, Coinces, le Chêne, Saint-Péravy, Coulimelle, Saint-Sigismond et Coulmiers. Il y aurait lieu de fortifier aussi et de mettre en état de défense le village de Bricy.
Pour l'exécution de ce projet de défense, il est nécessaire de modifier l'emplacement des troupes.
Si le 16e corps était attaqué dans sa position actuelle, il lui serait très difficile de suivre sa ligne de retraite, qui est la grande route de Châteaudun à Orléans, et dans le cas où son centre serait forcé, il ne pourrait plus se retirer que par Gémigny et Rosières, et peut-être même serait-il jeté en dehors vers Ouzouer-le-Marché. Le même danger menacerait aussi toute notre cavalerie, qui se trouve sur la gauche de Saint-Péravy, et qui pourrait être séparée du reste de l'armée.
D'un autre côté, Chevilly qui est le point le plus avancé et qui sert de pivot à la ligne de défense, doit être très-fortement occupé.
Enfin le 15e corps, dont la 1e et la 2° division sont entre Gidy et Chevilly, et la 3e division tout à fait à l'extrême gauche, devra occuper fortement les positions assignées à ses divisions.
Pour la facilité du commandement, il importe de concentrer les troupes des 15e et 16e corps comme il suit :
15e corps d'armée :
1e division entre Chevilly et Saint-Lyé;
2e division entre Gidy et Boulay, occupant les avant- postes fortifiés de la Provenchère et de Huêtre.
3e division entre Gidy et Boulay, occupant Bricy, qui devra être mis en état de défense.
16e corps d'armée :
Une division à Saint-Péravy, occupant les villages de Coinces, le Chêne, Coulimelle, Saint-Sigismond, Gémigny, Rosières et Coulmiers.
Une division aux Barres et à Bucy Saint-Liphard.
Toute la cavalerie du 15e corps qui est à la gauche, moins une brigade, quittera celle du 16e corps et ira s'établir à Saint-Lyé.
Dans le cas où l'ennemi nous obligerait à quitter la ligne d'avant-postes fortifiés, les troupes du 15e corps se replieraient en arrière des retranche- ments, de manière à défendre l'espace compris entre Boulay et Chevilly.
Le 16e corps, après avoir reporté en arrière et raltié les troupes des avant-postes, aurait à défendre tout ce qui se trouve au sud de la route de Cbâteaudun, appuyant sa droite aux Barres, et faisant pivoter sa gauche autour de ce point, en profitant de tous les bois dont le pays est couvert, pour arrêter ou tout au moins retarder la marche de l'ennemi.
Il est essentiel que la réserve d'artillerie du 15e corps puisse s'établir du côté de Clos-Aubry ou de la Haute-Épine, pour avoir sa ligne de retraite assurée, et pour contribuer à la défense des ouvrages.
Quant au parc du 16e corps, on devra le faire rétrograder, pour le placer en arrière d'Ormes.

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Lettre - 18 novembre 1870

Villeneuve-d'Ingré, 18 novembre 1870.

Monsieur le ministre,
Malgré les mauvais temps, nos travaux marchent bien. Les terrassements sont avancés, surtout ceux des batteries. Dès aujourd'hui, nous aurons deux batteries armées de canons de marine à Chevilly et à Cidy.
On poursuit le développement des tranchées-abris enfin, on met en même temps en état de défense une ligne de postes avancés, à la Provenchère, Huétre, Bricy, Coinces, Saint-Péravy, Coulimetle, Saint-Sigismond, Gémigny, Rosières et Coulmiers.
La ligne de défense principale, formée par la lisière de la forêt depuis Saint-Lyé jusqu'à Cheuvilly, et qui se continue par Gidy, Boulay, Ormes, Ingré, présente un développement considérable, qui exige des forces nombreuses pour la garder. Aussi est-il urgent de pousser activement les travaux autour d'Orléans, et d'arriver à armer le plus tôt possible les batteries projetées autour de cette ville et destinées à recevoir les canons de la marine.
Ce ne sera que lorsque tous ces travaux seront terminés et que ces batteries seront armées que l'armée de la Loire aura sa liberté d'action.
Depuis le 13, le prince Albrecht, avec une trentaine de mille hommes, dit-on, a fait un mouvement vers Chartres et jusqu'à Dreux.
Le général Fiéreck m'informe par le télégraphe, que la partie de ses troupes qui était le plus au nord, forcée de se retirer devant l'ennemi, a été obligée de battre en retraite au delà d'Evreux.
Ce mouvement divergent, joint à celui qui a été prescrit par le général Durrieu pour concentrer ses troupes autour de la forêt de Marcbenoir, a enlevé une grande partie des forces dont disposait le commandant supérieur de l'Ouest. Il continue cependant à garder la ligne de la Conie et celle du Loir jusqu'à Châteaudun.
J'ai prescrit au général Durrieu, dont la 1e division doit se porter à Ouzouer-le-Marcbé, de remonter jusqu'à la Conie avec ses divisions, son artillerie et sa cavalerie, pour défendre cette ligne dans le cas ou elle serait sérieusement menacée par l'ennemi.
Cet ofncier général prendrait alors, de ce côté, la direction des opérations.
Avec les troupes des 15e et 16e corps, nous occupons comme avant-postes Patay et Artenay, tous les deux fortement retranchés.
Une partie des francs-tireurs du lieutenant-colonel Lipowski sont derrière la Conie.
Tous les jours notre cavalerie et les francs-tireurs poussent en avant des reconnaissances, dans lesquelles nous faisons souvent des prisonniers. Hier, le lieutenant-colonel Lipowski a surpris, avec deux compagnies, à Viabon, un régiment de uhlans. Le prince Albrecht, qui était établi dans une des auberges du village, s'est sauvé en toute hâte. On a trouvé chez lui des ordres de mouvement que j'ai l'honneur de vous adresser avec leur traduction. Ce document ne laisse aucun doute sur les projets de l'ennemi sur Chartres et Bonneval.
Les 30 000 hommes qui sont du côté de Chartres ne comprennent pas toutes les troupes qui sont devant nous; il résulte des renseignements recueillis qu'il restait encore des forces considérables dans le triangle formé par Angerville, Janville et Gouillons, et que tous ces villages ont été mis successivement en état de défense.
En outre, des renseignements fournis par le sous-préfet de Montargis, et qui sont donnés comme certains, font connaître qu'un corps de 30 000 hommes serait venu avant-hier, 16 du courant, de Malesherbes, et se serait dirigé sur Pithiviers et sur Sermaise. Dans la journée d'hier, Pitbiviers aurait été occupé par des forces nombreuses. Ce renseignement est donné comme certain par le sous-préfet de Montargis.
La direction prise par ce corps ennemi prouve qu'il s'est porté dans le triangle indiqué ci-dessus. S'est-il arrêté là avec les troupes déjà réunies sur ce point, ou a-t-il appuyé vers l'Ouest, du côté de Chartres ? c'est ce que j'ignore encore.
Dans tous les cas, cette lenteur de l'ennemi à s'approcher de nous, nous permet d'exécuter nos travaux de défense et de rendre difficile toute tentative qu'il pourrait faire sur Orléans.
Agréez, etc. Signé : Général D'Aurelle.

 

Lettre - 19 novembre 1870

Tours, 19 novembre 1870. Général,

Je vous écris quelques mots au sujet de nos forces, pour que vous puissiez envisager l'ensemble des ressources mises à votre disposition.
Actuellement, le 17e corps, commandant Durrieu, comprenant une quarantaine de mille hommes, est réuni entre Meung et Châteaudun. Il est placé sous votre direction et protège votre aile gauche. Il est lui-même protégé par des troupes dispersées entre Châteaudun et Nogent-le-Rotrou, que je m'occupe de réunir sous les ordres du commandant Jaurès, de la marine (capitaine de vaisseau), lequel obéira également à vos directions stratégiques.
A votre aile droite, j'ai appelé l'armée de Crouzat à Gien. Elle compte actuellement, y compris une division du 18e corps, qui s'y trouve momentanément jointe, une cinquantaine de mille hommes. Elle vous obéira de même.
Enfin nous formons à Nevers, sous le commandement de Bourbaki, le 18e corps, qui sera prêt dans quelques jours et qui, avec la division jointe momentanément à Crouzat, comptera quarante cinq mille hommes.
Ainsi vous aurez à votre gauche une soixantaine de mille hommes, et à votre droite près de quatre- vingt mille hommes prêts à vous appuyer et obéissant à vos directions stratégiques.
Quoique vous n'accordiez, je le sais, aucune confiance à des corps aussi récemment formés, je continue à penser qu'il y a là un élément sérieux d'action à un moment donné.
L'artillerie de Crouzat est d'une soixantaine de bouches à feu, et celle de Durrieu un peu supérieure. Le corps de Bourbaki va avoir également son artillerie complète.
Je vous engage à examiner si vous n'augmenteriez pas sensiblement la force de ces corps en les échangeant graduellement avec ceux qui sont actuellement sous votre main. Ainsi peut-être pourriez-vous faire permuter le corps de Chanzy avec celui de Durrieu, que vous façonneriez à votre austère discipline, et un peu plus tard, vous remplaceriez l'ancienne division des Paillières par le corps de Crouzat. Vous auriez alors à vos ailes des forces mobiles bien constituées, douées d'initiative, et vous tiendriez au centre les forces nouvelles, que vous façonneriez peu à peu, comme vous avez fait pour les 15e et 16e corps.
Ce sont des réflexions que je vous livre, et vous verrez la suite qu'il conviendrait de leur donner.
Je vous engage également à étudier avec vos généraux la meilleure direction à donner à cette force totale de deux cent cinquante mille hommes que vous allez avoir sous la main. Nous ne pouvons demeurer éternellement à Orléans. Paris a faim et nous réclame.
Étudiez donc la marche à suivre pour arriver à nous donner la main avec Trochu, qui marcherait à votre rencontre avec cent cinquante mille hommes, en même temps qu'une diversion serait tentée dans le Nord.
De notre côté nous étudions un plan ici. Dès que nos idées seront un peu arrêtées sur cette grave affaire, prévenez-moi; nous nous réunirons à Tours ou à votre quartier général pour en disserter. Prière de m'accuser réception de la présente, et de me faire part, s'il y a lieu, de vos premières réflexions. M. de Rochefort me rapportera la réponse.

Signé : de Freycinet.

 

Lettre - 20 novembre 1870

Villeneuve-d'Ingré, 20 novembre 1870.

Monsieur le ministre,
J'ai l'honneur de vous accuser réception de la lettre qui m'a été adressée par M. de Freycinet et apportée par M. de Rochefort.
Je l'ai examinée avec toute l'attention qu'elle mérite.
Et d'abord, j'ai vu que le commandement territorial de l'Ouest, que vous voulez placer sous ma direction, était d'une difficulté trop grande à exercer pour pouvoir l'accepter, et j'ai déjà eu l'honneur de décliner cette responsabilité. Les troupes de ce commandement ne sont pas mobilisables, et ne peuvent rendre de services que sur place. Leur administration deviendrait une difficulté que ne pourrait vaincre aucun intendant.
Je demande, en conséquence, que ce commandement soit laissé entre les mains du commandant territorial de l'Ouest, sauf à le rattacher à celui de l'armée de Bretagne, si vous le jugez convenable.
Le général Crouzat m'écrit qu'il est aujourd'hui à Gien avec vingt mille hommes. Quant à la division du 18e corps, sous les ordres du général Feillet-Pilatrie, elle dépend du corps d'armée qui s'organise à Nevers et qui est destiné au général Bourbaki.
Toutes les troupes qui appartiennent au 18e corps sont en formation; elles ne peuvent pas compter pour marcher à l'ennemi comme des troupes constituées.
L'évaluation que vous faites de toutes ces forces est donc exagérée et en partie fictive.
Vous me proposez dans votre lettre de faire des échanges de corps de nouvelle formation, avec les 15e et 16e corps que j'ai sous la main.
Je pense que ce n'est pas à la veille d'entrer en ligne avec l'ennemi qu'il convient de faire de pareils mouvements.
Je suis forcé de réduire dans de notables proportions le chiffre de 250 000 hommes que vous indiquez comme devant être bientôt à ma disposition.
Je ferai tous mes efforts pour tirer le meilleur parti possible des troupes qui me seront confiées, mais il serait dangereux de se fier au mirage trompeur de chiffres groupés sur le papier, et de les prendre pour une réalité.
Pour étudier un plan à suivre pour arriver à donner la main au général Trochu, il serait nécessaire que je fusse au courant de ce qui se passe à Paris, et des intentions de cet officier général.
Quant au projet que vous élaborez de votre côté, je l'examinerai dès que vous voudrez bien me le soumettre.
Agréez, etc.
Signé : d'Aurelle.

Lettre - 20 novembre 1870

Tours, 20 novembre 1870.

Général,
La lettre que vous avez reçue de M. de Freycinet a été délibérée avec moi, et je vous prie de la considérer comme l'expression sérieuse et rigoureuse de mes vues.
Je me résume, il faut prendre trois mesures principales :
1) Il est de la plus évidente utilité d'avoir sur vos deux ailes des troupes solides et tout à fait disciplinées.
Je me plais à reconnaître que, grâce à votre vigilance et à votre énergie, vous avez transformé le moral et la conduite de vos troupes.
Il faut continuer cette salutaire éducation et l'ëtendre. Il est bien clair que vous ne pouvez accomplir ce travail avec précipitation et sans tenir compte des nécessités immédiates de l'action militaire, mais il faut y penser, et aussitôt qu'il sera possible de faire une substitution entre une portion des troupes placées à votre gauche, et une partie de celles que vous avez constituées, il faudra y pourvoir avec la même prudence.
Il faudra suivre la même règle pour votre droite. Tout est dans le choix du moment et la mesure.
2) J'ai en main le rapport du général Crouzat, expédié ce matin, qui porte ses forces à cinquante-cinq mille hommes, et qui me paraît assez satisfait; je ne peux donc m'expliquer à aucun degré la réduction que vous en faites au chiffre de 20,000 hommes.
D'ailleurs, quand je prévois les additions successives que vous pouvez recevoir d'ici à trois semaines, comme devant vous faire atteindre 250,000 hommes, soyez assuré que je ne prends pas des fictions pour des réalités.
J'ai trop le scrupule des intérêts en jeu pour me faire de telles illusions. Les renforts que je vous indique vous seront certainement livrés. Orléans doit être pour nous une nouvelle base d'opérations, comme le fut Salbris. C'est de là que nous devons partir pour opérer le grand mouvement vers Paris d'après un plan que nous arrêterons en commun.
3) A ce sujet, je vous prie de méditer de votre côté un projet d'opérations ayant Paris pour suprême objectif.
Je ne peux compter que cette préparation implique pour vous la connaissance préalable des projets du général Trochu.
Nous sommes sans nouvelles, le hasard seul nous permet d'une façon tout à fait intermittente d'en obtenir c'est une inconnue de plus dans notre problème que nous devons être résolus à vaincre comme bien d'autres. Pour cela il suffit de supposer une simple chose, c'est que Paris connaît notre Le général Crouzat crut pendant un moment qu'il avait sous ses ordres non-seulement une division détachée du 18e corps, mais encore la 1e division du 15e corps, qui devait opérer de concert avec lui. Le général des Paillières, étant le plus ancien, prit le commandement des forces qui devaient marcher sur Pithiviers. présence à Orléans, et que dès lors c'est dans l'arc de cercle dont Orléans est le point médian que les Parisiens seront fatalement amenés à agir.
Je compte que vous voudrez prendre en considération les vues générales mais sûres d'après lesquelles nous devons opérer, et veuillez agréer l'assurance de mes sentiments affectueux.
LÉON GAMBETTA.

Dépêche - 22 novembre 1870

Guerre à général d'Aurelle, au quartier général, armée de la Loire.
Saint-Jean-de-la-Ruelle, 22 novembre, 11 heures 55 du soir.

Suivant avis que vous a porté de Serres et que devait compléter un ordre spécial, le général des Pallières devra coucher à Chilleurs-aux-Bois après-demain soir, jeudi 24 courant.
Le général Crouzat, de son côté, partant demain des Bordes, devra coucher après-demain soir entre Beaune-la-Rolande et Juranville.
Transmettez-lui cet ordre vous-même.
Vous recommanderez à ces deux généraux de s'éclairer très soigneusement à grande distance, à mesure qu'ils approcheront des limites de la forêt, puisque l'ennemi poursuit son défilé dans la direction de Montargis, Beaumont, Pithiviers.
Signé : de Freycinet.

 

Lettre - 23 novembre 1870

Saint-Jean de la Ruelle, 23 novembre 1870. 2 heures du matin.

Monsieur le ministre,
J'ai reçu la dépêche télégraphique qui me donne l'ordre de faire le mouvement sur Pithiviers, avec la 1e division du 15e corps et le 20e corps, qui doivent aller coucher demain, 24, à Chilleurs-aux-Bois et Beaune-la-Rolande.
J'ai donné des ordres en conséquence au général des Paillières et au général Crouzat.
Après avoir pris mes dispositions pour assurer l'exécution des ordres que vous m'avez donnés, il me reste un autre devoir à remplir, c'est celui de vous faire connaître toute ma pensée au sujet de l'opération que vous avez prescrite, et sur les conséquences qu'elle peut avoir.
L'objectif que vous indiquez à M. le général des Pallières, à qui je vais confier cette opération, est Pithiviers, qui est un des cantonnements de la concentration que l'ennemi opère en avant de nous, entre Juranville, Sermaises et Pithiviers.
Il faut donc s'attendre à ce qu'une grande partie de ses forces, qu'on doit évaluer au chiffre de 70 à 80 000 hommes, vienne au secours des défenseurs de Pithiviers, ville assez considérable, protégée en avant par un ravin, défendue par un château qui ne supporterait certainement pas un siège, mais qui devient un obstacle très-sérieux, lorsqu'il est occupé et que les défenseurs ont la certitude d'être soutenus, au plus tard, dans les vingt-quatre heures.
Pithiviers est une de ces positions dont on ne doit s'emparer qu'en la tournant. Le général des Pallières ne pourra la tourner par la gauche, parce que c'est de ce côté que l'ennemi arrivera en force; le général Crouzat aura peut-être plus de facilité sur la droite dans tous les cas il faut s'attendre à une lutte d'autant plus sérieuse pour nous, que les terres sont détrempées et qu'il est impossible de faire mouvoir l'artillerie ailleurs que sur les chemins ferrés.
Cette lutte ne manquera pas d'attirer à Pithiviers l'armée prussienne; pour ne pas laisser écraser des Pallières et Crouzat, nous nous trouverons dans la nécessité de nous porter en avant pour les soutenir.
Arriverons-nous à temps? Cela est douteux, attendu que Pithiviers est plus rapproché des cantonnements prussiens que des nôtres.
Donc, pour être sûre de soutenir efficacement des Pallières et Crouzat, il faut que notre armée fasse un mouvement en avant, en même temps que les deux généraux marcheront sur Pithiviers.
La conséquence à tirer de ce qui précède, c'est que l'opération proposée ne sera plus restreinte à l'occupation de Pithiviers par une portion de l'armée, mais deviendrait une bataille générale à laquelle prendrait part toute l'armée, et qu'on irait livrer à une journée de marche de la position fortifiée que nous avons étudiée et armée avec beaucoup de soin.
Au lieu de rester dans nos lignes, nous irions chercher l'ennemi dans les siennes, en nous exposant à embourber notre artillerie dont nous ne pourrions faire usage, vu l'impossibilité absolue de la faire marcher en dehors des chemins ferrés. Dans de pareilles conditions et avec l'ennemi auquel nous avons affaire l'opération que vous m'avez ordonné d'entreprendre sur Pithiviers ne me paraît pas présenter assez de chances de succes pour être poursuivie; avec d'autant plus de raison que si elle venait à échouer, elle pourrait nous placer dans une situation très-grave au point de vue militaire et au point de vue moral.
La position de Pithiviers vaut-elle qu'on joue, pour s'en rendre maître, une partie aussi sérieuse? C'est une question que je ne fais qu'indiquer, et à laquelle le ministre seul peut répondre.
Telles sont les observations que m'a suggérées un examen approfondi du projet dont vous ne m'avez fait part qu'en me donnant des ordres pour son exécution.
Dans cet examen, où j'ai été guidé par une longue expérience des choses militaires, j'ai mis de côté toute espèce de considération personnelle, et n'ai été inspiré que par l'idée du bien public, et des grands intérêts du pays que nous avons à défendre, dans une circonstance aussi grave que celle où nous nous trouvons.
Je dois ajouter que le général des Pallières, qui est venu conférer avec moi au sujet de ce projet, partage tout à fait ma manière de voir, sur l'impossibilité qu'il y a de se servir de l'artillerie ailleurs que sur les chemins ferrés, sur-les difficultés de toute nature qu'il présente, et les conséquences qu'il pourrait avoir.
Recevez, etc. Signé général d'Aurelle.

 

Dépêche - 23 novembre 1870

Guerre à général d'Aurelle au quartier général de l'armée de la Loire.

Tours, 23 novembre, dix heures trois quarts du soir.
J'ai lu votre lettre apportée par capitaine d'état-major.
Des Pallières exécutera demain le mouvement prescrit, mais s'arrêtera au-dessous de Chilleurs-aux-Bois, sans sortir de la forêt.
Crouzat exécutera de même demain soir le mouvement prescrit, mais prendra position entre Bellegarde et Boiscommun, en faisant occuper Ladon et Maizières par des avant-postes.
L'un et l'autre attendront de nouveaux ordres pour aller plus loin.
Quant à vous-même, il vous appartient de prendre des dispositions pour que le départ de des Pallières ne vous découvre en quoi que ce soit.
C. de Freycinet.

 

Dépêche - 23 novembre 1870

Guerre à général d'Aurelle, quartier général de l'armée de la Loire, Saint-Jean-de-la-Ruelle.

Tours, 23 novembre, 3 heures 45 minutes.
Je me suis concerté avec M. Gambetta, relativement à votre dépêche de ce matin, neuf heures quarante-cinq, et voici la réponse que je suis chargé de vous transmettre :
Nos instructions d'hier soir répondent par avance à votre question pour des Pallières. Nous ne demandons pas en ce moment qu'il dépasse Chilleurs- aux-Bois, mais nous demandons simplement qu'il se masse entre Chilleurs et Loury sur les points qu'il jugera les plus avantageux, et qu'il y attende de nouveaux ordres.
Quant au mauvais état des chemins et à la dissémination relative des forces qu'entraîne le mouvement simultané vers Montargis, Beaumont, Pithiviers, nous ne nous les dissimulons pas, mais tout plan a ses risques, et nous devons croire qu'ici les risques ne sont pas plus grands qu'ailleurs, puisque aucun autre plan ne nous a été proposé par vous, et que cependant un plan quelconque est absolument indispensable, par suite des circonstances supérieures que vous connaissez. Votre dessein d'attaquer en toute direction, avec toutes vos forces réunies à Orléans, nous est indiqué pour la première fois, et quelle qu'en puisse être la valeur intrinsèque, vous remarquerez qu'il est bien tard pour y revenir, notre mouvement étant déjà fortement engagé.
Enfin il est permis de penser que les difficultés de locomotion, que vous faites valoir à juste raison, se feront également sentir pour l'ennemi, et ne constituent pas dès lors un élément de faiblesse spécial au plan en cours d'exécution.
Vous recommanderez à des Pallières de faire des reconnaissances à très-grandes distances. Ainsi, il rapporte qu'on a dit que Chambon est occupé; mais il devrait le savoir d'une manière positive par ses moyens propres. Recommandez-lui aussi d'entretenir avec vous de bonnes communications, et ne laissez pas découvrir autour de vous les positions qu'il avait pour mission de garder jusqu'ici.
C. de Freycinet

Dépêche - 24 novembre 1870

Le général Crouzat au général d'Aurelle.

Ainsi que vous me l'aviez prescrit, j'avais établi mon corps d'armée entre Boiscommun et Bellegarde. Une tentative que j'ai faite pour occuper Maizières avec un bataillon m'a valu une attaque des plus violentes sur la route de Ladon et de Beaune-la-Rolande. La fusillade et la canonnade, commencées vers onze heures, n'ont cessé qu'à trois heures du soir sur la route de Ladon, et à quatre heures et demie. sur la route de Beaune-la-Rolande. Nos pertes sont peu nombreuses, elles s'élèvent à une dizaine de tués et environ cinquante blessés.
Les mobiles ont très bien tenu, mais ils m'ont brûlé un nombre infini de cartouches.
D'autre part, une rencontre a eu lieu à Bois- commun entre mes lanciers et des uhlans. Sept uhlans ont été tués et plusieurs faits prisonniers parmi ces derniers sont deux officiers.
Malheureusement le lieutenant-colonel, M. de Brasserie, a été blessé et est resté aux mains de l'ennemi avec quelques-uns de ses lanciers.
Je ne sais si l'attaque se renouvellera cette nuit ou demain matin. La position est assez difficile, car l'ennemi paraît tenir beaucoup à la route de Montargis à Beaune-la-Rolande et Pithiviers par Ladon. J'ai deux divisions entre Montliard et Bellegarde,. une brigade qui barre la route de Beaune-la-Rolande, et une autre qui barre la route de Ladon.
J'attends vos ordres pour demain.
général Crouzat

Dépêche - 24 novembre 1870

Le général d'Aurelle au général Crouzat a Bellegarde.
Saint-Jean de la Ruelle, 24 novembre 1870, 10 heures du soir.

J'ai demandé des instructions au ministre. Dans la crainte de ne pouvoir vous les transmettre en temps utile, j'ai prié le ministre de vous les adresser directement.
Dans le cas où elles ne vous arriveraient pas et où vous auriez devant vous des forces trop considérables, agissez suivant les circonstances et suivant ce que vous inspirera la prudence. Si vous ne pouviez vous maintenir, cherchez à vous rapprocher du général des Pallières qui est à Chilleurs-aux-Bois.
Renseignez-vous sur les routes qui conduisent dans sa direction.

Signé général d'Aurelle.

Dépêche - 24 novembre 1870

Le général d'Aurelle au général des Paillières à Chilleurs-aux-Bois, par Chevilly
Saint-Jean de la Ruelle, 24 novembre 1870, 10 heures du soir.

Le général Crouzat avait l'ordre de s'établir aujourd'hui entre Bellegarde et Boiscommun et d'occuper Ladon et Maizières. Il n'a pu occuper ces deux derniers points, parce qu'il a trouvé une grande résistance de la part de l'ennemi. Le combat a duré de onze heures à quatre heures et demie. Ses pertes sont peu nombreuses : une soixantaine d'hommes tués ou blessés. Il a conservé ses positions, où il suppose qu'il peut être attaqué demain. J'ai prescrit au général Crouzat, dans le cas où sa position serait trop difficile, de se rapprocher de vous. Mettez-vous en communication avec lui.

Signé général d'Aurelle.

Dépêche - 24 novembre 1870

Ministre de la guerre au général d'Aurelle

Guerre à général d'Aurelle, à Saint-Jean de la Ruelle.

J'envoie à Crouzat la dépêche ci-après : Demain, 25 courant, maintenez vos positions. Retranchez-vous solidement à Montliard, Château-des-Marais, Boiscommun et Bellegarde, qui me paraissent des positions favorables. Occupez les points dominants par de l'artillerie. Vous devez commander les trois routes de Ladon, Maizières et Bellegarde. Pratiquez de grands abatis d'arbres; faites fossés et retranchements; entourez-vous de fortifications passagères; et pour tous ces travaux vous avez pleins pouvoirs pour requérir largement hommes et choses. Prenez à cet égard les mesures les plus énergiques, nous vous soutiendrons. Pendant ce temps, nous faisons avancer le 18e corps sur Montargis pour vous dégager. Nous vous envoyons de l'artillerie d'Orléans. Si, malgré tout, vous ne pouvez tenir dans vos positions sans vous compromettre, vous rétrograderez lentement vers Châteauneuf, et vous prendrez de bonnes positions derrière le canal d'Orléans.
Je suis satisfait de vos mouvements jusqu'à présent, et vous féliciterez de notre part les mobiles sous vos ordres, et vous me signalerez ceux qui mériteraient une distinction mais vous leur recommanderez sévèrement d'économiser leurs munilions.

S'adressant au général en chef :
En ce qui concerne le général des Paillières, donnez-lui vous-même l'ordre de conserver sa position sous Chilleurs-aux-Bois, en s'y massant.
Prenez toutes vos dispositions préliminaires, en vue de diriger les deux autres divisions du 15e corps dans la direction de des Paillières.
Envoyez d'urgence, par voitures requises, deux batteries d'obusiers de montagne à Crouzat.

Lettre - 25 novembre 1870

Le général d'Aurelle au ministre de la guerre

Saint-Jean de la Ruelle, 35 novembre 1870.
Monsieur le ministre,
J'ai l'honneur de vous adresser, ci-joint, copie de la dépêche du général des Paillières ainsi conçue:
Le général des Paillères au général d'Aurelle.
Loury, 24 novembre 1870.
Mon convoi tout entier est arrivé à hauteur de Saint-Lyé. Le chemin de Saint-Lyé à Loury étant plus mauvais encore, demain je serai obligé de requérir tous les chevaux du pays pour pouvoir l'amener ici. Je ne pourrai donc aller plus loin que Chilleurs. J'attendrai des ordres pour exécuter ce mouvement. L'ennemi occupe, dit-on, Chambon.
Aujourd'hui, il a attaqué Neuville-aux-Bois en force, avec pièces de canon, cavalerie et infanterie.
Il a été repoussé par les francs-tireurs de Cathelineau. Demain un rapport sera envoyé .

Il résulte de cette dépêche que le général des Paillières a rencontré dans les mauvais chemins des difficultés telles, que, s'il se portait en avant, il ne pourrait, dans sa première marche, dépasser Chilleurs. II ne pourra donc pas arrêter la marche des Prussiens, qui s'opère dans la direction de l'ouest. La concentration de l'armée prussienne faite, il est évident que nous serons attaqués dans nos positions qui avaient été bien fortinées, ainsi que vous m'en aviez donné l'ordre. Si le général des Paillières occupait ses anciennes positions de Chevilly et de Saint-Lyé, il nous serait d'un puissant appui pour la résistance, ou pour nous porter en avant, afin d'attaquer l'armée prussienne si elle ne vient pas à nous.
Dégarnir Orléans pour se porter ailleurs, c'est découvrir notre ligne d'opérations, où se trouvent concentrés les immenses approvisionnements destinés à l'armée de la Loire, et nous exposer à les livrer à l'ennemi.
Des Paillières, ne pouvant que très-lentement avancer, perdra un temps considérable. Je serais d'avis qu'il rentrât dans ses positions, et que les 15e et 16e corps réunis, soutenus par Crouzat à notre droite pour empêcher un mouvement tournant, se portassent à la rencontre de l'ennemi, ou allassent le chercher partout où on le trouvera.
Dans ce mouvement, le 17e corps me couvrirait à gauche, et ce serait peut-être le moyen d'appeler à nous la partie de l'armée prussienne qui menace Vendôme et Blois.
Remarquez, Monsieur le ministre, quelle est la dissémination de nos troupes appelées à concourir au même but, lorsque nous aurions tout avantage à nous trouver réunis.

Agréez, Monsieur le ministre, etc.
Signé général d'Aurelle.

Dépêche - 26 novembre 1870

Ministre de la guerre aux généraux Crouzat et Billot, copie au général d'Aurelle

Guerre à général Crouzat, commandant le 20e corps, à Bellegarde. Faire suivre.
Et à général Billot, commandant le 18e corps, à Montargis. Faire suivre.
EXTRÊME URGENCE. Copie pour général d'Aurelle.
Tours, 26 novembre, 11 heures 50 du soir.
Sans nouvelles de vous, je suppose que vous occupez l'un et l'autre les positions prescrites dans ma dépêche d'hier. Sur cette base, je vous envoie pour demain dimanche 27 courant les instructions suivantes :
Vous vous concerterez (Crouzat, Billot) pour agir en commun en vue d'occuper avant la nuit Beaune-la-Rolande, Maizières et Juranville. Crouzat commandera le mouvement.
Le 20e corps (Crouzat) occupera de bonnes positions dans le voisinage de Beaune, telles que Batilly et Nancray. Le 18e corps pourra occuper de bonnes positions, près Maizières, comme Juranville, Saint-Loup. On coupera la route de Beaumont à Maizières aussi loin que possible de Maizières, et on la rendra impraticable sur la plus grande longueur.
On se retranchera avec soin dans les positions qu'on occupera et on attendra de nouveaux ordres.
Envoyez deux fois par jour des dépêches au général d'Aurelle et au ministre.

 

Dépêche - 29 novembre 1870

Guerre à général Crouzat, commandant le 20e corps, et à général Billot, commandant le 18e corps, à Bellegarde. Copie pour général d'Aurelle.

Tours, 29 novembre, 11 heures 45 du soir.
Nous sommes très satisfait de votre vigoureuse pointe sur Maizières, Juranville, Beaune-la-Ro lande, qui a pleinement atteint notre but, en arrêtant les mouvements tournants de l'ennemi sur le Mans et Vendôme en rappelant ses forces sur son centre. Il importe par suite que vous vous concentriez de votre côté et que vous établissiez une relation plus étroite avec des Paillières. Vous prendrez en conséquence les positions suivantes :
Crouzat s'établira entre Chambon, Moulin de Bezault, Boiscommun, Nibelle, s'appuyant ainsi sur les magnifiques positions de la lisière de la forêt. Billot s'établira vers Bellegarde et Ladon, donnant la main à Crouzat. Le poste de Montargis conserverait sa position, et, en cas de menace sérieuse, rejoindrait le 18e corps. Vous avez par dessus tout, et comme premier soin, à vous retrancher dans vos positions. Requérez hommes et choses pour les travaux. Nous attendons vos rapports sur la journée d'hier pour donner les récompenses.
Signé : DE FREYCINET.

Dépêche - 29 novembre 1870

Le général d'Aurelle au ministre de la guerre, à Tours.

Saint-Jean de la Ruelle, 29 novembre 1870, 9 heures du soir.
Aujourd'hui Varize a été attaqué très sérieusement. A la suite de cet engagement, le général Chanzy, qui s'était porté vers Tournoisis pour observer ce qui se passait, me fait parvenir la dëpêche suivante :
Je descends de cheval, l'ennemi paraît venir en force de Châteaudun sur notre gauche. D'autres colonnes sont en avant de nous. Les francs-tireurs Lipowski ont été obligés d'abandonner Varize et Péronville, après avoir subi des pertes sérieuses. La cavalerie a été engagée ce soir entre Tournoisis et Villamblain. L'ennemi l'a poursuivie jusqu'à Tournoisis, où il a été reçu par la fusillade d'un bataillon de chasseurs à pied. Il faisait déjà nuit. Nous aurons bien certainement quelque chose de sérieux demain matin, si même il n'est rien tenté cette nuit sur nos postes. Je vais prendre des mesures, et vous écrire dans une heure ou deux. Je prends mes dispositions pour repousser une attaque. Avez-vous des renseignements à me donner sur les forces qui peuvent être venues du côté de Châteaudun?

 

 

Dépêche - 1e décembre 1870

Général Crouzat à guerre, Tours, à général d'Aurelle, à Saint-Jean de la Ruelle.

Bellegarde, 1er décembre 1870.
Ainsi que je vous l'ai télégraphié hier soir, ma division occupe Chambon et la route qui mène de Nancray à Nibelle.
Ma 3e division est campée en avant de Nibelle, se relie à gauche avec la 1ere division, et à un bataillon à Chénault. Ma 2e division, se reliant à gauche avec la 3e, occupe les routes qui mènent de Boiscommun à Nesploy et à Nibelle. Le 18e corps n'occupe pas encore Nesploy, ce qui me serait d'un grand secours.
A la suite des combats de ces six derniers jours, mes divisions sont très affaiblies en hommes, et surtout en officiers.
Le 3e régiment de zouaves de marche a eu à lui seul, à Beaune-la-Rolande, 17 officiers tués ou blessés. Je vous prie de me renforcer mes divisions. J'ai un besoin absolu de vingt mille havre-sacs dix mille paires de souliers, dix mille paires de guêtres, et du campement pour dix mille hommes.
Laissez-moi quelques jours de repos pour me refaire. Le moral de mes hommes est bon, mais ils manquent de trop de choses par le temps froid et pluvieux qu'il fait. Les trois bataillons de la Haute-Loire, 67e mobiles de marche, n'ont pour tout vêtement que des pantalons et des blouses de toile complétement hors de service; comment pourraient-ils, dans ces conditions, résister au bivouac au mois de décembre?
Signé : Général CROUZAT.

 

Dépêche - 1e décembre 1870

Général Chanzy au général en chef à Saint-Jean.

Patay, 1e décembre 1870.
Le 16e corps, qui a quitté ses positions à dix heures, a trouvé sur sa gauche l'ennemi fortement établi de Guillonville à Terminiers par Gommiers.
Le combat, engagé à midi, s'est prolongé jusqu'à six heures du soir. Malgré la résistance énergique d'une force d'au moins vingt mille hommes, cavalerie et infanterie, et de quarante à cinquante canons, la 1e division a enlevé successivement les premières positions ennemies, et ensuite celles de Nonneville, Villepion et Faverolles, sur lesquelles elle bivouaque cette nuit.
Partout nos troupes ont abordé l'ennemi avec un élan irrésistible. Les Prussiens ont été délogés des villages à la baïonnette.
Notre artillerie a été d'une audace et d'une précision que je ne puis trop louer.
Nos pertes ne paraissent pas sérieuses: celles de l'ennemi sont considérables on recueille des prisonniers, parmi lesquels plusieurs ofnciers. Les honneurs de la journée sont à l'amiral Jauréguiberry.
L'ennemi s'est retiré dans la direction de Loigny et de Château-Cambray : je le suivrai demain.
Je crois à un grand succès.

Dépêche - 1e décembre 1870

Guerre à général d'Aurelle , armée de la Loire, à Saint-Jean de la Ruelle.

Tours, 1er décembre 1870, 5 heures 30 du soir.
Paris a fait hier un sublime effort. Les lignes d'investissement ont été rompues, culbutées avec un héroïsme admirable. Le général Ducrot avance vers nous avec son armée décidée à vaincre ou à mourir. Il occupe aujourd'hui les positions de Champigny, Bry-sur-Marne, Villiers-sur-Marne, de ce coté-ci de la Marne. Il va évidemment se diriger sur la forêt de Fontainebleau en s'appuyant sur la Seine par la route de Melun.
Général, cet héroïsme nous trace notre devoir.
Volez au secours de Ducrot, sans perdre une heure, par les voies que nous avons combinées hier. Accélérez par tous les moyens ce mouvement commencé ce matin. Redoublez de vitesse et d'énergie. Faites appel au patriotisme de vos généraux. Leur grand cœur répondra au vôtre. Mais que cet élan n'enlève rien à votre sang-froid; continuez vos opérations avec la même prudence, seulement exécutez-les avec une foudroyante rapidité. Mettez-vous immédiatement en rapport avec les 17e, 18e et 20e corps, et donnez-leur vos instructions, pour que rien ne manque à cet ensemble offensif, Je crois que vous pourrez gagner un jour depuis votre départ jusqu'à la forêt de Fontainebleau. En attendant, tâchez de trouver des émissaires sûrs, pris parmi des officiers ou sous-offciers très connus, que vous enverrez en toute hâte dans la direction présumée que doit suivre Ducrot, pour l'informer de celle que vous suivrez vous-même, afin que, d'une part, sa vaillance soit soutenue par l'assurance que vous marchez vers lui, et que d'autre part il sache à coup sûr vers quel point il doit porter ses pas. Ne donnez point de dépêche à un émissaire, ou du moins ne donnez qu'une dépêche assez réduite pour qu'elle puisse être détruite par eux facilement, car il importe que l'ennemi ne connaisse pas à l'avance nos mouvements.
Signé: de Freycinet.

Dépêche - 2 décembre 1870

Le général d'Aurelle au ministre de la guerre, à Tours.

Artenay, 2 décembre 1870, 11 heures 30 du soir.

Nous nous sommes battus jusqu'à la nuit. Nous avons de ce côté conservé nos positions, mais c'est tout ce qu'a pu faire la division Peytavin, qui avait reçu l'ordre de se porter entre les routes de Paris et de Chartres, pour soutenir le mouvement que le général Chanzy devait faire sur Janville et Toury.
Je suis sans nouvelles de Chanzy. Je sais seulement que la division Mauraudy, qui devait former sa droite, n'a pas tenu, et qu'elle a rétrogradé jusqu'à Huêtre. La retraite de cette division a dû retarder le mouvement de Chanzy, et a presque compromis la division Peytavin, qui a eu affaire à deux divisions prussiennes. Elles ont cherché à déborder sa gauche pour l'isoler. L'arrivée de l'artillerie du 15e corps a arrêté ce mouvement tournant de l'ennemi, et a permis au général Peytavin de se maintenir sur ses positions.
La 3e division du 15e corps a eu environ 500 hommes hors de combat. Au dire des officiers prisonniers, les pertes de l'ennemi sont considérables. Il m'est impossible de savoir ce que je ferai demain, avant d'avoir des nouvelles de Chanzy.
Dans tous les cas, je ne crois pas pouvoir partir avant onze heures du matin. Nous avons eu devant nous une division du 11e corps et le 13e corps tout entier, qui formaient la gauche de la ligne ennemie.
Mon quartier général est à Artenay, et j'ai à ma disposition les 2e et 3e divisions du 15e corps avec toute la réserve d'artillerie.

Dépêche - 2 décembre 1870

Guerre à général en chef, à Saint-Jean de la Ruelle.
Faire suivre. A commandant du 17e corps, à Saint-Jean ; 15e corps, à Loury; 16e corps, à Patay; 18e corps, à Bellegarde; 20e corps, à Bellegarde.
De Tours, 2 décembre 1870, 4 heures du soir.

Il demeure entendu qu'à partir de ce jour, et par suite des opérations en cours, vous donnerez directement vos instructions stratégiques aux 15e, 16e, 17e, 18e et 20e corps. J'avais dirigé jusqu'à hier les 18e et 20e , et par moments le 17e. Je vous laisse ce soin désormais.
D'après l'ensemble de mes renseignements, je ne crois pas que vous trouviez à Pithiviers ni sur les autres points une résistance prolongée. Selon moi, l'ennemi cherchera uniquement à masquer son mouvement vers le nord-est, à la rencontre de Ducrot.
La colonne à laquelle vous avez eu affaire hier et peut-être aujourd'hui, n'est sans doute qu'une fraction isolée qui cherche à nous retarder. Mais, je le répète, le gros doit filer vers Corbeil.
En ce moment Châteaudun est réoccupé par nous.
Signé Gambetta

 

Rapport - 3 décembre 1870

(Aurelle_328)

Le général Martineau au général d'Aurelle.

Cercottes, 3 décembre 1870.

Mon général,
Ce matin, après avoir reçu vos ordres à Artenay, je me suis rendu en avant du village pour donner mes instructions à chacun de nos généraux de brigade.
Pendant que j'étais au milieu d'eux, j'ai reçu de bien des côtés des avis de mes éclaireurs indiquant que de fortes colonnes, composées de toutes armes, se dirigeaient d'Oison et de Saint-Lyé sur Château-Gaillard.
Effectivement, vers neuf heures, j'entendais mes éclaireurs engagés avec ceux de l'ennemi. A neuf heures et demie, le canon des Prussiens a commencé à tonner en avant de moi.
A ce moment, de nouveaux avis me prévinrent que des colonnes cherchaient à me déborder sur mes deux ailes. Dans la pensée que le général Daries pourrait être embarrassé, je me suis décidé à rester à Artenay avec la brigade Rébillard. J'ai demandé alors au colonel Chappe de se porter en arriére d'Artenay pour m'appuyer.
Cet officier supérieur m'a répondu que vous lui aviez donné l'ordre de s'établir à Croix-Briquet, pour appuyer la retraite du général Dariès, et que du reste il n'avait plus que quatre caissons de munitions.
Me voyant à ce moment vivement menacé sur ma gauche, qui était déjà bien débordée, je me suis décidé à prescrire au général Dariès de se replier. Ce mouvement, appuyé par la brigade Rebillard et cinq batteries d'artillerie, a commencé vers dix heures et demie, et s'est exécuté en très bon ordre. Les troupes ont successivement occupé toutes les positions défensives, sur lesquelles elles ont bien tenu. L'artillerie les protégeait efficacement de son feu. L'ordre a été tel, que je ne suis arrivé à Croix- Briquet qu'à midi et demi.
A ce moment, l'artillerie du colonel Chappe est entrée en action. Elle a puissamment contribué à notre défense.
Le feu de l'ennemi s'est un instant ralenti mais tout à coup, vers une heure et demie, des forces nouvelles sont arrivées à l'ennemi, qui a établi sur ma droite une batterie de dix-huit pièces. La canonnade a recommencé, très forte des deux côtés. J'ai tenu dans cette position jusqu'à trois heures et demie, alors on m'a averti que ma gauche était de nouveau débordée.
Le général Dariès a dû reprendre son mouvement de retraite. Le général Rébillard, moins menacé sur sa droite, tenait plus aisément. L'artillerie de réserve épuisait ses munitions, et s'est repliée avec le général Dariès.
Malgré cela, on se retirait en bon ordre, disputant toujours à l'ennemi chaque position. La batterie de marine nous a été assez efficace dans la défense de Croix-Briquet, mais elle nous a surtout bien appuyés pendant notre retraite de ce point sur Chevilly.
L'ennemi avançant toujours et le colonel Chappe, qui n'avait plus de munitions, se repliant au trot, et me trouvant encore menacé d'être tourné sur ma gauche par une forte colonne de cavalerie qui était dans la direction de Provenchère, j'ai vu que je ne pourrais rester à Chevilly. J'ai donc informé, vers quatre heures et demie, le général Peytavin que j'allais me diriger sur Cercottes. En même temps, j'informais la batterie de marine qu'elle serait peut-être dans la nécessité d'enclouer ses canons.
Ma marche sur Cercottes a été aussi lente que possible, et malgré la nuit, le général Rébillard, appuyé par deux batteries du commandant Venot, a lutté pied à pied. L'artillerie tirait encore à cinq heures et demie.
Je bivouaque à Cercottes, me gardant en avant.
Je ne puis encore vous envoyer l'état de mes pertes, que je demande aux chefs de corps.
Mon artillerie n'a plus de munitions mon infanterie en a consommé beaucoup. L'artillerie du colonel Chappe va à Montjoie pour se réapprovisionner. Je vous prie instamment de me faire envoyer d'urgence, cette nuit, par le chemin de fer, des munitions pour mes deux armes, sans cela je ne pourrais lutter demain.
Veuillez agréer, etc.
signé Martineau.

Dépêche - 3 décembre 1870

(Aurelle_337)

CIRCULAIRE DE TOURS

Guerre à général en chef, armée Loire, Chevilly; général Chanzy, saint-peravy ; général des Paillières, Loury; général bourbaki, Bellegarde. Faire suivre.

3 décembre 1870, 10 heures 50 du soir.
Il me semble que, dans les divers combats que vous avez soutenus, vos divers corps ont agi plutôt successivement que simultanément, d'où il suit que chacun d'eux a presque partout trouvé l'ennemi en forces supérieures. Pour y remédier dorénavant, je suis d'avis que vos corps soient le plus concentrès possible. A cet égard, il me semble que le 16e corps et le 17e corps sont un peu trop développés sur la gauche. Quant au 18e et au 20e, je les engage, dès ce matin, à moins d'ordres contraires de vous, à appuyer sur la gauche et à se rapprocher de des Paillières, en marquant un mouvement de concentration vers Orléans; mais j'ai lieu de penser d'après ma dépêche vers six heures, que mes indications ne lui sont pas parvenues à temps. Bref, en prenant la situation au point où elle est maintenant, je crois devoir appeler votre attention sur l'opportunité d'un mouvement concentrique général à effectuer demain dimanche d'aussi bonne heure que possible, la nuit devant être occupée à se débarrasser des impedimenta qui seraient mis en arrière, la partie non indispensable pouvant même être envoyée sur la rive gauche.
Un tel mouvement de concentration opéré, vous permettrait d'utiliser vos belles batteries de marine et d'opposer la simultanéité de vos forces aux attaques de l'ennemi, dont le nombre n'est peut-être pas aussi grand qu'on pourrait le conclure d'après les faits de ces deux jours.
J'insiste sur cette concentration, parce que le mouvement en avant de l'armée ne me paraissant pas pouvoir être repris tout de suite, il n'y a plus le même intérêt à conserver les 18e et 20e et partie du 15e en avant sur votre droite, dans la route à suivre, ainsi que cela convenait au début de l'opération.
J'envoie copie de la présente à vos généraux commandant en chef, qui à moins d'instructions différentes de votre part, auraient à se conformer aux dispositions sus indiquées.
Pour le ministre de la guerre,
De Freycinet.

 

Dépêche - 4 décembre 1870

(Aurelle_334)

Le général d'Aurelle au ministre de la guerre, Tours.

Saran, 4 décembre 1870, 4 heures du matin.
Dans les journées du 1e et du 2 décembre, les 16e et 17e corps ont été très éprouvés et ont fait des pertes considérables.
Hier 3 décembre, de neuf heures du matin à cinq heures et demie du soir, le 15e corps a lutté contre des forces supérieures en nombre et en artillerie, devant lesquelles il n'a pu conserver ses positions. La 1e division s'est retirée sur Loury la 2e d'Artenay sur Chevilly d'abord, et plus tard sur Cercottes enfin la 3e a dû se replier de Huêtre sur Gidy. La lutte a été acharnée aussi les pertes sont très nombreuses, et comme elle s'est terminée à la nuit close et au milieu des bois, il en est résulté un assez grand désordre.
Dans cette situation et après une lutte de trois jours, où tous les corps ont été plus ou moins éprouvés et désorganisés, il n'y a plus lieu de faire de plan de campagne. Je dois même vous déclarer que je considère la défense d'Orléans comme impossible. Quelque pénible que soit une pareille déclaration, c'est un devoir pour moi de la porter à votre connaissance, parce qu'elle peut épargner un grand désastre.
Si nous avions du temps devant nous pour nous réorganiser et nous remettre, on pourrait essayer; mais l'ennemi sera demain sur nous, et, je vous le répète avec douleur, mais avec une profonde conviction, nos troupes, éprouvées et démoralisées par ces deux dernières journées, ne tiendront pas.
Il ne nous reste qu'un parti à prendre, c'est de battre en retraite, et voici comme je la comprendrais.
Les 16e et 17e corps se retireraient sur Beaugency et Blois, le 18e et le 20e corps sur Gien, enfin le 15e corps passerait la Loire à Orléans pour aller en Sologne. De cette manière, les routes ne seraient pas encombrées et on aurait plus de facilités pour vivre.

Dépêche - 4 décembre 1870

(Aurelle_339)

Guerre à général en chef armée de la Loire, à Cercottes.

Tours, 4 décembre 1870, 5 heures du matin.
Votre dépêche de cette nuit me cause une douloureuse stupéfaction. Je n'aperçois, dans les faits qu'elle résume, rien qui soit de nature à motiver la résolution désespérée par laquelle vous terminez.
Jusqu'ici vous avez été mal engagé et vous vous êtes fait battre en détail mais vous avez encore 200,000 mille hommes en état de combattre si leurs chefs savent par leur exemple et par la fermeté de leur attitude grandir leur courage et leur patriotisme.
L'évacuation dont vous parlez serait par elle-même et en dehors de ses conséquences militaires un immense désastre. Ce n'est pas au moment où l'héroïque Ducrot cherche à venir vers nous que nous devons nous retirer de lui. L'heure d'une telle extrémité ne me paraît pas avoir encore sonné. Je ne vois rien à changer quant à présent aux instructions que e je vous ai envoyées hier au soir, et qu'à l'heure où, j'écris nos généraux se préparent à exécuter. Opérez comme je vous l'ai mandé un mouvement général de concentration.
Rappelez à vous le 18e et le 20e corps, dont on me paraît ne s'être pas assez occupé. Resserrez les 15e, 16e et 17e corps. Utilisez vos lignes de feu dont vous-même naguère me vantiez la puissance, et opposez dans ces lignes une résistance indomptable. Envoyez d'avance vos impedimenta sur la rive gauche et allégez vos mouvements. N'oubliez pas de faire garder et surveiller par de fortes escouades tous vos ponts sur la Loire, pour empêcher la malveillance et la trahison de les détruire.
Enfin ne pensez qu'à organiser la lutte et à la généraliser. Je reçois à l'instant une dépêche de Bourbaki qui m'informe qu'il se met en devoir de réaliser le mouvement de concentration sur Orléans que j'ai prescrit.

Pour le ministre de la guerre,
De Freycinet.

Dépêche - 4 décembre 1870

(Aurelle_343)

Général en chef au ministre de la guerre, Tours.

Saran, 4 décembre, 8 heures du matin

Je suis sur les lieux et mieux en état que vous de juger de la situation. C'est avec une douleur non moins grande que la vôtre que je me suis déterminé à prendre cette résolution extrême.
L'ennemi a franchi tous les obstacles jusqu'à Cercottes il est en outre maître de tous les débouchés de la forêt: la position d'Orléans n'est donc plus ce qu'elle était autrefois. Aujourd'hui qu'elle est entourée et qu'elle a perdu l'appui de la forêt, elle n'est plus défendable avec des troupes éprouvées par trois jours de fatigues et de combats, et démoralisées par les pertes considérables qu'elles ont faites.
D'un autre côté, les forces dé l'ennemi dépassent toutes mes prévisions et les appréciations que vous m'avez données. Le temps presse et ne me permet plus de faire la concentration dont vous parlez. La résistance ne peut s'organiser d'une manière efficace. Malgré tous les efforts que l'on pourrait tenter encore, Orléans tombera fatalement ce soir ou demain entre les mains de l'ennemi. Ce sera un grand malheur mais le seul moyen d'éviter une catastrophe plus grande encore, c'est d'avoir le courage de savoir faire un sacrifice lorsqu'il eu est encore temps. L'armée de la Loire peut rendre de grands services à la défense nationale, mais à la condition de la concentrer sur des points où elle ait le temps de se réorganiser. Chercher à la concentrer à Orléans, c'est l'exposer à être détruite sans résultats. Je crois donc devoir maintenir les ordres qui ont été donnés.
Quant aux ordres qui ont été donnés par vous à Bourbaki, il ne m'appartient pas de les changer. Je vous laisse le soin de les confirmer ou de les retirer. Je dois seulement vous faire observer que ce mouvement vers Orléans, devantl'ennemi maître de la forêt, peut être d'autant plus dangereux que le gêneral Bourbaki ne peut passer la Loire qu'à Orléans et à Gien. Le pont de Châteauneuf n'est pas encore terminé.
Signé D'Aurelle.

Dépêche - 4 décembre 1870

(Aurelle_344)

Général en chef d'Aurelle à guerre, Tours.

Orléans, 4 décembre, 11 heures 55 du matin.

Je change mes dispositions dirige sur Orléans 16e et 17e corps appelle 18e et 20e, organise résistance, suis à Orléans à la place.

Dépêche - 4 décembre 1870

(Aurelle_345)

Guerre à général en chef d'Aurelle, à Saran.

Saran de Tours, 4 décembre 1870, 11 heures 15 du matin.

Le gouvernement de la défense nationale me charge de vous transmettre la dépêche suivante :
L'opinion du gouvernement consulté était de vous voir tenir ferme à Orléans, vous servir des travaux de défense, et ne pas s'éloigner de Paris. Mais puisque vous affirmez que la retraite est nécessaire, que vous êtes mieux à même, sur les lieux, déjuger la situation, que vos troupes ne tiendraient pas, le gouvernement vous laisse le soin d'exécuter les mouvements de retraite sur la nécessité desquels vous insistez et que vous présentez comme de nature à éviter à la défense un plus grand désastre que celui-là même de l'évacuation d'Orléans.
En conséquence, je retire mes ordres de concentration active et forcée à Orléans et dans le périmètre de nos feux de défense, et donnez des ordres à tous vos généraux placés sous votre commandement en chef.

Signé : Léon Gambetta, AD. Crémieux, Glais-Bizoin, Fourichon.

Dépêche - 4 décembre 1870

(Aurelle_345)

Guerre à général en chef d'Aurelle, à la Place, à Orléans.

Tours, 4 décembre, 1 heure 35 du soir.

Le gouvernement a appris avec une profonde satisfaction que vous organisiez la résistance à Orléans, et que vous étiez entré dans la voie tracée par nos précédentes dépêches.
En ce qui me concerne personnellement, j'ai la foi entière que vous pouvez résister efficacement derrière vos batteries de marine. Un moment de panique parmi vos troupes a produit tout le mal, mais la vérité est que vous pouvez concentrer en quarante-huit heures plus de 200,000 hommes dans votre main, sans compter 60,000 hommes, que je réunis à Marchenoir et Beaugency,pour appuyer votre gauche et empêcher qu'elle ne soit tournée. Je ferai avancer cette nouvelle armée vers vous dès que vous le jugerez utile.
Quant à votre droite, il me paraît certain qu'elle sera couverte par la seule approche des 18e et 20e ecorps, auxquels j'avais déjà donné ordre de se rabattre vers vous.
M. Gambetta part dans une demi-heure pour Orléans.

Dépêche - 4 décembre 1870

(Aurelle_348)

Général en chef au ministre de la guerre, Tours.

Orléans, 4 décembre, 5 heures du soir.

J'avais espéré jusqu'au dernier moment pouvoir me dispenser d'évacuer la ville d'Orléans. Tous mes efforts ont été impuissants. Cette nuit la ville sera évacuée.

Dépêche - 6 décembre 1870

(Aurelle_354)

Guerre à général en chef d'Aurelle, à Salbris.

Tours, 6 décembre 1870.

Le commandement en chef de l'armée de la Loire est supprimé. Le 16e et le 17e corps, formant la deuxième armée de la Loire, passent sous les ordres du général Chanzy.
Les 15e, 18e et 20e corps formeront, sous les ordres du général Bourbaki, la première armée de la Loire.
Remettez immédiatement le commandement au général des Pallières. Vous êtes nommé au commandement des lignes stratégiques de Cherbourg, et vous vous rendrez sur-le-champ à votre destination.

 

Dépêche - 6 décembre 1870

(Aurelle_354)

Général d'Aurelle au ministre de la guerre à Tours.

Salbris, 6 décembre 1870.

Je viens de recevoir votre dépêche télégraphique qui m'annonce que le commandement en chef de l'armée de la Loire est supprimé, et ma nomination au commandement du camp stratégique de Cherbourg.
Je viens, d'après vos ordres, de remettre mon commandement au général des Pallières. Celui des lignes stratégiques de Cherbourg n'est pas en rapport avec le commandement de général en chef que j'ai exercé. Je dois à ma dignité de ne pas amoindrir la position que j'ai occupée, et je vous demande à ne pas aller prendre possession de ce commandement et à me retirer dans mes foyers.
Ma santé, d'ailleurs, est altérée et réclame des soins que je ne puis recevoir que chez moi.
J'attends votre réponse à Salbris.

Dépêche - 7 décembre 1870

(Aurelle_356)

Le général d'Aurelle au ministre de la guerre à Tours.

Salbris, 7 décembre, 4 heures du matin.

Il m'est difficile de donner des conseils au général des Paillères, sans blesser l'amour-propre de cet officier général, sans lui enlever une partie de son autorité morale et le prestige nécessaire à tout commandant de corps d'armée. Je le crois d'ailleurs très capable de se tirer seul d'affaire.
Il m'est impossible de donner des ordres au général Crouzat, qui sait que je n'ai plus aucune autorité pour le faire.
Des ordres ainsi donnés seraient nuisibles aux intérêts du service. Une responsabilité partagée devient nulle; il faut en tout l'unité de commandement. Ma présence ici ne peut plus être utile; je n'ai plus d'autorité ni de commandement à exercer. Je vous demande donc à partir au plus tôt.